​Humeurs déprimées, chocs thérapeutiques et avortements


Par le Dr Idrissi Moulay Ahmed *
Samedi 14 Février 2015

​Humeurs déprimées, chocs thérapeutiques et avortements
Que représente le fait de cureter un gynéco, un seul, et de le luxer de sa matrice? L’évincer de son service et de ses pénates? Ce, quand on est capable de mater et de formater tout un secteur de la santé. Aux fins de galvaniser ledit secteur privé, le ministre PPS a libéralisé aux non-médecins la création de cliniques médicales. C’est un nouveau secteur, une avancée et une évolution…  C’est aussi une sanction contre les dérapages de certaines cliniques, qui affecte la moitié du système de soins. 
Les médecins privés, qui ont été élevés, façonnés, et formés pour ce faire ont dépassé leur bonne réputation.  Mais il faut bien ouvrir les vannes de la mondialisation si on veut respecter nos amis étrangers. Le Maroc n’est pas un marché fermé, obsolète, ni une réserve de chasse, réservés à une seule classe, à un seul pays du Nord, une seule puissance.  
Pas de privilèges aux médecins. Si aujourd’hui, ce sont les médecins qui casquent, demain ce sera le tour des avocats, des pharmaciens, des architectes, qui connaîtront de pareilles évolutions et ouvertures au grand capital local et étranger.

Béances du col 
et des frontières

Pas de protectionnisme si on veut servir le peuple. Ce sont les ministres courageux qui créent les événements et qui font progresser leurs nations, quitte à défier les leurs et leur sclérose. Le ministre, courageux et fort, nettoie les Ecuries d’Augias, en commençant par son propre secteur et sans être intimidé par ses confrères. Malgré les efforts et les réussites nombreuses et avérées, devant la déliquescence des hospices de la santé, il n’y a de place pour aucune tendresse, compromission ou népotisme. Pas de pitié pour les crâneurs, fussent-ils des collègues ou des leaders.
Montrer nos défections aux étrangers, dans leurs chaînes et satellites est pire que les caricatures de Charlie. C’est une délation qu’il faut griller dans sa cage. Nous sommes mieux que ça. Le Ramed, l’AMO, les médicaments, 1500 spécialités, moins chères. Demain, si le ministre PPS se rappelle et nous écoute, d’autres médicaments seront détaxés, sans taxes de douane ni de TVA. Parallèlement, de grands capitaux viendront ouvrir des espaces, aussi vastes que ces cliniques, pour servir les Marocains. Même dans les zones éloignées et désertiques, au lieu d’asservir les usagers à ces fascistes libéraux, communautaristes et excessifs à la fois. A leurs tarifs et passe-droits.

Le patronat libéral, 
un placebo

Le principal est que des professionnels soient compétents, libres de s’exécuter et d’exercer leur profession comme leur métier humanitaire, sans contraintes techniques, mais asservis aux capitaux. Ce, afin qu’ils ne soient pas, juges et parties, investisseurs et médecins à la fois. Juges, avocats et procureurs, comme ils se targuent de l’être ou comme on les a vus ainsi le faire. Un jour viendra où l’on vendra les CHU, dégriffés, aux capitaux privés, au lieu de les laisser se fatiguer à en construire. Le cas des polycliniques CNSS est éloquent dans cette affaire. Des investisseurs salvateurs viendront faire la reprise des hôpitaux Averroès et Avicenne. Ce sera le lot des ressortissants des pays amis et de puissants investisseurs indigènes. Des banques et des assurances, qui les restaureront au mieux, pour leur donner plus de compétences, plus de modernité et de moyens encore, afin de servir les attentes naturelles des clients. 

Conflit et légendes 
hellènes

Un médecin, s’il ouvre les ventres et les matrices, à bon escient, ne doit pas ouvrir les hôpitaux de la santé à ces médias qui ne nous aiment pas, aussi étrangers et auto-permissifs soient-ils.  La boîte de Pandore doit rester scellée et le Maroc n’est pas près de montrer ses défections ni ses retards, ni de libéraliser les avortements, même s’il libéralise la santé au tout venant, qu’il soit bien racé ou local. Nous ne voulons plus assumer ces honteux retards ni crier sur les toits des paraboles, ou vice-versa, qu’on fait de façon routinière des curetages abortifs, des avortements provoqués.
 Nous avons le droit de cacher nos hontes et nos imperfections. Et nous professons que nous pratiquons, n’est-ce pas, des curetages, légaux et médicaux, pour sauver les mères, selon des indications religieusement acceptées et tout à fait légales. Néanmoins, ce forcing inter-professoral est fameux. Il est une première, un combat inégal, entre les Titans et les gladiateurs. Il représente un dommage pour la confraternité, me semble-t-il, et un dommage collatéral pour les futurs médecins. Ils n’auront plus de tentes pour se protéger ni de sanctuaires pour se réfugier. Le serment d’Hippocrate, ni la collégialité ne vous protègent des ministres en colère. On a même vu un ministre, dégommé, pour une simple pluie dans un stade, qui a trop bu.
 
Réanimer ou anesthésier ?
Le Premier réanimateur du Royaume se permet de réaliser un punch, une estocade, qui rend la ruade aussi dure qu’un KO, hors combat. Ce n’est pas du cynisme, car il est vrai et notoire que le professeur  du Rif est bien plus célèbre que l’obstétricien et l’avocate réunis.
 Elle, la douce Fassie, qui malgré sa féminité, a su mater la marche des 3.000 blouses blanches, qui étaient venues la haranguer et la harceler, près de son propre ministère. Nous serons heureux d’apprendre, que le ministre-doyen et professeur notoire, qui est vigoureux et dynamique, respectera l’autorisation de son homologue PJD de la Communication, que détiendrait le gynécologue évincé de façon surprenante et cavalière. Mais, il est du droit du ministre d’être Ulysse sur son navire et de ne pas céder à la tchatche des sirènes, fussent-elles des marins de son équipage. A tort ou à raison, il est le maître responsable de son portefeuille et le commandant, nous le croyons, de son bateau.

Vers la liberté 
d’évoluer… Ainsi soit-il

 Même pas unis pour décrier la fonte, la vente, du deuxième secteur, les syndicats ne sont ni unis ni suffisamment puissants pour défendre l’un des leurs et détendre cette atmosphère alourdie par les ténesmes du Ciel. Un climat délétère assombrit le milieu des confrères. Les épreintes du maître de céans  noient l’obstétricien dans ses eaux territoriales et fœtales. C’est la rupture des membranes et des frontières. Le conflit académique et éthique et près rupture des … qui plus est, le ministre Louardi est compétent et tenace. Et, s’il apparaît comme trop orgueilleux et fier, c’est inhérent à son prestigieux ADN. Il est bien aimé et bien armé, dans une majorité qui frime de par sa grandeur numérique et sa taille, sa toute puissance, démocratique et électorale. Or, Chraïbi est un bon gars qui ne veut que du bien pour son pays et les siens. Une évolution sincère, par-delà les problèmes sociaux qui structurent nos aléas libidineux et culturels. Ce sont nos femmes, seules, qui récoltent les fruits amers de nos problèmes sexuels.
 Dès lors, sans cynisme, un peu d’honnêteté nous impose d’enlever nos masques. Nous nous devons de ne pas faillir devant la terreur ni d’imposer la peur. Que cessent ces craintes qui nous infantilisent et ces nuages qui assombrissent nos horizons. Les textes de loi doivent évoluer pour assainir nos us et coutumes, afin d’écarter les dangers mortels et les pratiques illégitimes, qui nous oblitèrent et obstruent notre appel à de réelles ouvertures libérales et plus de démocratie sociale. Amen! 

* Président de l’Association des amis des myasthéniques 
au Maroc


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