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Cette conférence sous le thème : « Suicide et changements sociaux au Maroc », a été l'occasion pour le Pr. Moussaoui de mettre en lumière ce phénomène étranger à la société marocaine. Chiffres à l'appui, il a indiqué que « le suicide est un phénomène qui touche tous les âges ou presque, les deux sexes et toutes les classes sociales ». A titre d'exemple, il a mis en exergue une réalité frappante, selon laquelle « le taux de suicide chez les adolescents casablancais dépasse les 24% ».
Le Pr. Moussaoui, qui occupe aussi le poste de directeur du Centre collaborateur de l'OMS en santé mentale et en neurosciences, le fameux 36, a expliqué l'étendue de ce phénomène par le changement identitaire profond et par le délitement des liens sociaux que connaît le Maroc actuel. Selon lui, «le suicide a toujours existé mais semble devenir de plus en plus fréquent du fait des changements sociaux au Maroc et dans le monde. C'est aussi un tabou qui continue à résister à toutes les données scientifiques dans le domaine». Dans ce sens, il a précisé que malgré l'absence de chiffres officiels, le nombre de suicides rapportés par la presse augmente d'année en année.
Par ailleurs, il a fait part des facteurs poussant au suicide, notamment les troubles mentaux de type dépression, les troubles paniques, la schizophrénie ou trouble bipolaire. A ce titre, il a souligné que 10% de schizophrènes ou de bipolaires meurent par suicide. Parmi les autres facteurs poussant au suicide, il a cité la distension du lien social et l'isolement, les crises par dépassement des capacités d'adaptation et ce qu'il a appelé « l'accélération du temps partout dans le monde, y compris au Maroc ».
Le Pr. Moussaoui a, par ailleurs, rappelé que l'Organisation mondiale de la santé estime que le nombre de décès par suicide dans le monde au cours des 30 dernières années est supérieur à celui des décès par le sida. A cet égard, il s'est exclamé : « Pourquoi tout le monde parle de sida et personne ou presque de suicide?» avant d'affirmer qu'il y a plus de morts par suicide dans le monde que d'homicides, de victimes de guerres et de décès par accidents de la circulation. En matière de thérapie, il a affirmé que « la prévention du suicide se doit d'être en même temps médicale, en particulier à travers le diagnostic et le traitement de la dépression, qui est le principal facteur de risque, mais aussi des mesures sociales pour rendre la vie dans les villes et dans les campagnes plus humaine et moins dure».