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A l'heure où l'on parle de baisse de prix du médicament, les pharmaciens mettent en avant leur situation, pas vraiment enviable. En l'espace d'une génération, cette profession est passée d'un statut privilégié à celui d'un statut précaire. Le tiers d'entre eux devront bientôt jeter l'éponge, et pourtant l'utilité de cette profession n'est plus à démontrer.
Le vieux pharmacien est assis dans son bureau, celui d'une officine ouverte dans les années 70; il nous accueille pour nous parler de ce conflit qui oppose les pharmaciens aux autorités de tutelle. En vérité, il nous déclare qu'il est fatigué et qu'à l'heure où certains de ses amis exerçant d'autres professions ont pris leur retraite, lui est obligé de venir à sa pharmacie tous les jours.. Sa présence est obligatoire encore, car dans ce métier, il n'y a pas de retraite.
Lorsqu'il évoque la profession de ses débuts, il n'est pas nostalgique, mais un peu amer car avec le temps qui passe, la situation n'a pas arrêté de se détériorer et de nous déclarer : «Le pharmacien véhicule une image d'opulence qui n'a rien à voir avec la vérité». De 200 pharmaciens exerçant dans les années 70, nous sommes aujourd'hui 12.000; cette évolution en chiffre s'est accompagnée d’une détérioration significative de la qualité d'exercice de la profession. Ainsi lorsque dans les années 80, le monopole accordé à la profession a commencé à s'effriter, notamment en matière de vente du médicament vétérinaire, pas grand monde n'a bougé, y compris à l'intérieur de la profession. S'en est suivi ensuite le problème de la parapharmacie qui s'exerce aujourd'hui souvent dans des conditions douteuses tant en termes de législation qu'en termes de sécurité sanitaire. Tout cela au vu et au su de tout le monde, sans parler des médicaments vendus hors du circuit pharmaceutique ou par les associations ou encore par les laboratoires directement au malade… ».
Ce témoignage résume à peu près la situation d'une profession en perte de vitesse.
Et pourtant cette profession avait ses lettres de noblesse, et les pharmaciens étaient jadis considérés comme des notables. Tout cela a été sacrifié sur l’autel de certaines évolutions ou par absence de mécanismes de régulation. Cette dégradation qui prend l'allure d'une maladie chronique s'accompagne parfois de propos déplacés de dénigrement. Ainsi dans les salons huppés, certaines élites traitent quelquefois les pharmaciens d'épicier. Sur ce point, notre pharmacien est catégorique. Si les officinaux sont des épiciers et bien que les responsables aient le courage de laisser aux vrais épiciers le soin de vendre les antibiotiques, les corticoïdes, les bétabloquants, les neuroleptiques, etc.
La vérité est évidemment ailleurs; les pharmacies sont les espaces où se traitent 80% des pathologies ordinaires. C'est un lourd fardeau dont les autorités sont soulagées. Sans parler du conseil ! Ainsi n'importe quel citoyen peut avoir l'avis expert d'un pharmacien gratuitement. Faisant partie du personnel soignant, le pharmacien est conseiller en matière d'hygiène, d'alimentation, de prévention ….Et tout cela pour un salaire qui ne dépasse pas 10% du prix des médicaments qu'il vend. S'il ne vend rien, il ne touchera rien. Dixit son conseil.
Cette réalité trouve sa confirmation dans les chiffres qui sont indiscutables. Lorsque vous considérez le chiffre d'affaires moyen au Maroc d'une pharmacie, celui-ci ne dépasse pas 700.000 dirhams. Dans les années 90, Saâd Zniber, un éminent pharmacien disparu aujourd'hui, déclarait que le seuil de rentabilité d'une pharmacie était de l'ordre de 1,2 million de dirhams : 20 ans après, le chiffre d'affaires des pharmacies est en moyenne inférieur de 50% à ce seuil.
La profession est à l'agonie, Il n'y a pas d'autres termes pour qualifier la situation. Et le vieux pharmacien, en parlant de la baisse que les autorités veulent appliquer aux médicaments ajoute :" S'il est louable de faire de la politique avec le médicament, pourquoi sur le dos des pharmaciens? La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a . .Et les pharmaciens n'ont justement plus rien à donner."
En vérité, les pharmaciens trouvent que la situation est pernicieuse: faire croire que les médicaments sont chers consiste à montrer du doigt les pharmaciens et les prendre pour des boucs émissaires d'une situation dont ils ne sont pas responsables. .Et avec la santé le problème est délicat. Le citoyen peut se ruiner en matière de GSM ou en achat de tabac, personne n y trouvera rien à redire, mais acheter une boîte de paracétamol à 10,25 DH peut être considéré comme excessif.
Aujourd'hui, le conflit est sur la place publique. Dans leurs arguments, les pharmaciens ne demandent, à juste titre, que de considérer le médicament comme un simple élément intervenant dans le coût du soin et demandent que justice soit faite quant aux montants de leurs émoluments.
Personne n'a intérêt à aggraver la situation des pharmaciens et surtout pas les autorités de tutelle. Affaiblir encore plus les pharmaciens équivaut à la fermeture de milliers d'officines avec le champ libre à la contrebande et à la contrefaçon. Les pharmacies sont des espaces qui ont la confiance des citoyens. Les préserver relève de l'utilité publique.
Et le vieux pharmacien de conclure : les pharmaciens ont longtemps fait partie des élites de notre pays, à l'instar des autres élites; ils ne se sentent plus valorisés; notre société fait de plus en plus la part belle à des activités de spéculation ou de rente dépourvues de toute plus-value. Il est temps de reconsidérer cette situation. Rendre à César ce qui lui appartient. En cette période de crise, il faut réhabiliter les élites. C'est aussi le chemin du développement dont il est question. C'est le message que veulent transmettre aujourd'hui les pharmaciens. Et il est clair.
Le vieux pharmacien est assis dans son bureau, celui d'une officine ouverte dans les années 70; il nous accueille pour nous parler de ce conflit qui oppose les pharmaciens aux autorités de tutelle. En vérité, il nous déclare qu'il est fatigué et qu'à l'heure où certains de ses amis exerçant d'autres professions ont pris leur retraite, lui est obligé de venir à sa pharmacie tous les jours.. Sa présence est obligatoire encore, car dans ce métier, il n'y a pas de retraite.
Lorsqu'il évoque la profession de ses débuts, il n'est pas nostalgique, mais un peu amer car avec le temps qui passe, la situation n'a pas arrêté de se détériorer et de nous déclarer : «Le pharmacien véhicule une image d'opulence qui n'a rien à voir avec la vérité». De 200 pharmaciens exerçant dans les années 70, nous sommes aujourd'hui 12.000; cette évolution en chiffre s'est accompagnée d’une détérioration significative de la qualité d'exercice de la profession. Ainsi lorsque dans les années 80, le monopole accordé à la profession a commencé à s'effriter, notamment en matière de vente du médicament vétérinaire, pas grand monde n'a bougé, y compris à l'intérieur de la profession. S'en est suivi ensuite le problème de la parapharmacie qui s'exerce aujourd'hui souvent dans des conditions douteuses tant en termes de législation qu'en termes de sécurité sanitaire. Tout cela au vu et au su de tout le monde, sans parler des médicaments vendus hors du circuit pharmaceutique ou par les associations ou encore par les laboratoires directement au malade… ».
Ce témoignage résume à peu près la situation d'une profession en perte de vitesse.
Et pourtant cette profession avait ses lettres de noblesse, et les pharmaciens étaient jadis considérés comme des notables. Tout cela a été sacrifié sur l’autel de certaines évolutions ou par absence de mécanismes de régulation. Cette dégradation qui prend l'allure d'une maladie chronique s'accompagne parfois de propos déplacés de dénigrement. Ainsi dans les salons huppés, certaines élites traitent quelquefois les pharmaciens d'épicier. Sur ce point, notre pharmacien est catégorique. Si les officinaux sont des épiciers et bien que les responsables aient le courage de laisser aux vrais épiciers le soin de vendre les antibiotiques, les corticoïdes, les bétabloquants, les neuroleptiques, etc.
La vérité est évidemment ailleurs; les pharmacies sont les espaces où se traitent 80% des pathologies ordinaires. C'est un lourd fardeau dont les autorités sont soulagées. Sans parler du conseil ! Ainsi n'importe quel citoyen peut avoir l'avis expert d'un pharmacien gratuitement. Faisant partie du personnel soignant, le pharmacien est conseiller en matière d'hygiène, d'alimentation, de prévention ….Et tout cela pour un salaire qui ne dépasse pas 10% du prix des médicaments qu'il vend. S'il ne vend rien, il ne touchera rien. Dixit son conseil.
Cette réalité trouve sa confirmation dans les chiffres qui sont indiscutables. Lorsque vous considérez le chiffre d'affaires moyen au Maroc d'une pharmacie, celui-ci ne dépasse pas 700.000 dirhams. Dans les années 90, Saâd Zniber, un éminent pharmacien disparu aujourd'hui, déclarait que le seuil de rentabilité d'une pharmacie était de l'ordre de 1,2 million de dirhams : 20 ans après, le chiffre d'affaires des pharmacies est en moyenne inférieur de 50% à ce seuil.
La profession est à l'agonie, Il n'y a pas d'autres termes pour qualifier la situation. Et le vieux pharmacien, en parlant de la baisse que les autorités veulent appliquer aux médicaments ajoute :" S'il est louable de faire de la politique avec le médicament, pourquoi sur le dos des pharmaciens? La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a . .Et les pharmaciens n'ont justement plus rien à donner."
En vérité, les pharmaciens trouvent que la situation est pernicieuse: faire croire que les médicaments sont chers consiste à montrer du doigt les pharmaciens et les prendre pour des boucs émissaires d'une situation dont ils ne sont pas responsables. .Et avec la santé le problème est délicat. Le citoyen peut se ruiner en matière de GSM ou en achat de tabac, personne n y trouvera rien à redire, mais acheter une boîte de paracétamol à 10,25 DH peut être considéré comme excessif.
Aujourd'hui, le conflit est sur la place publique. Dans leurs arguments, les pharmaciens ne demandent, à juste titre, que de considérer le médicament comme un simple élément intervenant dans le coût du soin et demandent que justice soit faite quant aux montants de leurs émoluments.
Personne n'a intérêt à aggraver la situation des pharmaciens et surtout pas les autorités de tutelle. Affaiblir encore plus les pharmaciens équivaut à la fermeture de milliers d'officines avec le champ libre à la contrebande et à la contrefaçon. Les pharmacies sont des espaces qui ont la confiance des citoyens. Les préserver relève de l'utilité publique.
Et le vieux pharmacien de conclure : les pharmaciens ont longtemps fait partie des élites de notre pays, à l'instar des autres élites; ils ne se sentent plus valorisés; notre société fait de plus en plus la part belle à des activités de spéculation ou de rente dépourvues de toute plus-value. Il est temps de reconsidérer cette situation. Rendre à César ce qui lui appartient. En cette période de crise, il faut réhabiliter les élites. C'est aussi le chemin du développement dont il est question. C'est le message que veulent transmettre aujourd'hui les pharmaciens. Et il est clair.