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Cette maison qui ne rêve plus sa clé. De quoi cette maison est-elle le nom ?
L’année qui s’est achevée a été marquée par une prise de conscience d’une nature particulière. Il s’agit de la grogne des infirmiers déclenchée par un décret ministériel autorisant l’accès des infirmiers formés au privé à la fonction publique. Pour moi, ce décret n’était que cette étincelle qui a enflammée la colère, puisque depuis des années, le corps des « anges de la clémence » comme on les surnomme en arabe, bouillonne.
Plusieurs raisons sont derrières cette situation. Pour les comprendre il faut faire une lecture de l’histoire de ce métier longtemps méprisé et réduit, principalement par le système lui-même qui a fait en sorte que la santé au Maroc soit l’apanage uniquement des médecins au lieu d’instaurer un mécanisme de cohabitation et de complémentarité avec les infirmiers au bénéfice des patients. Après l’indépendance, le système a eu l’idée visionnaire d’instituer des facultés de médecine et en parallèle il a fait le recrutement de jeunes collégiens, à la manière des recrutements militaires, pour remplir le rôle des infirmiers, cela après une courte formation appelée « stage » encadrée par les médecins eux-mêmes. Le processus est resté le même jusqu’au début des années 90 où les décideurs ont estimé que la population est devenue exigeante et puisque les infirmiers restent la première interface de tout hôpital, il fallait donc rehausser leur niveau en ajustant leur formation passant du fameux stage qui produit les fameux infirmiers brevetés à une formation diplômante avec la qualification « d’Etat » pour donner davantage d’estime aux lauréats. Chose qui n’a pas changé la situation, puisque l’infirmier est resté dans la conscience du citoyen cette pourriture de créature qui se donne à tous les vices dans l’accomplissement de ses tâches, de la corruption à l’incompétence en passant par l’ignorance.
Mais est-ce que l’Etat a agit seule dans la configuration de cette fâcheuse situation ? Non, car l’ennemi N°1 de l’infirmier, à savoir son intime ami le médecin, trouva dans la ségrégation et l’enclavement de l’infirmier un avantage inestimable, car cela lui donna la souveraineté totale sur le domaine et lui épargna une concurrence dont l’issue est incertaine. Ainsi, et pour enraciner le phénomène, le système aidant, nos guérisseurs cultivés, instruits, issus de familles aisées se sont offert le luxe d’avoir l’un, sinon le premier ordre régissant un métier au Maroc, une façon de plus pour finir avec tout doute qui vient poser la question des maîtres de la médecine dans notre bled. Le fameux ordre des médecins a fait en sorte de pérenniser la situation jusqu’à nos jours et le lobby des médecins a consacré l’idée de sa suprématie, faisant de la réalité que la médecine était de l’essor des grandes familles et que ces mêmes familles avaient la main sur tous les recoins de l’influence au pays à la fois politique et économique.
Actuellement la donne a changé, surtout dans les mentalités. Les jeunes lauréats des instituts de formations aux carrières de santé (IFCS) font partie d’une génération portée par la mondialisation qui leur touche aux plus fins de leurs comportements. Il faut dire que l’éveil constaté sur tous les plans de la vie tient aussi aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et en premier lieu à internet avec ses réseaux sociaux, sorte de phénomène qui instruit les esprits quant à la perception des choses, globalise les réflexions et enfin uniformise les modes de réaction et de revendication. Les jeunes infirmiers de cette époque partagent les mêmes soucis que leurs collègues jeunes médecins et autres jeunes universitaires grâce essentiellement à la globalisation portée par internet, et delà forment une union que le système, l’Etat, les institutions comme l’ordre des médecins ont longtemps échoué à instaurer, peut-être même ont œuvré à ce qu’il ne se réalise pas.
Les jeunes infirmiers ont fait entendre leurs voix par des grèves ,des sit-in et des nuits passées au froid devant le grand portail du bâtiment ancestrale du ministère de la santé, chose que des générations de militants syndicalistes ont eu peur de faire consacrant la dictature d’un sous-système pourtant à vocation sociale.
Maintenant une question se pose, ces jeunes sont contre quoi ? Tous simplement ces jeunes ont compris que ce décret ne fera qu’enterrer un métier déjà au- dessous des six pieds, puisque la formation des écoles privées n’atteint même pas le minimum des normes, au moment où les IFCS eux-mêmes souffrent du niveau bas de leurs formations. Puis, il n’y a pas encore un statut pour les infirmiers, un statut qui définit clairement la fonction et là je n’ai pas besoin de chercher pourquoi ce statut n’existe pas car tout simplement il comportera des vérités qui ne seront jamais une bonne affaire pour le médecin MAROCAIN. Le pire encore, et chose que nos concitoyens ne savent pas malheureusement, c’est que nombre de nos responsables et décideurs possèdent des écoles privées qui forment de genre de spécialités et donc ce n’est l’occasion ou jamais de faire demeurer les bénéfices surtout que les fauteuils de responsabilité ne durent pas longtemps.
Personnellement je vois que lors des manifestations des infirmiers, il faut que toutes les forces militantes puissent venir à leur appui. Et puis, la population doit suivre l’éveil de sa jeunesse et doit comprendre que les filles en blouses blanches qui les reçoivent dans les luxueuses cliniques ne sont pas des infirmières formées dans les normes, elles ne sont que des filles ayant appris à badigeonner dans les couloirs ou rarement ayant fait un stage de quelques semaines avec le croissant rouge marocain chose aussi désastreuse qui déchire un métier et que sûrement jamais Virginia Henderson[[1]]url:#_ftn1 ne souhaiterait voir ou imaginer.
Le sujet regorge d’exemples de terrain dont un bon voyant n’évitera pas de déchiffrer. De ma part, de tir chapeau à ces militants qui me rassurent sur le sort de mon pays.
Khalid YAMANI
Virginia Henderson : une infirmière américaine , née le 30 novembre 1897 à Kansas City , États-Unis et décédée le 19 mars 1996 , Principes fondamentaux des soins infirmiers, 1960
Plusieurs raisons sont derrières cette situation. Pour les comprendre il faut faire une lecture de l’histoire de ce métier longtemps méprisé et réduit, principalement par le système lui-même qui a fait en sorte que la santé au Maroc soit l’apanage uniquement des médecins au lieu d’instaurer un mécanisme de cohabitation et de complémentarité avec les infirmiers au bénéfice des patients. Après l’indépendance, le système a eu l’idée visionnaire d’instituer des facultés de médecine et en parallèle il a fait le recrutement de jeunes collégiens, à la manière des recrutements militaires, pour remplir le rôle des infirmiers, cela après une courte formation appelée « stage » encadrée par les médecins eux-mêmes. Le processus est resté le même jusqu’au début des années 90 où les décideurs ont estimé que la population est devenue exigeante et puisque les infirmiers restent la première interface de tout hôpital, il fallait donc rehausser leur niveau en ajustant leur formation passant du fameux stage qui produit les fameux infirmiers brevetés à une formation diplômante avec la qualification « d’Etat » pour donner davantage d’estime aux lauréats. Chose qui n’a pas changé la situation, puisque l’infirmier est resté dans la conscience du citoyen cette pourriture de créature qui se donne à tous les vices dans l’accomplissement de ses tâches, de la corruption à l’incompétence en passant par l’ignorance.
Mais est-ce que l’Etat a agit seule dans la configuration de cette fâcheuse situation ? Non, car l’ennemi N°1 de l’infirmier, à savoir son intime ami le médecin, trouva dans la ségrégation et l’enclavement de l’infirmier un avantage inestimable, car cela lui donna la souveraineté totale sur le domaine et lui épargna une concurrence dont l’issue est incertaine. Ainsi, et pour enraciner le phénomène, le système aidant, nos guérisseurs cultivés, instruits, issus de familles aisées se sont offert le luxe d’avoir l’un, sinon le premier ordre régissant un métier au Maroc, une façon de plus pour finir avec tout doute qui vient poser la question des maîtres de la médecine dans notre bled. Le fameux ordre des médecins a fait en sorte de pérenniser la situation jusqu’à nos jours et le lobby des médecins a consacré l’idée de sa suprématie, faisant de la réalité que la médecine était de l’essor des grandes familles et que ces mêmes familles avaient la main sur tous les recoins de l’influence au pays à la fois politique et économique.
Actuellement la donne a changé, surtout dans les mentalités. Les jeunes lauréats des instituts de formations aux carrières de santé (IFCS) font partie d’une génération portée par la mondialisation qui leur touche aux plus fins de leurs comportements. Il faut dire que l’éveil constaté sur tous les plans de la vie tient aussi aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et en premier lieu à internet avec ses réseaux sociaux, sorte de phénomène qui instruit les esprits quant à la perception des choses, globalise les réflexions et enfin uniformise les modes de réaction et de revendication. Les jeunes infirmiers de cette époque partagent les mêmes soucis que leurs collègues jeunes médecins et autres jeunes universitaires grâce essentiellement à la globalisation portée par internet, et delà forment une union que le système, l’Etat, les institutions comme l’ordre des médecins ont longtemps échoué à instaurer, peut-être même ont œuvré à ce qu’il ne se réalise pas.
Les jeunes infirmiers ont fait entendre leurs voix par des grèves ,des sit-in et des nuits passées au froid devant le grand portail du bâtiment ancestrale du ministère de la santé, chose que des générations de militants syndicalistes ont eu peur de faire consacrant la dictature d’un sous-système pourtant à vocation sociale.
Maintenant une question se pose, ces jeunes sont contre quoi ? Tous simplement ces jeunes ont compris que ce décret ne fera qu’enterrer un métier déjà au- dessous des six pieds, puisque la formation des écoles privées n’atteint même pas le minimum des normes, au moment où les IFCS eux-mêmes souffrent du niveau bas de leurs formations. Puis, il n’y a pas encore un statut pour les infirmiers, un statut qui définit clairement la fonction et là je n’ai pas besoin de chercher pourquoi ce statut n’existe pas car tout simplement il comportera des vérités qui ne seront jamais une bonne affaire pour le médecin MAROCAIN. Le pire encore, et chose que nos concitoyens ne savent pas malheureusement, c’est que nombre de nos responsables et décideurs possèdent des écoles privées qui forment de genre de spécialités et donc ce n’est l’occasion ou jamais de faire demeurer les bénéfices surtout que les fauteuils de responsabilité ne durent pas longtemps.
Personnellement je vois que lors des manifestations des infirmiers, il faut que toutes les forces militantes puissent venir à leur appui. Et puis, la population doit suivre l’éveil de sa jeunesse et doit comprendre que les filles en blouses blanches qui les reçoivent dans les luxueuses cliniques ne sont pas des infirmières formées dans les normes, elles ne sont que des filles ayant appris à badigeonner dans les couloirs ou rarement ayant fait un stage de quelques semaines avec le croissant rouge marocain chose aussi désastreuse qui déchire un métier et que sûrement jamais Virginia Henderson[[1]]url:#_ftn1 ne souhaiterait voir ou imaginer.
Le sujet regorge d’exemples de terrain dont un bon voyant n’évitera pas de déchiffrer. De ma part, de tir chapeau à ces militants qui me rassurent sur le sort de mon pays.
Khalid YAMANI
Virginia Henderson : une infirmière américaine , née le 30 novembre 1897 à Kansas City , États-Unis et décédée le 19 mars 1996 , Principes fondamentaux des soins infirmiers, 1960