Au premier regard, on ne distingue pas grand-chose sur cette héliographie au bitume de Judée, un produit photosensible, qui ressemble à un vulgaire miroir abîmé.
Mais en se penchant en arrière ou sur le côté, des formes apparaissent, révélant un paysage, avec des façades, le toit d'une grange, un arbre et une haute cheminée au lointain.
Il s'agit de la vue depuis un étage de la maison de campagne de Nicéphore Niepce à Saint-Loup-de-Varennes, en Bourgogne (centre de la France). Une image peu spectaculaire mais qui "représente le big-bang de la photographie", selon Claude Sui, le responsable de l'exposition.
Confiée par Niepce à un ami anglais dans l'espoir que son innovation soit brevetée un jour en Angleterre, la plaque d'étain tombe peu à peu dans l'oubli. L'inventeur meurt en 1833 sans avoir connu la gloire.
L'héliographie est redécouverte en 1952 dans une malle de voyage du port de Londres par Helmut Gernsheim (1913-1995), historien d'art et grand collectionneur de photographies, après 5 années de recherches assidues.
Archivée depuis 1963 à l'Université du Texas à Austin (sud des Etats-Unis), comme une grande partie de l'immense collection de Helmut Gernsheim, elle n'avait plus été exposée en Europe depuis 1961.
Les musées Reiss-Engelhorn de Mannheim, qui possèdent la période moderne de la collection Gernsheim, ont ainsi réussi un "mariage unique et éphémère" entre les deux parties, se félicite M. Sui.
A travers une sélection de 250 photos réparties par thèmes, l'exposition donne un aperçu de l'histoire de la photographie, depuis les premiers daguerréotypes comme "Notre-Dame et l'Ile de la Cité à Paris" de Louis Jacques Mandé Daguerre lui-même, ancien associé de Nicéphore Niepce, en passant par l'époque victorienne et des clichés iconiques de Man Ray, Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson.
L'exposition "La naissance de la photographie - chefs-d'oeuvre de la collection Gernsheim" a été prolongée jusqu'au 24 février 2013. (http://www.rem-mannheim.de)