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Il suffit d’y assister une fois pour le savoir. Que ce soit dans l’espace Black, Gold ou encore gratuit, les visages se ressemblent tous. Un sourire sous forme de banane et des cris formant à eux seuls un opéra fabuleux. Une ambiance ne laissant tout simplement personne indifférent. Et comme chaque année, les shows sont à la hauteur des attentes. Malgré la violence des critiques et la vivacité des débats, la réalité est devenue palpable : seule une force inattendue pourrait arrêter le festival.
Et il faut croire que cette 14e édition n’a pas fait exception. Débutant par la présentation de l’artiste américaine Jennifer Lopez, pendant toute la semaine, on ne faisait que parler de ce show. Trop osé ou encore trop dénudé, « le scandale Mawazine » n’a pas chômé cette année. Un gouvernement bien évidemment sidéré et médusé, pourtant une population qui semble avoir été comblée et transportée. Mais comme chaque année, ou plutôt ces trois dernières années, nous avons eu droit à des commentaires pour le moins politisés. L’avant-dernière en date : Jessie J, apparemment pas assez couverte. La dernière Jennifer Lopez, trop provocante pour être diffusée sur une chaîne nationale. L’année prochaine, on aura sûrement des réflexions parce que les artistes ne sont pas voilées. Mais quand on se paye un ticket pouvant dépasser les 1000 DH, c’est sûr que le choix est assumé et que le spectacle est voulu.
Shows et spectacles à part, le Festival Mawazine reflète aussi une certaine réalité sociale. Marquant et creusant les inégalités entre des espaces plus privilégiés que d’autres. Au-devant de la scène se trouvent les VIP et les personnalités importantes. Un peu plus loin, en gold, les « moins fortunés » et puis tout au fond, on retrouve « le reste » des spectateurs. Mais comme chaque année, cette partie représente à elle seule la moitié des gens présents au festival et contribue largement au chiffre-record qu’il enregistre. Toujours dans cette partie du public, ce sont des Marocains épanouis, excités et surtout réjouis qui se présentent chaque année et font la magie du rendez-vous. Peut-être qu’à l’avenir l’expérience devrait être menée en laissant profiter l’ensemble de la population marocaine de tous les privilèges et les services qu’offre la carte Black. Au final, ce serait rendre la pareille à ceux qui font de Mawazine ce qu’il est aujourd’hui.
Mais loin du futur et des critiques qui vont tomber, l’ensemble de la population marocaine, toutes classes sociales confondues, se réjouit du moment présent et profite pleinement du spectacle qui lui est offert. Mawazine, c’est aussi l’occasion pour certains de voir leur rêve devenir réalité. L’occasion de voir l’artiste tant admiré se produire sur scène, dans son propre pays. Pendant que certains critiquent le festival et ces artistes, d’autres se réjouissent et en font une fierté internationale.
Dans un monde où la mondialisation est sans partage, l’expansion culturelle qu’offre ce festival est devenue incontournable. A l’étranger, il est quasiment impossible de confondre Morocco et Monaco. Comme il est devenu tout à fait normal d’entendre parler d’artistes marocains dans tous les continents. Et de vivre en première ligne la naissance de certains dans l’industrie de la musique. A croire que le pari de l’Association Maroc Cultures est gagné. Préserver les patrimoines culturels tout en s’ouvrant le plus largement possible à toutes les expressions artistiques, est, aujourd’hui, l’emblème de cette rencontre annuelle. La seule moralité du festival, serait au final, de ne pas mélanger politique religieuse et liberté artistique.