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Un livre... une question : Quelle image des immigrés marocains dans les médias espagnols ?Lundi 7 Juillet 2014
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Quelle image se fait-on des immigrés marocains dans les médias occidentaux ? Toute réponse devrait, certainement, être relativisée. Les médias et les Marocains résidant à l’étranger n’ont pas les mêmes conceptions, ni les mêmes comportements. Toutefois, il faut faire avec les stéréotypes et les clichés dominants. Chercheur marocaine résidant à l’étranger, Samira Karam a voulu examiner cette question. Son étude a été publiée en 2009 sous l’intitulé : «Traitement de l’immigration marocaine dans El Pais et ABC ». Le cas des Marocains en Espagne reste certes particulier, étant donné les facteurs de l’histoire et de la géographie dans la relation entre les deux peuples. Il ne peut donc être généralisé aux autres MRE. Mais, il s’avère encore plus difficile, dans la mesure où l’image dans les médias commence à s’ancrer négativement depuis les événements d’El Ejido en 2000 et les attentats de Madrid le 11 mars 2004 … «L’image des Marocains, en majorité défavorable, ne date pas d’aujourd’hui. Le passé historique a montré que les Espagnols se méfiaient du « moro » qui, au cours des siècles, a accumulé différentes images qui le définissent à partir de divers clichés et préjugés (fanatisme, sauvagerie, cruauté, lascivité, fatalisme, paresse et hypocrisie). Le Marocain immigré en Espagne peut passer du statut d’irrégulier, à celui de sans-papier, sans documents, d’illégal, clandestin, « maghribie » ou encore ‘moro’… Cette dernière appellation, déviation lexicale de Morisco, reste un usage péjoratif qui ressurgit dans la presse et particulièrement dans les articles d’opinion, lors des crises, comme celles d’El Ejido ou celle de l’île du Persil/Thourah. Samira Karam ne manque pas pour autant de mettre en relief les glissements terminologiques dans la presse écrite espagnole, tel l’usage de l’«étranger», «immigré» sans distinction du point de vue juridique du phénomène migratoire. «L’identité de la communauté «immigrée» présente dans le discours journalistique, fonctionne par catégorisation à connotations souvent péjoratives », écrit l’auteur. Tout le livre s’articule autour de deux idées principales : d’une part, le passé de l’Espagne a créé un imaginaire populaire collectif basé sur des clichés et des stéréotypes ; d’autre part, la réalité humaine de l’immigration marocaine contribue à donner une autre image, celle du rapprochement entre les autochtones et les nouveaux «arrivants». L’avantage d’un tel travail est qu’il puise dans les démarches théoriques et méthodologiques de plusieurs sciences humaines, telles la sociologie, la linguistique, la sémiotique, la sémiologie, l’anthropologie ou encore l’histoire … Au fil du livre, l’argumentation repose sur des réflexions théoriques, décortiquant la relation entre presse et image de l’Autre, avec tous les risques de stéréotypes, clichés et préjugés… L’auteur ne manque pas ainsi de soulever la question de catégorisation dans la presse, preuve d’un égocentrisme prévalant chez les journalistes. Une différence est ainsi nettement entreprise entre l’endogroupe («Nous») et l’exogroupe («Eux»)… Ces mêmes préjugés, souligne Samira Karam, empêchent les Espagnols de connaître les Marocains résidant dans leur pays, mais le récapitulatif historique du Maroc nous a permis un peu mieux de le comprendre. Une image doit être entretenue, améliorée et redorée, d’où le long parcours qui attend notre pays à ce niveau. Ne dit-on pas que les MRE sont des ambassadeurs du Royaume où qu’ils se trouvent.
Mustapha Elouizi
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