La déclaration du chef du gouvernement du 17 juin courant, devant les conseillers, continue de faire des remous notamment au sein des mouvements féministes. C’est le cas de «La Coalition Printemps de la dignité » qui, dans un communiqué publié à l’occasion, condamne fortement les hostilités et les atteintes verbales répétées d’Abdelilah Benkirane envers la femme au travail en particulier, et les femmes marocaines en général. D’après lui, ces dernières ont un rôle plus important à jouer dans leurs foyers notamment au niveau de l’éducation de leurs enfants. Il les confine ainsi dans le seul espace privé au grand dam des féministes. Les membres de la coalition montent au créneau et appellent ainsi toutes les femmes élues, en général, et les parlementaires, en particulier, à exprimer de façon explicite et publique leur position par rapport à ces actes délibérés et à interpeller leur auteur au sein des instances parlementaires.
Par ailleurs, la « Coalition Printemps de la dignité», le «Collectif printemps féminin pour la démocratie et l’égalité » ainsi que l’ensemble des réseaux et des associations féminines, des droits humains et démocratiques considèrent que ces atteintes répétées du chef du gouvernement ne sont pas seulement des fautes causées par sa prétendue spontanéité et ses discours improvisés. Elles correspondent à une tactique idéologique élaborée, pratiquée systématiquement et délibérément, dans le but d’approfondir la fracture verticale de la société. Ils estiment que ces déclarations sont une atteinte à la dignité et aux droits des femmes et une violence verbale explicite du gouvernement représenté par son chef envers toutes les femmes et pas seulement celles qui endurent la charge quotidienne du travail à l’intérieur et à l’extérieur de la maison pour contribuer à l’éducation des enfants de notre pays. Allant dans le même sens, le communiqué souligne que ces déclarations, en plus de l’affront et du mépris envers les femmes, vont à l’encontre des mouvements de défense des droits des femmes dans notre pays, en général, et des « soulalyates », en particulier en affirmant que leur combat serait instrumentalisé par d’autres.
Pourtant, rappelle le communiqué, au lieu de verser dans la polémique, le gouvernement aurait mieux fait de prendre en charge, avec vigueur et responsabilité, l’exécution des obligations qui lui sont attribuées pour rendre effectives les réformes législatives en attente pour l’égalité des sexes et agir pour leur adéquation avec les obligations et les engagements du Maroc et avec la lettre
et l’esprit de la Constitution. Il en est ainsi de la révision du Code de la famille, du Code du travail, du Code pénal, du Code de procédure pénale, de la loi devant protéger les femmes contre toutes formes de violence et mettre fin à l’impunité des auteurs de violence…Il a choisi ainsi le louvoiement en suscitant les instincts masculins et en faisant croire que la cause fondamentale des divers problèmes sociaux ne réside pas dans les politiques publiques suivies, mais serait plutôt la prétendue «dégradation des valeurs morales » résultant du rôle joué par la femme sur le marché du travail.