Malgré huit semaines de pourparlers, la méfiance demeure de mise au Yémen

"La guerre est finie pour nos troupes" déclare le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères dont le pays a payé un lourd tribut


Vendredi 17 Juin 2016

Les protagonistes du conflit yéménite peinent à progresser après huit semaines de pourparlers à Koweït sous l'égide de l'ONU qui cherche à briser leur méfiance mutuelle en vue d'un règlement de paix, selon des sources politiques et diplomatiques.
"Faire des concessions" est le leitmotiv du médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui avait prévenu, dès l'ouverture des négociations le 21 avril, qu'"un échec n'est pas permis" dans un pays où la guerre a fait plus de 6.400 morts et 30.000 blessés en près de 15 mois.
Les tractations entre une délégation gouvernementale yéménite, appuyée par l'Arabie Saoudite, et celle des rebelles chiites houthis et de leurs alliés, soutenus par l'Iran, "butent sur la persistance d'une méfiance mutuelle", a indiqué à l'AFP un diplomate occidental qui suit de près les discussions.
Les pays du Golfe, en premier lieu les Emirats arabes unis et l'Arabie Saoudite impliqués militairement, cherchent une issue au conflit, a déclaré mercredi soir le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash. Sa déclaration a été aussitôt tweetée par le prince héritier d'Abou Dhabi
Les forces armées émiraties ont payé un lourd tribut au Yémen où elles ont perdu quelque 80 hommes en près de 15 mois. En mars, un avion de combat émirati s'était écrasé au Yémen et, coup sur coup dimanche et lundi, les Emirats ont déploré la perte de deux hélicoptères et de quatre pilotes.
Après de laborieuses concertations avec les négociateurs yéménites et des diplomates de pays parrains des pourparlers à Koweït, le médiateur de l'ONU a élaboré début juin un projet de plan de paix en trois points qu'il a soumis aux délégations, selon des sources gouvernementales et diplomatiques.
Ce plan prévoit "l'abrogation de la Déclaration constitutionnelle et la destitution du Comité révolutionnaire" ayant marqué la prise du pouvoir par les Houthis le 21 septembre 2014 au terme de leur coup de force contre le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Une commission militaire serait formée pour superviser la restitution par les rebelles des armes lourdes et moyennes saisies à l'Etat et leur retrait des zones conquises par la force, dont la capitale Sanaa et ses environs, toujours selon ce projet.
Le gouvernement, aujourd'hui basé à Aden (sud), reprendrait ses quartiers à Sanaa "dans un délai de deux mois" et le président Hadi proclamerait alors une amnistie générale.
Le cabinet de Hadi laisserait ensuite la place à "un gouvernement de partenariat national", ouvrant la voie à la reprise du processus politique pour une période transitoire de deux ans, d'après ce plan cité par les mêmes sources.
Pour favoriser un rapprochement, l'émissaire de l'ONU a tenté, en vain, d'obtenir des rebelles et du gouvernement la libération de la moitié des prisonniers qu'ils détiennent avant le Ramadan.
Certains détenus ont été libérés: les Houthis ont annoncé avoir libéré 187 prisonniers et l'Arabie Saoudite a indiqué la semaine dernière avoir libéré 52 enfants capturés alors qu'ils combattaient aux côtés des rebelles.
Les négociations directes, qui ont repris lundi après une interruption de près de deux semaines, "se poursuivent sur les questions militaire et sécuritaire", a déclaré mercredi Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.
Les rebelles s'en tiennent à un gouvernement de consensus, comme l'a rappelé mardi soir leur chef de délégation Mohammed Abdelssalam. "Tout accord ignorant notre demande d'une autorité consensuelle serait rejeté".
Cette autorité serait composée d'un président, d'un gouvernement d'unité nationale et des commissions militaire et de sécurité, a-t-il expliqué.
Le camp du président Hadi rejette cette proposition, estimant qu'elle mettrait en cause la légitimité du chef de l'Etat reconnu par la communauté internationale.
Pour favoriser une percée, "10 des 18 pays parrains des négociations ont promis de donner des garanties pour un accord de paix au Yémen", a expliqué le deuxième diplomate.
Cependant, le processus donne lieu à des gesticulations. Mardi soir, le chef de la délégation gouvernementale, Abdel Malak al-Mekhlafi, a menacé de se retirer des négociations. "Je pense que nous avons encore une semaine" avant que "nous n'atteignons le bout".
Sur le terrain, un cessez-le-feu est officiellement en vigueur depuis le 11 avril, mais des combats, ponctués de raids aériens de la coalition sous commandement saoudien, se poursuivent, même s'ils ont baissé en intensité depuis la trêve.

 


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