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En effet, les milieux d'affaires et de la finance marocains estiment que la situation est inquiétante et qu'elle sera pire pour l'économie si la crise des pays de la zone euro persiste en 2013. Notamment pour le secteur des exportations qui est le plus perturbé jusqu'à présent. Selon le Centre marocain pour la promotion des entreprises (CMPE), l'activité à l'export n'a connu qu'une croissance de 2,5 % ces deux derniers mois.
Des inquiétudes que partagent largement les analystes financiers qui prévoient qu'une baisse du taux de change euro/dirham aura un impact négatif, notamment sur les entreprises marocaines puisqu'elles commercent en majorité avec l'Europe et qu'elles ont déjà perdu des points face aux entreprises des pays dont les devises sont rattachées au dollar, comme la Chine, la Turquie ou encore l'Egypte.
Cette dépréciation de l'euro aura également des effets néfastes sur les transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE), notamment en Europe même si les autorités concernées tentent de le minimiser. Les analystes estiment qu'une telle dépréciation va certainement faire baisser le montant des transferts qui sont d'ailleurs déjà en chute libre.
Même évaluation du côté des chercheurs du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise) qui estiment qu'à la différence des économies occidentales, la crise financière internationale a eu davantage d'effets sur les économies réelles du Maghreb que sur le système financier à proprement parler. Cela s'est traduit de façon contrastée selon les pays par un ralentissement du commerce international, un impact sur les transferts de revenus, une perte des réserves de change, un déficit de la balance des paiements et une augmentation de la dette publique.
Selon une enquête de terrain menée par le Femise, les secteurs d'activité les plus touchés par la crise sont, paradoxalement, ceux régis par le démantèlement tarifaire avec l'Union européenne comme par exemple les industries manufacturières, en particulier l'industrie textile et la mécanique.
Quid de l'avenir ? Sami Moulay, professeur d'économie, estime que de nouvelles modalités opérationnelles de coopération Euromed doivent se mettre en place, dépassant le dispositif de l'Union pour la Méditerranée.
Les mécanismes de gestion anticipée de crise, à définir pour les pays de la zone euro, devraient être étendus aux pays méditerranéens. « Il faudrait réfléchir à introduire un régime de change commun entre l'euro et ces trois pays, avec des mécanismes de viabilité des positions extérieures (protection de la balance des paiements) », suggère encore Sami Moulay afin de prévenir de nouvelles crises financières.