Pharmacien, une profession en crise


Par Najib Amor (Pharmacien)
Jeudi 13 Septembre 2012

Pharmacien, une profession en crise
A l'heure où l'on parle de baisse de prix du médicament, les pharmaciens mettent en avant leur situation, pas vraiment enviable. En l'espace d'une génération, cette profession est passée d'un statut privilégié à celui d'un statut précaire. Le tiers d'entre eux devront bientôt jeter l'éponge, et pourtant l'utilité de cette profession n'est plus à démontrer.
Le vieux pharmacien est assis dans son bureau, celui d'une officine ouverte dans les années 70; il nous accueille pour nous parler de ce conflit qui oppose les pharmaciens aux autorités  de tutelle. En vérité, il nous déclare qu'il est fatigué et qu'à l'heure où certains de ses amis exerçant d'autres professions ont pris leur retraite, lui est obligé de venir à sa pharmacie tous les jours.. Sa présence est obligatoire encore, car dans ce métier, il n'y a pas de retraite.
Lorsqu'il évoque la profession de ses débuts, il n'est pas nostalgique, mais un peu amer car avec le temps qui passe, la situation n'a pas arrêté de se détériorer et de nous déclarer : «Le pharmacien véhicule une image  d'opulence qui n'a rien à voir avec la vérité». De 200 pharmaciens exerçant dans les années 70, nous sommes aujourd'hui 12.000; cette évolution en chiffre s'est accompagnée d’une détérioration significative de la qualité d'exercice de la profession. Ainsi  lorsque dans les années 80, le monopole accordé à la profession a commencé à s'effriter, notamment en matière de vente du médicament vétérinaire, pas grand monde n'a bougé, y compris à l'intérieur de la profession. S'en est suivi ensuite le problème de la parapharmacie qui s'exerce aujourd'hui  souvent dans des conditions douteuses tant en termes de législation qu'en termes de sécurité sanitaire. Tout cela  au vu et au su de tout le monde, sans parler des médicaments vendus hors du circuit pharmaceutique ou  par les associations ou encore par les laboratoires directement au malade… ».
Ce témoignage résume à peu près la situation d'une profession en perte de vitesse.
Et pourtant cette profession avait ses lettres de noblesse, et les  pharmaciens étaient jadis considérés comme des notables. Tout cela a été sacrifié sur l’autel de certaines évolutions ou par absence de mécanismes de régulation. Cette dégradation qui prend l'allure d'une maladie chronique s'accompagne parfois de propos déplacés de dénigrement. Ainsi dans les salons huppés, certaines  élites traitent quelquefois les pharmaciens d'épicier. Sur ce point, notre pharmacien est catégorique. Si les officinaux sont des épiciers et bien que les responsables aient  le courage de laisser aux vrais épiciers le soin de vendre les antibiotiques, les corticoïdes, les bétabloquants, les neuroleptiques,  etc.
La vérité est évidemment ailleurs; les pharmacies sont les espaces où se traitent 80% des pathologies ordinaires. C'est un lourd fardeau dont les autorités sont soulagées. Sans parler du conseil ! Ainsi n'importe quel citoyen peut avoir l'avis expert d'un pharmacien gratuitement. Faisant partie du personnel soignant, le pharmacien est conseiller en matière d'hygiène, d'alimentation, de prévention ….Et tout cela pour un salaire qui ne dépasse pas 10% du prix des médicaments qu'il vend. S'il ne vend rien, il ne touchera rien. Dixit son conseil.
Cette réalité trouve sa confirmation dans les chiffres qui sont  indiscutables. Lorsque vous considérez le chiffre d'affaires moyen au Maroc d'une pharmacie, celui-ci ne dépasse pas 700.000 dirhams. Dans les années 90, Saâd Zniber, un éminent pharmacien disparu aujourd'hui, déclarait que le seuil de rentabilité d'une pharmacie était  de l'ordre de 1,2 million de dirhams : 20 ans après, le chiffre d'affaires des  pharmacies est en moyenne inférieur de 50% à ce seuil.
La profession est à l'agonie, Il n'y a pas d'autres termes pour qualifier la situation. Et le vieux pharmacien, en parlant de la baisse que les autorités veulent appliquer aux médicaments ajoute :" S'il est louable de faire de la politique avec le médicament, pourquoi sur le dos des pharmaciens? La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a . .Et les pharmaciens n'ont justement  plus rien à donner."
En vérité, les pharmaciens trouvent que la situation est pernicieuse: faire croire que les médicaments sont chers consiste à montrer du doigt  les pharmaciens et les prendre  pour des boucs émissaires d'une situation dont ils ne sont pas responsables. .Et avec  la santé le problème est délicat. Le citoyen peut se ruiner en matière de GSM ou en achat de tabac, personne n y trouvera rien à redire, mais acheter une boîte de paracétamol à 10,25 DH peut être considéré comme excessif.
Aujourd'hui, le conflit est sur la place publique. Dans leurs arguments, les pharmaciens ne demandent, à juste titre, que de considérer le médicament comme un simple élément intervenant dans le coût du soin et demandent que  justice soit faite quant aux montants de  leurs émoluments.
Personne n'a intérêt à aggraver la situation des pharmaciens et surtout pas les autorités de tutelle. Affaiblir encore plus les pharmaciens équivaut à la fermeture de milliers d'officines avec   le champ libre à la contrebande et à la contrefaçon. Les pharmacies sont des espaces qui ont la confiance des citoyens. Les préserver relève de l'utilité publique.
Et le vieux pharmacien de conclure : les pharmaciens ont longtemps fait partie des élites de notre pays, à l'instar des autres élites; ils ne se sentent plus valorisés; notre société fait de plus en plus la part  belle à des activités de spéculation ou de rente  dépourvues de toute plus-value. Il est temps de reconsidérer cette situation. Rendre à César ce qui lui appartient. En cette période de crise, il faut réhabiliter les élites. C'est aussi le chemin du développement dont il est question. C'est le message que veulent transmettre aujourd'hui les pharmaciens. Et il est clair.


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1.Posté par nimirozehaha le 13/09/2012 10:55
Et que dire des absents des officines qui affichent des diplomes seuls presents au mur !

2.Posté par Défini le 13/09/2012 12:28 (depuis mobile)
En réalité je vois plus l utilité du pharmacien plutôt du vendeur car personne qui restent dans leur pharmacie .c est une tâche qui doit revenir au médecin il conseillera mieux et il a le droit de de prescription et ne pas laisser les médicaments po

3.Posté par Harcham le 13/09/2012 14:57
Actuellement vu la faillite du secteur on trouve plus les employes mais surtout un employe qui est le pharmacien Lui meme , le pharmacien n arrive plus a payer des employes . C est un secteur qui peut embaucher bc de personne ,mais malheureusement ce n est plus le cas

4.Posté par nimirozehaha le 13/09/2012 16:57
les libéraux débordés par la quantité de diplomes se révoltent contre le libéralisme :alors il faut choisir liberer ou réguler il faut choisir ,on peut etre libéral qu'avec le gain démesuré ou rien ,la bourgeoisie est dépassée et elle cherche la protection de l'état et bien elle est écoutée puisque le ministre de l'enseignement veut enterrer la gratuité des études !

5.Posté par simohamed le 25/09/2012 19:11
en 1983 en france le diplome de pharmacien est passé de 5 à 6 ans pour etre titulaire du diplome de docteur en pharmacie. plusieurs etudiants marocains ont raté le concours de premiere année à cause du cota .il y'a plusieurs qui sont devenus maçons malgré un bac avec mention. et d'autre sont revenus avec un diplome alors qu'ils ne parlent meme pas le russe.il mettent leurs cousins anciens chomeurs pour servir et expliquer la pharmacie gualenique. soyons respnsable.qui seme le vent récolte la tempete. ça ne dois pas dénegrer la profession qui est et restera noble au service de ce qui est le plus chére au monde : la santé.
j'ai confiance en l'avenir car le maroc a pris conscience et les pharmaciens ne sont pas des vendeurs ,ce sont de vrais professionnels de la santé avec un diplome . facile de critiquer . vive le maroc

6.Posté par Anti-Défini le 30/10/2012 15:49
Pour le commentaire 2: Si c'est le cas, alors ne rentre jamais dans une pharmacie sans ordonnance. Meme pour un maux de tete, va te chercher une ordonnance.

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