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Depuis sa fondation, l'Ecole a déménagé sur trois sites différents avant de s'implanter définitivement, en 1928, dans les locaux actuels qui gardent dans leur architecture l'influence maroco-espagnole, face à l'historique et emblématique Bab Okla. Selon l'artiste Bouabid Bouzaid qui a coécrit avec l'actuel directeur de l'Ecole, Anas Sordo, un livre entièrement dédié à Dar San'aa, « dès le début, l'objectif principal de la fondation de cette Ecole était de préserver le patrimoine artisanal et artistique d'influence maroco-andalouse et de former plusieurs générations aux différentes techniques créatives (…) » La présence du protectorat espagnol au Nord du Royaume a créé un besoin primordial de renforcer un patrimoine artistique et artisanal qu'il fallait « coûte que coûte » préserver. Tétouan a été choisie comme ville pouvant accueillir cette institution pour laquelle un budget de 36250 pesetas fut alloué au titre de l'année 1917. Ce n'est qu'en 1919 que le projet a vu le jour. Le premier directeur de l'Ecole fut nommé ; il s'agissait alors de Antonio Got Inchausti. En 1921, c'est l'architecte de Tétouan José Gutieres Lescura qui fut à la tête de sa direction. A cette époque, les élèves apprentis bénéficiaient d'une bourse d'encouragement obtenue grâce à la vente des produits artisanaux fabriqués au sein de l'Ecole.
Devant le succès que connut cette Ecole, il était dès lors important de trouver des locaux adaptés. C'est donc en juillet 1928, que l'Institution déménagea dans des locaux faisant face à Bab Okla. Un lieu hautement stratégique vu l'importance de la porte en question pour une institution hautement stratégique…. Le 1 mai 1930, c'est le célèbre artiste grenadien Mariano Bertuchi qui prit la direction de l'Ecole. Le passage de l'artiste a sans conteste marqué durablement l'avenir de Dar San'aa… En effet, Bertucchi était un connaisseur averti du patrimoine maroco-andalou. Il contribua à l'amélioration de l'organisation interne et à la mise en place d'une méthodologie efficiente de travail. Sous sa direction, la réputation de l'Ecole et le professionnalisme qui y régnait ont dépassé les frontières…. Si, en 1934, une vingtaine de personnes de l'Ecole (encadrants et apprentis) ont pu bénéficier d'un voyage en Espagne pour y découvrir les différents musées qui faisaient sa fierté, l'Ecole était déjà représentée, en 1928, lors de l'exposition ibéro-américaine qui eut lieu à Séville puisque les artisans de l'Ecole ont participé entièrement à la décoration du pavillon « Maroc ». En 1955, l'Ecole a offert, entre autres, des éléments de boiserie conçus selon le style grenadien à la Mosquée de Washington.
Après l'Indépendance du Maroc, la transition fut très difficile. Le premier Marocain qui a dirigé l'Ecole, dès 1956, fut l'artiste Mohamed Sarghini qui, de l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyé, s'est dévoué entièrement à sa mission de formateur et d'encadrant auprès de jeunes artistes plasticiens et d'artisans spécialisés dans les arts traditionnels venus à Tétouan pour acquérir un savoir-faire. Lui qui avait, très jeune, été accueilli par la Colombe Blanche et qui a tant appris en côtoyant de grands maîtres, voulait, à son tour, largement faire bénéficier à d'autres le savoir-faire et les techniques qu'il avait acquis.
Après avoir été sous la houlette de différents ministères, c'est en fin de compte le ministère de la Culture qui prit en charge l'Ecole. Manque de conscience de l'importance du patrimoine de la part des responsables ? Quoi qu'il en soit, tous les « amoureux » de Dar San'aa le diront : l'Ecole a connu une marginalisation qui a notamment conduit à la disparition de plusieurs corporations de métiers et au départ de plusieurs maîtres-artisans, retraités ou décédés, sans qu'ils soient remplacés par la jeune génération qui avait tant à donner…
Aujourd'hui, 10 métiers sont proposés à la formation des jeunes. 17 fonctionnaires relevant du ministère de la Culture y travaillent. 58 élèves sont accueillis par l'Institution qui a une capacité d'accueil de quelque 120 élèves. Depuis 2006, la formation dure 4 ans (contre 7 ans auparavant), ce qui encourage, d'une certaine manière, les élèves à s'inscrire de plus en plus.
D'aucuns constatent qu'actuellement, l'Ecole connaît une nouvelle ère au niveau de l'encadrement des élèves et de sa visibilité à l'extérieur de son enceinte, sur les plans national et international…
Plus qu'une Ecole, Dar San'aa est un véritable musée vivant qui raconte, pièce après pièce, les secrets de celles et ceux qui l'ont façonnée par leur savoir-faire… Tout visiteur de l'Ecole des arts et métiers nationaux s'en rendra compte de visu : l'architecture, la décoration, le travail des sols, plafond et murs gardent en mémoire les différents métiers enseignés au sein même de l'Ecole, depuis 1919….