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"Nous avons besoin de gens qui sachent comment créer des sites Internet, créer de nouveaux objets connectés. En tant que professeurs, notre but n'est pas uniquement d'apprendre aux enfants à se servir de ces technologies, mais aussi de repérer ceux qui ont la fibre technologique", explique la scientifique qui a combiné ses deux passions : l'informatique et la pédagogie.
Dans un lycée de Vilnius, Jonas Ruigys, professeur d'informatique, matière obligatoire du collège à la seconde, organise ce concours depuis ses débuts.
Castor, pensé sur le modèle du concours Kangourou pour les mathématiques, "permet à l'enseignant de vite détecter un futur potentiel", raconte-t-il tout en surveillant la quinzaine d'élèves bruyants penchés sur les exercices du concours Castor.
Sur les 18 questions à résoudre en 40 minutes, Agota Maziliauskaite, 16 ans, en a réussi plus de la moitié. "Il faut aimer la logique. Ce qui m'intéresse, c'est que l'on fait ainsi de l'informatique un peu différemment", lance la jeune fille qui voudrait étudier le design et se servir de logiciels pour créer ses objets.
Déchiffrer des messages secrets, en rédiger, trouver le chemin le plus court pour se rendre d'un point A à un point B, trouver un dénominateur commun pour trier des objets, trouver la logique d'une suite de symboles. Inventer des questions pour Castor est "la partie la plus agréable de ce concours", éclate de rire Valentina Dagiene.
En route pour son institut, elle vient d'en inventer une nouvelle pour illustrer l'algorithme des colonies de fourmis, une manière d'aborder le thème de l'optimisation des trajets en s'aidant de 16 écureuils à la recherche du meilleur des 5 nids à disposition.
"Les questions permettent d'aborder de manière ludique les notions utilisées dans le domaine de l'informatique, comme les cycles, la répétition. L'informatique a son propre langage et il faut apprendre l'alphabet de ce langage. En apprenant ce qu'est une commande, comment elle est mise en œuvre, on peut alors commencer à écrire du code informatique", raconte Valentina Dagiene.
En plus de dix ans d'existence, le concours a pris une dimension internationale, avec 1.313.000 élèves participants en 2015 dans 36 pays. Les écoliers français sont parmi les plus enthousiastes avec déjà plus de 400.000 participants pour l'édition 2016. "L'enthousiasme est venu dans une première étape d'enseignants qui ont trouvé ça génial", explique Françoise Tort, enseignante-chercheur à l'Ecole nationale supérieure Paris Saclay et l'une des trois coordinatrices du concours.
L'algorithmique et le codage informatique sont entrés dans les programmes scolaires à la rentrée 2016. "L'école, le collège et le lycée, les enseignants cherchent des ressources pédagogiques. Il y a une facilité d'usage (dans le concours Castor) et ça leur plaît en termes pédagogiques", précise Françoise Tort.
Quand Valentina Dagiene a créé Castor, elle voulait, à la différence des olympiades scolaires réservées aux plus doués, un concours ouvert à tous. Françoise Tort le confirme. "Ceux qui s'y retrouvent, ce ne sont pas forcément les premiers de la classe, les meilleurs en maths ou les meilleurs dans l'activité scolaire".
Le succès mondial de Castor s'explique pour Jonas Ruigys par l'existence "d'un langage informatique commun".
Mais la création des questions reste tout de même un défi logistique. Chaque pays participant au concours doit proposer dix exercices. Ils seront discutés ensuite entre les participants, réunis pendant une semaine, afin de créer une grande banque de données dans laquelle les organisateurs piocheront pour organiser leur concours.
Reste un défi: l'implication des filles, un tiers seulement des lycéens participants. Valentina Dagiene, mère de cinq enfants qui a su concilier famille et carrière scientifique, est bien consciente du problème. Les filles doivent aussi participer à la création des nouveaux outils qu'elles utiliseront autant que les hommes, dit-elle.