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« Il s’agit effectivement d’une féminisation de l’épidémie qui est en corrélation avec la féminisation de la pauvreté », nous a indiqué Ahmed Douraidi, responsable du plaidoyer à l'Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS). Et de préciser que « 70% de ces femmes infectées sont des épouses comme c’est le cas dans le reste du monde arabe ». Un état de fait qui trouve son explication dans la situation d’infériorité que subissent nombre de femmes et qui ne leur permet pas d’imposer que leurs relations sexuelles soient protégées. « La polygamie, la situation économique et sociale des femmes et d’autres facteurs expliquent aussi l’augmentation de cette épidémie parmi la gent féminine », nous a-t-il expliqué. Cette vulnérabilité trouve également son explication dans des facteurs biologiques. Certaines études médicales ont indiqué que l’appareil génital féminin présente une plus grande surface de muqueuses exposées aux sécrétions sexuelles et aux microdéchirures qui facilitent la transmission du virus.
« Le poids des traditions et de la culture fait que ce sujet reste tabou entre les couples mariés. A titre d’exemple, on a travaillé avec des routiers marocains qui font du TIR et qui ont avoué contracter des relations sexuelles extra-conjugales sans se protéger et sans en piper mot à leurs épouses. Ces dernières ont certes leur idée sur les aventures de leurs maris mais elles ne peuvent pas en discuter avec eux de peur d’être taxées d’infidélité ou d’être répudiées», nous a révélé le militant de l’ALCS. Et d’ajouter : « Pis, une grande partie de ces femmes ignore le fait qu’elles sont des séropositives. Souvent, elles apprennent leur séropositivité au moment de leur grossesse ou carrément lors de l’accouchement lorsque l’on découvre que leur bébé est atteint du sida qui a déjà infecté son père et sa mère ». Le même constat a été observé au niveau des femmes africaines dont une grande majorité est contaminée dans le cadre du mariage puisque leurs maris ont souvent plusieurs partenaires mais elles n’ont pas le moyen de leur imposer l’abstinence ou l’usage du préservatif.
Notre source estime qu’il n’y a pas que l’ignorance qui participe à la propagation de cette épidémie. Les lois y contribuent également et peuvent même se révéler plus létales que le virus. « Plusieurs lois entravent la lutte contre cette maladie. Notamment celles basées sur la discrimination. Aujourd’hui et malgré le fait qu’il s’inspire de la loi française sur la discrimination, le législateur marocain s’est contenté de sérier huit cas de discrimination alors que la loi française en cite 16. On y a gommé tout ce qui est en relation avec l’orientation sexuelle ou le genre », nous a-t-il déclaré avant de conclure : « Le problème a également une dimension intellectuelle et idéologique. Il est afférent à la vision politique et au projet de société en cours».