La fermeture de la décharge de Médiouna se fait toujours désirer : Casablanca a trop mal à son hygiène


Hassan Bentaleb
Samedi 8 Décembre 2012

La fermeture de la décharge de Médiouna se fait toujours désirer : Casablanca a trop mal à son hygiène
La société américaine Ecomed chargée de la gestion de la décharge de Médiouna est sur  le banc des accusés. Un rapport émanant de la commission chargée de suivre le secteur de l’hygiène relevant du Conseil de la ville a constaté plusieurs dysfonctionnements dans la mise en œuvre de la convention de gestion déléguée conclue en 2008. En effet, la société américaine a promis d’entreprendre une série d’actions et des mesures qui visent à réaménager et exploiter le site en respectant les normes exigées. Cinq ans après, on est loin du compte, indique le rapport.
Dans ce sens, Abdelghani Merhani,  responsable de ladite commission, nous a révélé que l’ensemble des investissements promis par l’entreprise concernant  l’aménagement et la gestion du site sont restés lettre morte.
Il nous a également indiqué que le site de Médiouna manque comme la quasi-totalité des décharges marocaines, d’un système de captage du biogaz et d’un réseau de drainage des lixiviats. Il souffre aussi de l’inexistence d’isolation du sol pour empêcher les infiltrations.
Le responsable casablancais a affirmé que les rejets liquides et les effluves dégagées par les monceaux d’ordures finissent directement dans le sol et l’atmosphère, sans aucune filtration. D’où la pollution de la nappe phréatique de la région de Casablanca dans un rayon d’au moins 20 km autour de Médiouna.  
Autre critique et non des moindres,  Ecomed tarde encore à procéder  à la fermeture de la décharge censée être fermée en 2010. Un désengagement jugé inacceptable vu que le site a atteint un seuil de dangerosité intolérable. Elle est devenue une vraie menace pour la santé des riverains et de toute la population casablancaise. En effet, le site a plus  de 50 ans, alors que la durée de vie d’une décharge ne doit pas dépasser 20 à 25 ans et qu’il s’étend sur une superficie de 70 ha. Il reçoit en moyenne 3.000 tonnes d’ordures ménagères produites chaque jour par les Casablancais, en plus des déchets industriels et hospitaliers.
 Le rapport de ladite commission pointe du doigt certaines complicités entre cette société américaine et l’ancienne responsable du secteur de l’hygiène au Conseil de la ville et remet en cause l’indépendance de la gestion du site. Notre source va plus loin. Elle estime que ladite responsable, appelée également «Dame de fer»,  continue à gérer le site même après son limogeage et ce via  les quatre fonctionnaires du Conseil de la ville présents sur place. «Cette situation nous interpelle puisqu’elle suscite beaucoup de questions sur l’authenticité des opérations, leurs tonnages et la nature des déchets déchargés. S’agit-il vraiment d’ordures ménagères, industrielles et hospitalières?», s’est interrogé Abdelghani Merhani.
Ce dernier n’a pas hésité à ouvrir le feu sur les autres sociétés chargées de la  collecte des ordures à Casablanca, accusées d’engloutir des budgets colossaux sans pour autant  réussir leur mission : faire de Casablanca, une ville propre. «Le secteur de l’hygiène coûte cher aux Casablancais. De 2004 à  2012, le budget est passé de 200 à 521  millions de DH, soit une hausse de plus de 150%. Cependant, et malgré ces efforts financiers, le secteur reste en deçà des attentes de la population de la métropole », nous a confié notre source, tout en pensant que les trois sociétés ne respectent pas les clauses du contrat de  gestion déléguée ainsi que celles des cahiers des charges. Pour preuve, l’augmentation des pénalités appliquées sur ces sociétés. En effet, le rapport de la commission de suivi du secteur de l’hygiène, a indiqué que les sommes apposées ont atteint 18,88 millions de DH  jusqu’à août 2012 contre 10,34 millions de DH en 2010.
Le rapport tire la sonnette d’alarme. Il estime que le Conseil de la ville est appelé à revoir le contrat de gestion déléguée dans ce secteur, tout en précisant que les prochains contrats doivent prendre en considération les évolutions socio-spatiales de la ville. «Il faut donner plus de priorité aux mécanismes de contrôle et de suivi. Sinon, on risque de subir les mêmes échecs que par le passé», a conclu  Abdelghani Merhani.


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