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Driss Tahi, poète, romancier. Il a à son actif deux romans : Du Haut du balcon, Fracas de vagues au large d’El Jadida. Auteur de plusieurs recueils de poésie dont notamment "Les ruelles de l'enfance "
Des participations à divers recueils collectifs dont "100 poètes pour le grand Maghreb " et "Recueil de poésie internationale de cabra en Andalousie".
Libé : Quel a été votre premier texte, nouvelle ou roman, que vous avez publié, soumis aux lecteurs ?
Driss Tahi : J'aimerais d'abord rappeler qu'entre écrire et se faire publier il y a tout un monde, des tracas interminables que la plupart des auteurs connaissent, et dont certains qualifient communément de parcours du combattant.
Pourtant, mes tout premiers écrits remontent à loin. Ce sont au début des nouvelles dans des journaux ou des revues, puis de la poésie en recueils collectifs ou individuels, avant de passer au roman : "Du haut du balcon" en 2022, et puis "Fracas de vagues au large d'El Jadida en 2024. Deux fictions inspirées de faits réels et historiques.
Quel sont alors les auteurs ayant influencé votre façon de regarder les faits, et de les décrire ?
Ils sont nombreux. Parmi lesquels certains marocains, maghrébins, égyptiens... je me sens davantage attiré depuis mon jeune âge par Zola, Hugo, Proust, Mirbeau, Malraux, Kundera, Céline, Duras, Amine Maalouf et Najib Mahfoud entre autres. Sans oublier certains écrivains russes comme Tolstoï, Tchekhov, Dostoïevski, Pouchkine ou Gogol, dont les œuvres m'ont merveilleusement imprégné et marqué.
Pour écrire faudrait-il se faire imposer un cérémonial quelconque, se soumettre à ses contraintes ? en est-il de même pour tous vos romans ?
A chaque écrivain son rituel certes, de même qu'il n'y a pas de recette toute faite pour écrire. En ce qui me concerne je ne me soumets à aucune contrainte. Une fois que l'idée principale est assez mûre, je réponds instinctivement à un besoin pressant d’isolement, qui se traduit par des randonnées pédestres ou des escapades en solitaire, la plupart du temps au bord de la mer, au fil duquel l'histoire s’esquisse, les personnages se dessinent, prennent petit à petit forme et vie. Cela pourrait prendre plusieurs jours pour que le roman se tisse et se structure dans ma tête. Quant à l'acte d'écriture en lui-même, c'est une pulsion qui se manifeste un matin, comme une envie de se libérer d'un poids, pour le coucher sur du papier de peur d'en perdre la substance. Et le flux commence, se poursuit durant des semaines, entrecoupé par des arrêts nécessaires pour la documentation et peut-être aussi par des visites à certains lieux en rapport avec les faits imaginés.
« Ecrire c'est le double plaisir de raconter et de se raconter une histoire, et c'est aussi le plaisir d'écrire qui est inexplicable » dit Françoise Sagan dans un entretien qu'elle avait accordé au magazine littéraire en juin 1969.
Ecrire c'est répondre à un besoin impérieux. C'est aussi pour le plaisir de se raconter ses propres aventures ; s'entendre parler en relisant ses propres écrits procure une sensation de grand bonheur. Cependant, le plaisir est plus intense encore chez l’écrivain, dépourvu du moindre nombrilisme, lorsqu'il partage généreusement avec les autres ce qu'il a composé, élaboré de façon honnête. A cela, personnellement je ne trouve rien d’inexplicable
Pour Proust la vie écrite est plus intense que la vie vécue. Qu'en pensez-vous ?
Tout à fait d'accord avec la citation de ce grand écrivain. Un romancier (surtout comme Proust) grâce à son imagination et son génie est capable de transcender de manière solennelle le quotidien, et d'amplifier des événements banals, transformant avec talent une situation ordinaire, en lui insufflant une dimension parfois spirituelle, pour créer des émotions et s'évertuer à les intensifier sans s'écarter du vraisemblable , entraînant ainsi le lecteur dans des espaces de vie vastes et inexplorés , méticuleusement peuplés de personnages atypiques ou communs , mais toujours marquants.
Le critique et écrivain Milan Kundera dit que le roman est le lieu de l’ambiguïté, le lieu où les choses ne sont jamais tranchées de manière définitive, le lieu de l'absence d’une morale manichéenne. Est-ce que cela pourrait s'appliquer à vos romans ?
L'ambiguïté intentionnelle ou non, enrichit le roman et lui confère un caractère plutôt complexe et nuancé, loin de tout manichéisme. " L'ambiguïté est une richesse." Selon Jorge Luis Borges. Elle ouvre à mon avis comme une brèche qui invite le lecteur à s'y introduire, et lui offre ainsi l'occasion de participer à l'ouvrage, lui laissant le loisir d'user de son imagination pour une interprétation différente de celle de l'auteur par exemple, ou bien pour une alternative à une issue dans le texte.
Dans du " Du haut du balcon " et dans "Fracas de vagues..." j'ai mis en scène dans certains passages des personnages face à des situations ambiguës, qui peuvent être interprétées de plusieurs façons, ce qui ouvre implicitement la voie pour imaginer d'autres solutions ; c'est aussi et du moins l'avis de quelques-uns de mes lecteurs.
Des participations à divers recueils collectifs dont "100 poètes pour le grand Maghreb " et "Recueil de poésie internationale de cabra en Andalousie".
Libé : Quel a été votre premier texte, nouvelle ou roman, que vous avez publié, soumis aux lecteurs ?
Driss Tahi : J'aimerais d'abord rappeler qu'entre écrire et se faire publier il y a tout un monde, des tracas interminables que la plupart des auteurs connaissent, et dont certains qualifient communément de parcours du combattant.
Pourtant, mes tout premiers écrits remontent à loin. Ce sont au début des nouvelles dans des journaux ou des revues, puis de la poésie en recueils collectifs ou individuels, avant de passer au roman : "Du haut du balcon" en 2022, et puis "Fracas de vagues au large d'El Jadida en 2024. Deux fictions inspirées de faits réels et historiques.
Quel sont alors les auteurs ayant influencé votre façon de regarder les faits, et de les décrire ?
Ils sont nombreux. Parmi lesquels certains marocains, maghrébins, égyptiens... je me sens davantage attiré depuis mon jeune âge par Zola, Hugo, Proust, Mirbeau, Malraux, Kundera, Céline, Duras, Amine Maalouf et Najib Mahfoud entre autres. Sans oublier certains écrivains russes comme Tolstoï, Tchekhov, Dostoïevski, Pouchkine ou Gogol, dont les œuvres m'ont merveilleusement imprégné et marqué.
Pour écrire faudrait-il se faire imposer un cérémonial quelconque, se soumettre à ses contraintes ? en est-il de même pour tous vos romans ?
A chaque écrivain son rituel certes, de même qu'il n'y a pas de recette toute faite pour écrire. En ce qui me concerne je ne me soumets à aucune contrainte. Une fois que l'idée principale est assez mûre, je réponds instinctivement à un besoin pressant d’isolement, qui se traduit par des randonnées pédestres ou des escapades en solitaire, la plupart du temps au bord de la mer, au fil duquel l'histoire s’esquisse, les personnages se dessinent, prennent petit à petit forme et vie. Cela pourrait prendre plusieurs jours pour que le roman se tisse et se structure dans ma tête. Quant à l'acte d'écriture en lui-même, c'est une pulsion qui se manifeste un matin, comme une envie de se libérer d'un poids, pour le coucher sur du papier de peur d'en perdre la substance. Et le flux commence, se poursuit durant des semaines, entrecoupé par des arrêts nécessaires pour la documentation et peut-être aussi par des visites à certains lieux en rapport avec les faits imaginés.
« Ecrire c'est le double plaisir de raconter et de se raconter une histoire, et c'est aussi le plaisir d'écrire qui est inexplicable » dit Françoise Sagan dans un entretien qu'elle avait accordé au magazine littéraire en juin 1969.
Ecrire c'est répondre à un besoin impérieux. C'est aussi pour le plaisir de se raconter ses propres aventures ; s'entendre parler en relisant ses propres écrits procure une sensation de grand bonheur. Cependant, le plaisir est plus intense encore chez l’écrivain, dépourvu du moindre nombrilisme, lorsqu'il partage généreusement avec les autres ce qu'il a composé, élaboré de façon honnête. A cela, personnellement je ne trouve rien d’inexplicable
Pour Proust la vie écrite est plus intense que la vie vécue. Qu'en pensez-vous ?
Tout à fait d'accord avec la citation de ce grand écrivain. Un romancier (surtout comme Proust) grâce à son imagination et son génie est capable de transcender de manière solennelle le quotidien, et d'amplifier des événements banals, transformant avec talent une situation ordinaire, en lui insufflant une dimension parfois spirituelle, pour créer des émotions et s'évertuer à les intensifier sans s'écarter du vraisemblable , entraînant ainsi le lecteur dans des espaces de vie vastes et inexplorés , méticuleusement peuplés de personnages atypiques ou communs , mais toujours marquants.
Le critique et écrivain Milan Kundera dit que le roman est le lieu de l’ambiguïté, le lieu où les choses ne sont jamais tranchées de manière définitive, le lieu de l'absence d’une morale manichéenne. Est-ce que cela pourrait s'appliquer à vos romans ?
L'ambiguïté intentionnelle ou non, enrichit le roman et lui confère un caractère plutôt complexe et nuancé, loin de tout manichéisme. " L'ambiguïté est une richesse." Selon Jorge Luis Borges. Elle ouvre à mon avis comme une brèche qui invite le lecteur à s'y introduire, et lui offre ainsi l'occasion de participer à l'ouvrage, lui laissant le loisir d'user de son imagination pour une interprétation différente de celle de l'auteur par exemple, ou bien pour une alternative à une issue dans le texte.
Dans du " Du haut du balcon " et dans "Fracas de vagues..." j'ai mis en scène dans certains passages des personnages face à des situations ambiguës, qui peuvent être interprétées de plusieurs façons, ce qui ouvre implicitement la voie pour imaginer d'autres solutions ; c'est aussi et du moins l'avis de quelques-uns de mes lecteurs.