Région des Doukkala : Des monuments historiques en constante dégradation


Abdelilah Nadini
Jeudi 5 Janvier 2012

Région des Doukkala : Des monuments historiques en constante dégradation
Riche de ses ressources naturelles, la région de Doukkala a suscité, à travers les époques,  les convoitises des assaillants. Son passé est marqué par divers  événements  tumultueux  qui ont forgé son histoire  et celle du pays. Des monuments témoins  de ce passé  se dressent encore comme un défi à l’érosion du temps et à l'imprudence des hommes. De  Boulaouane à Tit en passant par la forteresse de Lamjahdine, des dizaines de sites historiques peinent à garder leur lustre d'antan et constituent un chantier fertile, inexploité à des fins archéologiques. D'autres sites ont disparu laissant derrière eux un amas de pierres et de terre et un lieu dévasté, ou des  noms qui n'ont d'existence que dans les écrits de quelques historiens.
La ville de Gharbia dont le nom est évoqué par Léon l'Africain au 16ème siècle, se situe au sud des Doukkala. Il n’en reste que les fondations de sa muraille. Les informations sont maigres. Selon les historiens, elle a été bâtie par les Arabes venus d'Orient à l'époque des Almohades. C'est une ville oubliée comme beaucoup d'autres, telles que Tighaline, Ayir, Adikis, Tagoulit, Tarter.
La Kasbah de Boulaouane a été  édifiée sous le règne de Moulay Ismail en 1710.  Elle se dresse encore, fière de son passé glorieux sur un haut plateau,  contemplant, dans le silence,  la vallée de l'Oum Errabiâ  à la limite des collines qui séparent les Doukkala  des  Rhamnas. Cet emplacement conforte le  rôle militaire qu'elle avait joué autrefois afin de consolider l'union et de mater les rébellions. Elle est, selon les chercheurs, la plus prestigieuse des 76 forteresses construites par le monarque et, pourtant, elle est laissée à l'abandon et au pillage. Sa restauration a été annoncée par le gouverneur il y a six mois, mais rien depuis lors. Une promesse de Gascon ?
Le Ribat de Tit, avec ses murailles fortifiées, ses tours et remparts, a été édifié pour défendre le littoral contre les envahisseurs portugais au 16ème siècle, en jouant un rôle dans la stabilité de la région. Cependant, vaincus, les habitants de Tit se sont vus contraints de verser des taxes au colonisateur. Vers 1520, le sultan wattasside Mohamed a chassé les envahisseurs de la ville, et décidé de la démolir afin qu'elle ne suscite plus la convoitise des occupants, ses habitants l'ayant désertée. Ainsi, commença la chute de Tit. Ce ne fut qu'à l'arrivée de Sidi Mohammed Ben Abdellah qu'un hommage a été rendu à la citadelle. Il a essayé d'en redorer le blason en vain. Ce qu'on garde de ce passé glorieux, c'est un moussem célébré chaque année en la mémoire du grand moujahid Abdellah dont Tit porte le nom, et des vestiges qui racontent l'histoire de ces hommes. La muraille se dégrade, les pierres taillées qui la constituent sont pillées. Le président de la commune de Moulay Abdellah a déclaré en juillet 2010, que l'appel d'offres relatif à la restauration de cette muraille a été adjugé et que les travaux allaient démarrer juste après les formalités administratives. Mais depuis lors, rien de concret.
Sur l'entrée nord d'El Jadida, se situe «Ribate Al Moujahidine».  Malgré sa proximité de l'autoroute, il est peu visible à cause des broussailles et de l'état de délabrement avancé de ses murailles ou du moins de ce qu'il en reste. Des gravats de pierres jonchent le sol, ses fondations disparaissent sous la végétation, des trous ont été creusés à proximité des remparts par des chercheurs  de trésors perdus. Cette ville fut autrefois une base-arrière de l'armée de Sidi Mohammed Ben Abdallah pendant le siège de la ville de Mazagan. Il séjourna dans ce Ribate entre 1768 et 1769, date de capitulation des Portugais. Ce fort dont l'intérêt historique n'est pas à démontrer attend un miracle pour renaître de ses cendres.


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