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Le document en question impute ce recul aux efforts menés conjointement par les autorités marocaines et espagnoles qui consistent à démanteler et raser les camps des migrants ainsi que le renforcement des contrôles. A ce propos, la section Nador de l’AMDH a enregistré l’arrestation et la détention de 3.018 migrants à l’issue d’opérations de ratissage dans les rues et les souks de la ville ou même dans les hôpitaux. Ces mesures se sont étendues également aux migrants en situation régulière, à des blessés, comme à des femmes et à des enfants.
Le rapport relève par ailleurs que les personnes arrêtées étaient détenues hors de tout cadre légal et qu’elles étaient incarcérées dans des lieux qui échappent au contrôle de la direction pénitentiaire et sans l’aval du Parquet qui n’a pas donné ses ordres, que ce soit pour leur arrestation ou pour le prolongement de leur détention de 24 heures requises. « Nador est devenu un cas exceptionnel avec la transformation de deux administrations publiques en centres d’arrestation et de séquestration de centaines de migrants hors de tout contrôle judiciaire alors que les décrets organiques de la loi 03-02 relative aux centres d’arrestation des migrants n’ont pas encore été promulgués », a noté le rapport.
Il s’agit, selon le même rapport, de manœuvres qui consistent à mobiliser un effectif important des forces publiques (Forces auxiliaires, FAR et forces d’intervention de police étroitement supervisées par le gouverneur de la province) pour ratisser une zone ou intervenir dans les campements de ces migrants avant de les refouler loin de Nador. L’AMDH a fait état de plusieurs exactions commises au cours de ces opérations telles que les violences physiques, l’incendie des abris en plastique, la non-assistance aux malades, la dépossession des migrants de leurs affaires personnelles, l’arrestation de femmes enceintes et d’enfants ainsi que la séparation des mères de leur progéniture. Le rapport a souligné que l’année 2015 a enregistré 41 opérations de ratissage et de rafles, soit 3,5 opérations par mois.
L’année 2015 a enregistré 1.179 cas de personnes blessées lors de ces opérations. Un chiffre en nette augmentation par rapport à 2014 (743 cas). Concernant les décès, le rapport cite quatre cas enregistrés à l’hôpital Hassani suite à des interventions musclées. A ces décès, il faut ajouter les dépouilles déposées à la morgue suite à des tentatives de migration au moyen de barques de fortune utilisées après le renforcement du contrôle au niveau des frontières terrestres avec Mellilia. L’année 2015 a été particulièrement meurtrière avec le recensement de 23 morts.
Face à ce resserrement de l’étau autour des frontières et aux ratissages quasi quotidiens ainsi qu’aux violences et aux refoulements à chaud qui sont devenus une pratique courante des autorités espagnoles, les migrants irréguliers ont inventé d’autres méthodes en faisant appel aux services de passeurs et de réseaux spécialisés dans le trafic d’êtres humains qui leur font traverser les frontières à l’intérieur de voitures aménagées dans cet objectif en contrepartie de 3.000 euros par personne. Les autorités espagnoles et marocaines ont fait échouer 13 tentatives et procédé à l’arrestation de 28 migrants. Les tentatives de passage en barques de fortune sont redevenues d’usage. Le rapport a indiqué que l’année 2015 a été marquée par la découverte de 5 tentatives de passage vers l’Espagne dans des barques portant près de 172 personnes.
Mais, il n’y a pas que les migrants irréguliers subsahariens qui souffrent, les Syriens cherchant refuge au Maroc et qui ont débarqué par centaines à Nador le sont également.
Le rapport de l’AMDH a indiqué que ces personnes ont été victimes de plusieurs violations comme la non-reconnaissance de leur statut de réfugiés et les restrictions sur leur liberté de mouvement par les autorités marocaines et espagnoles. Le document en question a mis également à l’index la non-protection de ces Syriens des mafias des passeurs ainsi que leurs conditions de vie lamentables. Une situation des plus dramatiques même pour ceux d’entre eux qui ont réussi à intégrer les centres d’accueil espagnols pour demandeurs d’asile (CETI) et qui ont été confrontés à la dure réalité de ces centres (surpopulation, mauvaises conditions d’hygiène, proximité…) ainsi que les temps d’attente jugés longs qui ont découragé plusieurs familles syriennes à poursuivre leur route vers l’Espagne.
Un autre document du Centre espagnol de recherche sur l’intégration et la formation des migrants (CeiMigra) a déjà révélé que le renforcement de la pression sur les demandeurs d’asile syriens par l’Espagne et les autorités marocaines ont eu des conséquences directes sur les familles syriennes qui se sont souvent trouvées séparées par les frontières maroco-espagnoles.
Il y a eu également une augmentation notable du nombre de mineurs non accompagnés par leurs parents qui ont réussi à franchir les frontières. Une situation qui expose ces enfants à un «niveau élevé de risque». Ceci d’autant plus que les familles en question se trouvent souvent dans des situations d’incapacité à prouver leur paternité une fois réunies à Mellilia. Elles sont souvent contraintes de faire des analyses ADN pour prouver leurs liens de parenté en l’absence de documents administratifs l’attestant.