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La réduction du gaspillage alimentaire constitue une priorité en Méditerranée

L’approvisionnement limité en eau, la perte et dégradation des terres ainsi que le gaspillage et pertes alimentaires…autant de défis à relever

Jeudi 8 Décembre 2016

Le gaspillage alimentaire, de ressources naturelles et de talent humain a un impact négatif sur l’agriculture et le développement rural en Méditerranée, a déploré dans une nouvelle publication l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Publié en début de semaine, « MediTerra: Zéro gaspillage dans la Méditerranée: ressources naturelles, alimentation et connaissances » est placé sous la codirection de l’organisation onusienne et le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM).
L’ouvrage, composé de 17 chapitres, offre un vaste aperçu de l'agriculture et des systèmes alimentaires de l'ensemble de la région méditerranéenne, du sud de l'Europe jusqu'en Afrique du Nord en passant par le Proche-Orient. Il tire la sonnette d’alarme sur le risque de «triple gaspillage» dû à la mauvaise utilisation des ressources naturelles, au  gaspillage et les pertes alimentaires et à une lente disparition du savoir-faire traditionnel.
Rédigée par des experts issus des deux organisations internationales, la nouvelle publication analyse les défis communs rencontrés par les systèmes alimentaires dans l’espace méditerranéen et les options pour y faire face.
Ce n’est pas tout, puisqu’elle analyse également la manière dont les ressources humaines et le potentiel de la région, en particulier chez les jeunes, sont gâchés. A travers ce volet, les experts évoquent notamment des questions liées au chômage, au manque d'accès à l'éducation, à la «fuite des cerveaux» et à la disparition du savoir local et des traditions agricoles.
Alors qu’elles ont longtemps été considérées comme un exemple de saines habitudes alimentaires et souvent mises en valeur par des économies rurales particulièrement dynamiques, la FAO et le CIHEAM constatent que les traditions agricoles et la culture alimentaire de la région méditerranéenne tendent aujourd’hui à se perdre.
Selon ces deux institutions, engagées dans un partenariat stratégique pour un développement durable dans la région Méditerranée, « les pressions démographiques et environnementales, auxquelles s'ajoutent un climat changeant et des défis socioéconomiques, soulèvent maintenant quelques questions concernant l'avenir des systèmes alimentaires de la région et ce que cela implique pour parvenir à un développement durable ».
Pour autant, les auteurs de cet ouvrage assurent que la tâche à accomplir ne consiste pas en priorité à préserver les traditions agricoles mais plutôt à les revivifier pour en faire des moteurs de développement durable et partant améliorer la nutrition.
En résumé, l’ouvrage traite de l'état des ressources naturelles, essentiel pour l'agriculture mondiale et pour la région, avec notamment les pêches maritimes, les eaux, les terres, les forêts, les plantes, la diversité génétique animale et l'énergie. Il aborde aussi les différents aspects du gaspillage et des pertes alimentaires à travers le monde et dans la région et la manière dont les pays et communautés font face au problème. Et s’intéresse aux ressources humaines et au savoir traditionnel que les auteurs estiment menacés d'extinction ainsi qu’à la manière adoptée par les exploitants familiaux pour y faire face.
Parmi les nombreux défis qui pèsent fortement sur l'agriculture et les systèmes alimentaires de la région méditerranéenne, les experts notent l’approvisionnement limité en eau, la perte et dégradation des terres ainsi que le gaspillage et pertes alimentaires.
Sur ce dernier point, la FAO rappelle que des études réalisées en Afrique du Nord et au Proche-Orient suggèrent un problème semblable, avec 250 kg de nourriture par an gaspillée pour chaque ménage. Selon elle, « l'empreinte aquatique de ces pertes (42 kilomètres cubes chaque année) représente 17% des pertes mondiales en eau, avec pour origine le gaspillage alimentaire ».
Autres points relevés:  les pêches et les forêts en danger, la «fuite des cerveaux» dans l'agriculture.  « Si la plupart des exploitations de la région sont familiales et restent compétitives face aux grandes agro-industries, certaines régions ont vu disparaître leurs communautés et traditions », constatent les experts. Et de citer le cas de la région du Maghreb où « l'âge moyen des agriculteurs est de 50 ans, voire plus, alors que la région affiche l'un des taux de chômage chez les jeunes les plus élevés au monde ».

Alain Bouithy

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