​Le débat sur l’avortement prend un nouveau tournant

Hautes instructions Royales pour l'examen d’une question devenue une affaire médicale par excellence


Alain Bouithy
Mercredi 18 Mars 2015

​Le débat sur l’avortement prend un nouveau tournant
Le débat tant redouté sur l’avortement va enfin s’ouvrir, après maintes hésitations, tensions, pressions et polémiques.
Mais pour cela, il aura fallu une prise de position ferme de l’USFP, la diffusion par France 2 d’un reportage d’« Envoyé spécial », le limogeage incongru du Pr Chafik Chraïbi de ses fonctions de chef de service de la maternité des Orangers et l’intervention de S.M le Roi pour que le dossier des avortements clandestins soit mis sur les rails d’une solution respectueuse « des préceptes de la religion islamique, de la prise en compte des vertus de l’ljtihad et de l’accompagnement de l’évolution que connaît la société marocaine».
Les réticences de certains à propos de la nécessité et de l’urgence de débattre de cette problématique semblent aujourd’hui jetées aux oubliettes.
Les Hautes orientations du Souverain sont des plus claires. En effet, le communiqué publié lundi par le Cabinet Royal indique à ce propos que «S.M le Roi a donné ses Hautes orientations» pour «l'examen de cette question, devenue une affaire médicale par excellence, et pour mener des rencontres et des consultations élargies avec tous les acteurs concernés afin de recueillir leurs différents avis. Amir Al Mouminine, ajoute la même source, «a également ordonné aux ministres concernés et au président du CNDH de coordonner et de coopérer avec le Conseil supérieur des oulémas pour se concerter au sujet des différents avis et orientations et soumettre des propositions à la Haute connaissance de Sa Majesté le Roi et ce, dans un délai maximum d'un mois.». 
La problématique de l’avortement est donc désormais sur la table des discussions et que plus rien ne devait l’en dégager.
Les déclarations des responsables gouvernementaux et celles des organisations professionnelles et de la société civile concernées par cette question vont toutes dans le même sens.
C’est ainsi que le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi, a appelé récemment à un débat « sage et serein » prenant en compte les aspects religieux, juridique et médical.
Estimant que ce débat doit tenir compte des aspects social, éthique et culturel, le ministre a indiqué qu’un plan d'action relatif à cette question est en cours d’élaboration. 
Même son de cloche du côté du ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, qui s’est dit favorable à un texte de loi prenant en considération les développements en cours dans ce domaine ainsi que les préceptes de la Charia. 
Comme son collègue de la Santé, ce dernier a souligné qu'un projet de loi en matière pénale relatif à l’avortement est également en cours d’élaboration.
Ces deux visions sont également partagées par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq qui estime, néanmoins, que le texte législatif relatif à l’avortement devait préserver les valeurs des Marocains et leur religion.
Egalement concerné par cette épineuse question, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a annoncé, par la voix de son président, Driss El Yazami, qu’il va mener prochainement des rencontres et des concertations élargies avec tous les acteurs concernés par ce sujet. Le CNDH entend ainsi recueillir les différents avis de ces derniers dans la perspective de la réforme des dispositions juridiques relatives à la problématique de l'avortement clandestin.
A propos des associations, il est souligné que celles-ci insistent sur l'amendement de la loi sur l'avortement à travers un cadre plus large pour inclure les cas de viol, d'inceste, de malformations fœtales et les femmes enceintes atteintes de maladie mentale.
Lesdites associations proposent, par ailleurs, que l'article 453 du Code pénal qui autorise l'avortement lorsque la vie et la santé de la mère sont menacées, soit amendé.
Pour le président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC), Chafik Chraibi qui a lourdement payé le tribut de son action inlassable visant à mettre en lumière ce fléau, il ne fait aucun doute que l'élargissement du cadre de l'avortement permettra d'éviter des tragédies sociales graves telles que le suicide et les crimes d'honneur.
Quels que soient les progrès qui seront réalisés sur cette question, Fatima Maghnaoui, coordinatrice du Réseau marocain pour le droit à la santé, estime que le plus important est que la décision de poursuivre la grossesse ou de l’interrompre appartienne à la femme. 


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