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Une campagne de sensibilisation sur l'importance de préservation des ressources naturelles et du respect de l'équilibre écologique des écosystèmes dans les régions oasiennes a été lancée. Et dans ce cadre, les membres de l'APBOSEM ont effectué le 20 mai une sortie de prospection au lac Ksar Jdid, en compagnie d'amateurs d'ornithologie. Il a ainsi été possible d'observer plusieurs espèces d'oiseaux : une dizaine de foulques macroules (Fulica atra), quatre couples de tadorne casarca (Tadorna ferruginea), deux couples du héron cendré (Ardea cinerea) et plusieurs autres espèces non encore identifiées. Quatre couples de grand cormoran (Phalacrocorax carbo) ont été observés en hiver dans ce site. Peu connu, même par la population d'Errachidia, le lac Ksar Jdid est situé près du village qui porte le même nom, relevant de la commune d'El Kheng.
Il s'étend sur une superficie d'environ 60 hectares, avec une profondeur du lac pouvant dépasser les 4 mètres pendant les années agricoles. En fait, le volume d'eau de ce lac est tributaire des pluies enregistrées dans la région, mais aussi du taux de remplissage du barrage Hassan Eddakhil, situé à environ 2 kilomètres, à vol d'oiseau, au nord de cette étendue d'eau.
Ce lac, que l'on pourrait qualifier d'artificiel, a vu le jour au moment de la construction du barrage Hassan Eddakhil inauguré en 1971. L’implacement du lac avait fait l'objet de creusement, de fonçage et de transport de terres nécessaires pour combler et surélever la digue du barrage Hassan Eddakhil. Il constitue actuellement un vaste réservoir d'une diversité biologique que l'on commence à peine à inventorier.
Cet écosystème renfermant une biocénose riche et diversifiée fait, malheureusement, l'objet de plusieurs agressions de la part des populations non conscientes de l'importance qu'il faut accorder à la préservation de la biodiversité. En effet, on assiste actuellement à une très forte pression sur ce lac de la part des braconniers qui lancent quotidiennement leurs cannes à la recherche du « black bass », magnifique poisson de sport qui séduit des dizaines de pêcheurs d'Errachidia, sans aucun respect de la période de reproduction.
Les oiseaux aquatiques sont aussi chassés par des gamins et dérangés par des véhicules qui ne cessent de passer près de leurs habitats. La flore, très riche en espèces spécifiques à cette région oasienne et dominée par une phragmitaie assez dense, a connu à cause des fumeurs, des incendies à plusieurs reprises.
«Le site accueille une variété d'oiseaux autochtones et migrateurs. Il faudrait prévoir une valorisation écotouristique, ce qui favoriserait la protection de la biodiversité et notamment les espèces d'oiseaux locales», souligne Hrou Aboucharif, président de l'APBOSEM, avant d'ajouter que la mise en œuvre des aménagements de ce site nécessitera la contribution du Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la désertification, les associations locales, la commune rurale d'Elkheng, les habitants du village Ksar Jdid, des organismes de protection des oiseaux et les différents acteurs œuvrant dans la lutte contre la dégradation de la biodiversité. Une synergie s'avère donc bien primordiale pour préserver ce site naturel. La ville d'Errachidia n'en sera que gagnante.