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Ledit roman qui a été en rupture de stock et a dû être réimprimé reprend l'histoire de l'assassinat commis par le personnage polémique de «L'Etranger» d'Albert Camus, en livrant une nouvelle version du meurtre, racontée d'un point de vue algérien par le frère de «l'Arabe» assassiné. Mais, selon l’écrivain, son livre n'est pas le roman d'un Algérien sur Camus. «Je ne suis pas camusien. Je ne voulais pas rester dans le périmètre camusien. Je suis Kamel Daoud, je suis un Algérien, je parle du présent», a-t-il souligné dans une déclaration à l’AFP. Lors de la réception du prix, le romancier de 44 ans, visé par une fatwa islamiste en Algérie, a expliqué qu’il n’est pas non plus «l’homme d’un seul livre» contrairement à ce qu’on croit. «Parce que je pense que cela mène à deux maladies: soit la vanité, soit une guerre de religion», a-t-il souligné. Et d’ajouter : «J'ai, à vrai dire, rêvé d'une suite à «L'Etranger» pour parler de ma condition par le biais d'un personnage. Pas pour régler un compte».
Régis Debray, membre du jury qui se composait, entre autres, du Marocain Taher Ben Jelloun, a accueilli Kamal Daoud avec un hommage émouvant et avec un petit clin d'œil au fait que Daoud n'ait pas décroché la plus prestigieuse des récompenses littéraires, en novembre dernier: «J'aurais voulu que cela arrive plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais !», a-t-il lancé. «Meursault contre-enquête» a, en effet, été finaliste en 2014 du Goncourt, mais était sorti bredouille de la course à cette prestigieuse distinction malgré son statut de favori. La récompense était finalement revenue à Lydie Salvayre, pour «Pas pleurer», un roman sur la guerre d’Espagne.
«Vous vous exposez à la corne acérée du taureau, le taureau au front bas, pieux, bête et méchant et vous êtes sur sa liste noire. C’est tout à votre honneur et c'est à l'honneur de la littérature », a déclaré Régis Debray, en faisant référence à ladite fatwa islamiste. «Je crois que vous n'êtes pas un homme de bonne composition, je crois que vous êtes plutôt un type de mauvaise humeur, un bon spécimen de ce que Camus aurait appelé l'homme révolté», a-t-il ajouté. «Vous avez rapatrié «L'Etranger» dans votre culture, vous avez fait de Camus un indigène à part entière (...). Votre contre-enquête algérienne, nous allons la rapatrier à notre tour dans le trésor de la littérature», a-t-il précisé. Il est à noter que «Meursault contre-enquête» avait auparavant remporté de nombreuses récompenses, dont le Prix François Mauriac de l'Académie Française et celui des Cinq continents, décerné par l'Organisation internationale de la francophonie, ainsi que le Prix «Escale littéraire» d'Alger, décerné par des écrivains et journalistes algériens et français.
Pour ce qui est du Goncourt de la nouvelle de cette année, il a été décerné à Patrice Franceschi pour son recueil «Première personne du singulier» (Points), alors que celui de la poésie qui est désormais associé au nom d'un grand poète et ancien juré de l'Académie, Robert Sabatier, est revenu au Belge William Cliff pour l’ensemble de son œuvre.
Les œuvres récompensées devraient donc connaître un pic de ventes, puisque le Goncourt est la consécration suprême pour un auteur mais aussi un jackpot, avec en moyenne 400.000 ventes à la clé pour les œuvres primées et des traductions en hausse. Ainsi le Goncourt 2013 «Au revoir là-haut» de Pierre Lemaître, tiré initialement à 30.000 exemplaires, s’est écoulé à plus de 700.000 et a été traduit en 30 langues.