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A l'âge de 37 ans, Fodail Abrkane ne souffrait d'aucune maladie. "Il était solide comme un roc", déclare son ami. "Pendant le mois de Ramadan, nous travaillions en maçonnerie. Il était respectueux envers les gens, serviable et aimable avec tout le monde ", ajoute la même source. Pourtant, les nombreuses qualités de Fodail ne lui ont pas épargné de connaître la torture, l'humiliation et la mort !
Selon la version racontée par Mustapha, frère aîné de Fodail, et qui était témoin d'actes de torture au commissariat central de Salé (Hay Salam) -situé à quelques mètres du tribunal de première instance-, la victime était en moto quand elle a été arrêtée par la police la veille de l'Aîd El Fitr. Il a été accusé de "consommation de cannabis. Il a passé 48 heures au commissariat avant d'être libéré par le juge au lendemain de l'Aid. Lundi 13 septembre, il est retourné au commissariat pour récupérer sa moto et son téléphone portable. Les agents ont refusé de lui rendre sa moto, car il n'avait pas d'assurance. Bien qu'il leur ait fourni une déclaration de perte, les agents refusaient de lui rendre sa moto. Mercredi 15 septembre, il s'est présenté avec un nouveau contrat d'assurance. Cette fois-ci, Fodail n'a pas su garder son sang-froid quand les mêmes agents lui ont dit, "pour le tourmenter", de revenir un autre jour récupérer ses affaires. Du coup, il a commencé à échanger des insultes avec un agent. Ce dernier a ordonné de le mettre aux arrêts avant d'aller déposer plainte contre lui. Fodail a été accusé d'outrage à agent dans l'exercice de ses fonctions. Mustapha est allé rendre visite à son frère. Il l'a vu entouré de plusieurs agents qui le frappaient devant tout le monde en plein couloir du commissariat. "J'ai voulu intervenir pour faire cesser les coups meurtriers qui s'abattaient sur mon frère, des policiers m'ont pris par le bras, m'ont mis dehors et m'ont ordonné de ne jamais revenir au commissariat", nous a indiqué Mustapha Abrkane. Il a ajouté que son frère, "sûrement après que son état s'est aggravé", a été conduit à la prison "Zaki" vendredi 17 septembre, tard la nuit. " Ils l'ont emmené à l'hôpital après six heures de détention à Zaki. Il est décédé à 10h40min, avant d'arriver à Ibn Sina à Rabat suite à la torture qu'il a subie", dit-il, les larmes aux yeux.
Mardi à 16h, un soleil torride n'a pas empêché des centaines d'amis et proches d'accompagner le jeune Fodail à sa dernière demeure. Des estafettes de la police suivirent de près le cortège de peur que les obsèques ne dégénèrent en grande manifestation. Après la prière, des jeunes ont enseveli le corps du défunt drapé d'un drapeau marocain. Ils ont ainsi enterré le "témoin de la torture du Maroc nouveau", comme nous a déclaré un militant associatif. Dans la soirée, plusieurs jeunes se sont rassemblés. Encadrés par la section Lamrissa de la jeunesse ittihadie et des jeunes militants du Mouvement Nouvel Horizon, ils organiseront vendredi prochain un sit-in de protestation devant le même commissariat où Fodail Abrkane a été torturé.