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Intervenant lors de cette rencontre à distance tenue sous le thème “Quelle stratégie industrielle pour le Maroc de demain ?”, Uri Dadush, Senior Fellow au PCNS, a indiqué que sur le long terme, les effets de la crise de Covid-19 seraient de renforcer certaines tendances vers la mondialisation et des chaînes de valeur encore plus articulées, relevant que “même après le Covid-19, le Maroc doit persister dans sa stratégie de connexion aux chaînes de valeur globales, spécialement celles centrées en Europe, son partenaire le plus important et le plus proche, et bien entendu continuer à être le trait d’union entre l’Afrique et l’Europe”.
Le Maroc doit persister dans sa politique d’internationalisation et de globalisation qui lui a donné d’énormes bénéfices, a-t-il soutenu, soulignant qu’en même temps “qu’on réfléchit à l’industrie et à comment se connecter à ces chaînes de valeur industrielles et traditionnelles, il ne faut pas perdre de vue qu’il y a un potentiel gigantesque en dehors de ce secteur traditionnel”.
Il a, à cet égard, relevé que les grands gains en termes d’emplois dans le monde ne se forment plus dans les secteurs manufacturiers où les avancées technologiques sont évidentes, mais plutôt dans les secteurs internationaux, comme le tourisme, le transport, l’agriculture et l’agro-industrie, rapporte la MAP.
De son côté, Noureddine El Aoufi, professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) à l’Université Mohammed V de Rabat, a affirmé que le nouveau contexte impose de repenser beaucoup de paradigmes, dont le paradigme industriel.
“Pour moi, c’est le régime industriel dans ces fondements même qu’il faut changer. Il faut une nouvelle combinatoire des priorités définie autour des problèmes de santé, d’éducation, d’emploi, des services publiques, d’innovation, de recherche et développement ... tout ce qu’on peut appeler aujourd’hui l’économie de la vie”, a indiqué l’économiste.
De l’avis de M. El Aoufi, également membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement, l’industrialisation doit être tirée par le développement et non par la croissance et doit être conçue, conduite, accompagnée et facilitée par l’Etat.
Pour sa part, Mohamed Bachiri, directeur général de la Somaca et vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a mis l’accent sur le “Made in Morocco”, notant, dans ce sens, qu’il est très important pour le Maroc, dans le contexte actuel, de “développer une grande campagne de communication et de sensibilisation auprès des citoyens marocains pour leur faire connaître davantage les produits fabriqués au Maroc et rendre leur confiance dans ces produits.
Il faut aussi encourager la préférence nationale, notamment dans les marchés publics, et développer l’intégration locale en profondeur en allant jusqu’à la matière première et sa transformation, a-t-il poursuivi, appelant à “lier les subventions étatiques au Maroc à un niveau de sourcing local”.
M. Bachiri s’est focalisé, en outre, sur l’importance de la recherche et développement technique et opérationnelle en lien avec les universités, les écoles d’ingénieurs et aussi avec les entreprises, préconisant la mise en place, dans chaque zone industrielle au Maroc, d’un cluster dédié à la recherche et développement, ainsi qu’un crédit d’innovation au profit des entreprises.
Il a, également, souligné la nécessité pour la nouvelle génération du Plan d’accélération industrielle de tirer les enseignements et de capitaliser sur la génération précédente et de prendre en compte les dimensions “compétitivité et productivité”.
La directrice de la Business Unit Afrique au cabinet Mazars Maroc, Sanae Lahlou, a rappelé, quant à elle, que tous les gouvernements et institutions panafricaines s’alignent à dire que l’enjeu et la véritable croissance de développement de l’Afrique ne passeront que par son industrialisation, relevant, à cet égard, que la voie que prend le continent aujourd’hui ne peut qu’être bénéfique pour le Maroc.
“Aujourd’hui, même si le Maroc figure parmi le top 5 des pays africains industriels, notre devoir est de renforcer davantage notre présence, et ce à travers notamment la création de chaînes de valeur continentales sectorielles”, a-t-elle ajouté.