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Salutations, embrassades, accolades. C’est dans cette ambiance que se sont retrouvées trois jeunes femmes. Elles se donnent rendez-vous chaque jour sur le quai. Et pour cause, elles font la navette Rabat-Casa. Un sifflement, enfin le train est là. Les voyageurs se précipitent et montent à bord. Sur un air décontracté laissant entrevoir une longue habitude, les jeunes femmes prennent possession des lieux. Dans un compartiment, Amina les attend ravie de les voir arriver. C’est à croire qu’elle les reçoit chez elle. Après le brouhaha des retrouvailles, elle s’empresse, en bonne maîtresse de maison, de servir ses “hôtes . Thermos et verres en plastique “Hum, ça, c’est du café…..”, fait remarquer Khadija en dégustant sa boisson chaude. Et d’ajouter :“Rien à voir avec le café soluble qu’on nous sert à bord du train. “Dis plutôt le jus de chaussette imbuvable», l’interpelle Leila, sans parler du prix. «Bien évidemment, je n’ai pas oublié d’apporter les viennoiseries, allez servez-vous”, lance-t-elle. La journée démarre ainsi dans une ambiance festive, essayant tant bien que mal d’oublier les nuisances du trajet.
A peine installées, un employé du train dans son uniforme bleu, sa casquette vissé à la tête vient les trouver en affirmant :«S’il y a parmi vous des personnes qui font la navette, qu’elles aient l’amabilité de remplir ce questionnaire». L’occasion pour elles de laisser libre cours à leurs pensées. Leila s’empare du questionnaire et y jette un coup d’œil rapide. «Ce n’est pas la première fois que je remplis ce genre de paperasses et les choses peinent à changer», s’indigne Leila. Avant d’ajouter : «Nos litanies tombent dans l’oreille d’un sourd. On ne fait pas état de nos doléances et pourtant il semblerait que ce sont 35.000 passagers qui empruntent la navette Rabat-Casa quotidiennement. Des retards à tout va, des arrêts parfois longs et inexpliqués et tant pis pour les voyageurs. Quand cela arrive au niveau d’une gare, chacun se débrouille comme il peut. Mais quand l’arrêt survient en rase campagne, il faut juste s’armer de patience ». Elle semble bien remontée car elle continue sur sa lancée : «Pas plus tard que la semaine dernière quand il a plu, les compartiments ont suinté. Un peu de respect, bon sang! Je vais coucher toutes ces remarques noir sur blanc mais..... » Les autres opinent du chef dans un geste d’assentiment. Elle retourne à son questionnaire en marmonnant toute son exaspération. A l’autre bout du compartiment, un jeune homme somnolent mais que le débat semble intéresser intervient :«Je suis entièrement d’accord avec vous. J’ai dû changer de boulot à cause de mes retards répétés et que mon patron n’a pas tolérés. Maintenant que je travaille à mon propre compte, les choses se présentent autrement» et d’ajouter pensivement : «Quand j’étais en France, je faisais également la navette, c’est beaucoup moins stressant car la ponctualité est de rigueur sauf cas de force majeure bien sûr». Un silence s’installe dans le compartiment, le temps pour chacun de retourner à son questionnaire. Et puis Sarah, la benjamine du groupe, l’air de réfléchir à voix haute, aborde le sujet sous un autre angle : «Soyez sûrs que s’il y avait un autre concurrent sur les rails, l’Office prendrait plus au sérieux les remarques des passagers afin d’améliorer ses prestations. Là, il nous tient sous sa coupe». Chez Amina, c’est un autre son de cloche. «Quoi qu’on dise et quels que soient les reproches qu’on peut faire adresser à l’ONCF, j’estime pour ma part que le train demeure le moyen de transport le plus adéquat pour quelqu’un qui se déplace chaque jour. J’en sais quelque chose vu que je fais la navette depuis 17 ans. Au début, je prenais ma voiture, mais je n’ai pas réussi à tenir longtemps. La fatigue et le stress liés à la conduite ont eu gain de moi. Avec le temps, je suis devenue un véritable bureau de renseignements. L’ONCF devra me décerner une médaille pour ma fidélité».
Enfin, le train arrive. Les jeunes femmes descendent en bousculant presque les voyageurs, pressées qu’elles sont d’arriver à leur lieu de travail. «Pourvu que ma cousine passe me prendre, lance Hakima, car pour trouver un taxi, c’est une autre paire de manches». Quant à Naima, elle s’engouffre dans la voiture priant son chauffeur d’arriver au plus vite.
Croisons les doigts pour que le TGV fasse mieux !