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Pourtant ce mardi matin, les absents ont fait le choix de l’hypocrisie sociale. La ministre islamiste de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, Bassima Haqqaoui –dont on connaît la farouche opposition à l’avortement qu’elle voudrait soumettre à référendum- n’a répondu à aucune des nombreuses sollicitations de l’association qui l’a pourtant invitée à la séance d’ouverture de son congrès. Et si la plupart des partis ont délégué un représentant pour assister au panel consacré aux points de vue des formations politiques sur la question de l’avortement, le PJD n’avait pas, à l’heure où nous mettions sous presse, confirmé sa présence. Etrange position d’un parti politique qui, il y a deux ans et alors qu’il était sur les bancs de l’opposition, avait organisé, sous la Coupole, un débat sur l’avortement clandestin en invitant Chafiq Chraïbi et son association sur la lutte contre l’avortement clandestin !
«L’avortement, un problème
de santé publique»
Hier, à la séance d’ouverture, il y avait fort heureusement les présents. Ceux et celles qui forcément ont choisi d’ouvrir les yeux pour être confrontés au drame de ces femmes qui subissent un avortement clandestin. «Il y en a 600 à 800 par jour au Maroc!», s’exclame Pr Chafiq Chraïbi. Généralement, ce sont des mères célibataires, issues d’un milieu précaire, et sous scolarisées. Chez nous, le tiers des grossesses aboutissent à un avortement, révèle le directeur des hôpitaux au ministère de la Santé, Ali Alaoui Belghiti qui a pris la parole à la place de Houssein Ouardi. Le ministre de la Santé, un homme de gauche et médecin, qui s’est fait porter pâle à la dernière minute, a, il faut le dire, apporté son plein soutien au débat sur l’avortement. «Sur 303 décès maternels, 7 sont dus à un avortement. La question de l’avortement demande un engagement des décideurs politiques, de la société civile qui tous doivent trouver une solution adaptée au contexte marocain. Le ministère de la Santé va être présent dans ce débat, donner son avis, contribuer à jeter un éclairage. Pas question de ne pas reconnaître ce problème parce qu’il est encore tabou», déclare ce haut responsable du ministère de la Santé.
Pour l’Organisation mondiale de la santé, l’avortement est un problème de santé publique. C’est exactement ce que soutiennent les professionnels de santé qui mènent combat avec Chafia Chraïbi, le président de l’AMLAC. «Nous n’encourageons pas l’avortement, nous disons simplement que l’avortement doit être fait dans de bonnes conditions sanitaires. De la même manière, nous axons sur la prévention pour justement éviter les grossesses non désirées», explique C. Chraïbi, pour mieux balayer toute tentative de procès en sorcellerie.
Le président du Conseil national des droits de l’Homme, Driss El Yazami, a, lui, balayé toute forme de langue de bois dans son discours prononcé à l’ouverture des travaux du congrès de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin. La pénalisation de l’avortement, explique-t-il, est très sévère dans notre pays et très large en ce qui concerne les personnes visées par les sanctions. «Le résultat est pourtant là, et on continue de porter atteinte au premier droit, qui est le droit à la vie parce que des femmes meurent, victimes d’avortements clandestins. L’avortement doit pouvoir être autorisé pour des grossesses non désirées comme les rapports sexuels incestueux, les viols etc, et dont les conséquences sont immenses. Je pense aussi au droit des femmes de disposer librement de leurs corps», martèle Driss El Yazami avant d’annoncer l’engagement du Conseil national des droits de l’Homme à contribuer à mettre fin à l’hypocrisie sociale qui entoure la question de l’avortement au Maroc et à «cette atteinte faite aux droits des femmes».
Ouvrir le débat loin
de la surenchère
Au débat sur l’avortement clandestin, Bassima Haqqaoui a choisi la chaise vide, la politique de l’autruche et la poussière sous le tapis. Nouzha Skalli, la députée, était, elle, bel et bien là. Ministre de la Femme sous le gouvernement d’Abbas El Fassi, Mme Skalli a brisé le silence gouvernemental en affirmant la nécessité de se «pencher sur la question de l’avortement». «Les résistances sont fortes dès qu’il s’agit de droits des femmes. Je ne suis pas arrivée à faire passer une loi contre le harcèlement sexuel ni contre la violence conjugale» fait-elle remarquer. Cette militante de gauche et activiste des droits des femmes le dit haut et fort : le temps est venu d’ouvrir ce débat, loin de toute surenchère politicienne. «Face à ce drame qui frappe des milliers de Marocaines, il faut que nous trouvions un consensus et surtout faire preuve de courage. J’appelle ceux et celles qui se sont absentés délibérément ce mardi matin à nous rejoindre», lancera depuis la tribune Nouzha Skalli
Le débat est ouvert. Et pour Khadija Rouissi, l’une des vice-présidentes de la Chambre des représentants, il doit nécessairement investir l’institution législative «en toute sérénité et responsabilité». C’est aussi le vœu de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin qui devait consacrer une partie des travaux de son deuxième congrès à la discussion du contenu d’une proposition de loi relative à l’avortement ainsi qu’à la constitution d’une coalition politique sur cette même question qui continue d’être taboue en terre marocaine.