Le ministère de l’Intérieur espagnol est accusé de manipuler les statistiques concernant les immigrés subsahariens qui attendent au Maroc et en Mauritanie le moment opportun pour entrer dans la péninsule ibérique.
Il y a quelques jours, les autorités espagnoles avaient, en effet, affirmé que 80.000 immigrés clandestins sont à l’affût aux frontières. Ce chiffre exorbitant a été qualifié d’« exagéré » par le coordinateur fédéral de la Gauche unie espagnole (Izquierda Unida, extrême gauche), Cayo Lara.
Ce politicien a laissé entendre, dans une interview à la radio nationale d’Espagne relayée par Europa Press, que les autorités espagnoles manipulent les chiffres concernant l’immigration, et ce depuis la mort de 15 immigrés subsahariens au large de Sebta. Lesdites autorités ont affirmé que le nombre de ces derniers s’élevait à 30.000 juste après ce drame et «maintenant elles parlent de 80.000, demain de 200.000 en attendant peut-être une invasion», a-t-il ironisé. Il a estimé que 500.000 immigrés et 265.000 Espagnols ont quitté l’Espagne ces dernières années à cause de la crise. Et d’ajouter :«Je ne vois pas pourquoi on s’alarme outre mesure à cause de l’arrivée de 500 ou 1000 Subsahariens».
Cayo Lara a, par ailleurs, souligné la nécessité d’éclairer l’opinion publique sur ce qui s’est passé le 6 février dans le préside occupé de Sebta, car «15 morts, ça ne se résout pas par une explication, mais par une investigation approfondie et l’on ne peut pas dire que ce pays va passer l’éponge», a-t-il dit.
Mais apparemment, les propos de ce leader politique d’extrême gauche, ne semblent pas avoir eu d’écho au sein des pouvoirs publics qui continuent d’agir comme si ils se livraient à une course contre la montre pour tourner la page de ce drame qui a provoqué l’ire de l’opposition, des ONG et de l’Union européenne notamment contre l’utilisation par la Guardia civil de balles de caoutchouc contre les émigrés qui tentaient d’entrer à Sebta, à la nage.
En effet, le ministre espagnol de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz, multiplie les déclarations et les mesures visant à faire oublier cette tragédie. Dans ce sens, il fait pression sur les autorités marocaines pour qu’elles appliquent l’accord de réadmission des immigrés clandestins signé entre les deux pays en 1992. Il a d’ailleurs annoncé, avant-hier, que la commission mixte maroco-espagnole se tiendra le 26 mars courant à Tanger pour plancher sur cette problématique.