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« Par poésie j’entends tout ce qui nous éclaire et nous élève un peu vers la lumière, comme les arts, la culture, la sculpture, la peinture, la musique, la grâce et la beauté », a expliqué Taher Ben Jelloun lors d’une rencontre littéraire autour de son dernier livre “Mes contes de Perrault” (Seuil 2014).
L’auteur de « La Nuit sacrée » a révélé, lors de cet échange littéraire animé par Catherine Enjolet, elle-même écrivaine, romancière et essayiste, que son intérêt pour les contes de Charles Perrault (1628/1703) procède du souci de les réécrire en les installant dans un contexte oriental dans le style des « Mille et une nuits ». « Venant moi-même d’une culture de contes, je les ai un peu islamisés, orientalisés, en les habillant en burnous, ou en les imprégnant de musique andalouse », dira-t-il au sujet des dix contes repris dans ce livre de 300 pages, format moyen.
Donnant lecture de quelques passages de ces contes réécrits, l’auteur a pris de court l’assistance par la force des propos et la description précise des paysages et la maîtrise de l’intrigue, tant et si bien que beaucoup de personnages de Charles Perrault sont mis au goût du jour, dans un style enchanté, avec des références réelles aux soubresauts qui tiraillent le monde. « On a beau écrire sur le fanatisme et l’intégrisme qui font rage au Moyen-Orient et ailleurs, mais au bout du compte on se sent un peu fatigué, tellement on a l’impression que ça ne change pas vraiment les choses », poursuivra-t-il encore, relevant que « l’important c’est de ne pas céder, ne pas se taire, mais continuer à écrire, à faire barrage à l’horreur et à la barbarie grâce à la littérature ». Soutenant que « si on ne combat l’ignominie et l’injustice, c’est qu’on est en quelque sorte complice », il a souligné son penchant d’écrivain-citoyen à s’exprimer ouvertement sur les questions de l’immédiat et à aller à la rencontre des gens, notamment des élèves dans les écoles.
« Il est important de donner aux autres cette envie de lire et, loin de céder à la déprime, je veux que les enfants de mon pays prennent un livre et rêvent avec », reprendra-t-il, précisant que c’est justement dans cette perspective qu’il a opté pour la réécriture des « Contes de Perrault» : « Donner à mes lecteurs des choses beaucoup plus légères, leur donner envie à la lecture ».
L’auteur de “L’Enfant de sable” a rendu hommage à cette dame illettrée qui lui a donné, tout petit, le goût du récit et du romanesque après s’être installée chez eux, à Fès, ainsi qu’à la mémoire de sa mère qui, atteinte d’Alzheimer, lui a inspiré son roman “Sur Ma mère”, un livre fait avec douleur et beaucoup de sincérité. “Je suis né à Fès, une ville de spiritualité. Tout ce que je crains c’est qu’au Maroc nous perdions cette spiritualité ouverte et riche de ses différences”, a-t-il souligné, arguant que “la nature a créé des différences, l’Homme en a fait des inégalités”.