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"L'idée de faire un film se déclenche en moi suite à une réalité qui me choque. Suite à quoi, je cherche un texte qui correspond au sujet lancinant. Du pur réalisme", indique-t-il dans une interview accordée à la MAP. Aux yeux de Nabil Ayouch, "le cinéma ne peut être que revendicatif", d'où le fait que ses films prennent naissance au contact des phénomènes dans la société et non dans le texte.
Pour le réalisateur de "Ali Zaoua" dans lequel les personnages interprètent leur propre rôle, le réalisme dans le cinéma exige de faire appel parfois à des "acteurs" qui jouent leur propre rôle dans la vie. Comme c'est encore le cas dans son dernier film "Les Chevaux de Dieu" tiré du roman "Les Etoiles de Sidi Moumen" du romancier et plasticien Mahi Binebine.
Selon lui, il n'est pas du tout évident de réaliser un film à partir d'un texte car, explique-t-il, la littérature est un art majeur alors que le cinéma reste malgré tout un art mineur. D'où la difficile mission de porter un roman au grand écran.
Mais il n'en reste pas moins que le réalisateur concède que le cinéma lui a permis de s'affirmer et de retrouver enfin son pays tant aimé, le Maroc en s'engageant dès l'année 1995 dans l'improbable aventure de l'industrie cinématographique. Nabil Ayouch qui n'est autre que le fils du publicitaire et associatif, Nourredine Ayouch, et dont la mère de confession juive porte la nationalité française, ne cache cependant pas, son agacement d'une certaine presse et des critiques qui donnent trop d'importance aux apparences et à des aspects de sa vie privée liés à sa double appartenance franco-marocaine, négligeant dans leurs écrits de porter un regard objectif sur son œuvre.
"Mon travail, c'est de faire des films alors que celui des critiques et des journalistes est d'assumer la responsabilité de leurs écrits", lance-t-il avec amertume.
Cela dit, Nabil Ayouch a eu l'occasion de dire tout ce qu'il avait sur le cœur lors d'une conférence organisée en octobre dernier à Tanger par l'Association marocaine des critiques de cinéma. Une manière pour lui de corriger certains préjugés sur lui et surtout de lier le dialogue avec ses "ennemis" d'hier.
Il convient de noter que la question identitaire préoccupe au plus haut niveau notre interlocuteur comme cela est évident dans son film documentaire "My Land" dans lequel Ayouch donne à la fois la parole aux vieux refugiés palestiniens et à des jeunes Israéliens.
Quant à son avis sur le cinéma marocain et les perspectives de son essor, il tient d'abord à faire remarquer qu'il est important de ne pas céder à la tentation de l'autoglorification et aussi de ne pas juger la vitalité du cinéma marocain sur le simple fait de la quantité des films réalisés.
"Nous n'avons pas besoin de produire 25 films par an pour dire que le cinéma marocain va bien alors que l'important, c'est de miser sur les nouveaux talents", note-t-il, tout en soulignant que le cinéma national a évolué d'une manière très rapide.
"Nous avons, certes, des établissements de formation dans les métiers du cinéma et un système de soutien à la production assez conséquent mais, ce qu'il faut maintenant, c'est de faire le point en dressant le constat des 20 dernières années", pense-t-il, tout en évoquant aussi les questions liées à la distribution des films et la participation dans les festivals internationaux.
D'où son appel pour une réflexion collective sur les meilleures pistes pour tirer vers le haut la qualité de la production nationale et permettre aux films marocains de mieux rivaliser avec les productions internationales tout en soulignant la nécessité d'interagir avec le public et d'encourager les nouveaux talents. Car, conclut-t-il, "le cinéma est, après tout, une aventure collective et la priorité, toute la priorité, devrait être pour les jeunes talents".