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Selon les auteurs de cet ouvrage, le volume des migrants ayant le niveau supérieur a atteint aujourd’hui 853.000 personnes contre 585.000 en 2000 soit un taux de croissance de 46%. Les ressortissants du Maroc occupent la tête de peloton au niveau du Maghreb avec 397.000 migrants de niveau supérieur suivis par ceux de l’Algérie avec 37%, puis de la Tunisie avec 12%. La Libye et la Mauritanie viennent en 4ème et 5ème positions avec respectivement 3% et 1%. Selon le document, le taux moyen des Maghrébins de niveau supérieur dans les pays de l’OCDE était de 9,2% en 1990 et il est passé de 17,6% en 2000 à 22,3% en 2010. A noter que ces pays accueillent près de 90% de Maghrébins installés à l’étranger.
La hausse la plus importante est observée pour l’Algérie, avec plus de 16% depuis les années 1990. Elle est suivie de la Mauritanie, avec 12%, mais son taux est resté stable entre 2000 et 2010. La Tunisie a connu une hausse de près de 10% depuis 1990, et le Maroc un écart positif de 5,4% entre 1990 et 2010. Concernant la Libye, son taux est reparti à la hausse en 2010 avec 12% de plus après une chute entre 1990 et 2000.
L’étude a démontré que les migrants algériens qualifiés représentent 26% en moyenne des 267.000 Algériens installés dans les pays de l’OCDE, dont 1,2% ont un PHD (plus haut niveau d’études). 85% des compétences algériennes sont concentrées en France, dont 30% sont principalement des médecins, des psychiatres. Le Canada est le deuxième pays d’accueil des «cerveaux» algériens, suivi de la Grande-Bretagne. Les chercheurs du CREAD ont constaté que 24% des migrants ont conservé la nationalité algérienne alors que 75% d’entre eux possèdent la nationalité du pays d’accueil.
Pourquoi ces compétences fuient-elles leurs pays d’origine ? Il y a d’abord le besoin d’ opportunités de travail, de formation et de perfectionnement permettant une meilleure reconnaissance internationale et offrant plus de chances de recrutement. Ensuite, la quête d’avantages matériels et financiers offrant un meilleur environnement en matière de travail, de qualité de vie et garantissant un meilleur avenir pour leur progéniture. Et enfin, le manque de perspectives professionnelles et universitaires dans leurs pays d’origine. Les facilités d’installation dans les pays d’accueil jouent également en faveur de la prise de décision de non-retour. « Cette fuite des compétences s’explique alors par l'impossibilité de trouver sur place, un environnement matériel, politique, scientifique, socioculturel adéquat, à savoir toutes choses qui seraient propices à un épanouissement professionnel mais aussi personnel. Avec parfois le sentiment, plus ou moins fondé, que leurs compatriotes semblent se désintéresser quelque peu de leurs activités de recherche ou centres d’intérêt (il suffit de voir, à ce sujet les budgets consacrés, les institutions existantes ou les crédits fournis pour la recherche scientifique). La considération tant recherchée et attendue, ne survient qu’a posteriori et après une reconnaissance acquise à l’étranger. Choix de départ aux raisons objectives, quand c’est l'inexistence de structures nationales pour les sciences appliquées comme la physique nucléaire ou l’astronomie par exemple », a expliqué Pr. Mohamed Charef, l’un des coauteurs de cet ouvrage. Un état de fait des plus problématiques puisque ce sujet, poursuit-il, n’est ni nouveau, ni anodin et ne semble pas faire l’objet de préoccupations majeures. Si ce dossier fait de temps à autre une apparition dans les médias qui s’alarment de l’exode des cerveaux marocains, personne ne cherche pour autant à évaluer l’importance de cette « fuite », des catégories de compétences concernées et de l’impact sur le développement national, a-t-il conclu.
Reste à souligner que les conclusions révélées par cet ouvrage confirment les tendances déjà observées par la Division de la population relevant des Nations unies et de l’OCDE qui ont attesté, en 2013, que, dans presque tous les pays d’origine, le taux d’émigration des personnes hautement qualifiées est supérieur au taux d’émigration total.
Parmi les diplômés de l’enseignement tertiaire nés en Afrique, un sur neuf vit dans la zone OCDE. En 2010-2011, au Burundi, au Lesotho, au Malawi, aux Maldives, au Mozambique, en Namibie, au Niger, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Tanzanie et en Zambie, les taux d’émigration des personnes hautement qualifiées représentaient plus de 20 fois le taux d’émigration total.