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"Ce n'est pas mon option, qui serait un retour en arrière de 44 ans (date de l'entrée du Royaume Uni dans l'UE, ndlr). Mais c'est une possibilité", a-t-il dit dans une interview à l'hebdomadaire français Journal du Dimanche.
"Chacun doit s'y préparer, Etats comme entreprises - nous-mêmes, nous y préparons techniquement", a-t-il ajouté.
Sans accord, le Royaume-Uni tombera le 29 mars 2019, date de sa sortie de l'UE, "dans le régime de droit commun de l'Organisation mondiale du commerce, avec des relations semblables à celles que nous entretenons avec la Chine", a-t-il averti.
L'UE a donné vendredi deux semaines à Londres pour clarifier ses engagements sur les termes du divorce, en faisant une condition pour accepter en décembre l'ouverture des tractations commerciales que Londres réclame avec insistance pour préparer l'après-Brexit.
"Nous souhaitons aboutir à un accord d'ici à quinze jours ouvrables, en vue du Conseil européen des 14 et 15 décembre", a souligné le négociateur de l'UE.
"Aujourd'hui, nous n'y sommes pas", a-t-il martelé. "Le rendez-vous sera reporté si les progrès ne sont pas suffisants", a-t-il réaffirmé. L'utlimatum a été lancé au terme d'un sixième round de négociations peu fructueux. Cette session d'un jour et demi, à Bruxelles, a au contraire mis au jour un nouveau point d'achoppement, le dossier irlandais, Londres et Bruxelles divergeant sur le moyen d'éviter le retour d'une frontière "dure" avec l'Irlande.
Londres et Bruxelles divergent notamment sur le moyen d'éviter le retour d'une frontière "dure" avec l'Irlande. "Le conflit tragique entre les protestants et les catholiques n'est pas si lointain (..)Je ne ferai rien qui fragiliserait ce processus de paix", a insisté Michel Barnier.
Si le délai des 15 jours n'est pas respecté, la perspective des négociations commerciales serait reportée à "février ou mars", lors d'autres sommets programmés à l'agenda européen, selon un haut diplomate de l'UE.
S'il est respecté, les 28 entameront "dès janvier 2018" les négociations sur leur future relation qui mettront ensuite "au moins deux ans à aboutir" (accord de libre-échange, sécurité intérieure.), a évalué M. Barnier.
Contrairement à la phase actuelle, la deuxième étape des négociations incluerait la relation future avec Londres, qui s'impatiente de son côté de pouvoir lancer des tractations commerciales couvrant la période post-Brexit.
Pour les 27, les trois sujets préalables à régler incluent notamment l'épineuse question du règlement financier du Brexit, c'est-à-dire du solde des engagements pris par le Royaume-Uni au sein de l'Union, dont il aura été membre pendant plus de 40 ans.
Le président du Parlement européen Antonio Tajani a récemment affirmé que la facture tournerait autour de "50 ou 60 milliards" d'euros, confirmant pour la première fois des estimations officieuses circulant à Bruxelles, et déplorant "les clopinettes" proposées par Londres.
Outre la facture, l'UE veut également des "progrès suffisants" sur la question des droits après le Brexit des Européens vivant au Royaume-Uni, et sur les conséquences du divorce sur la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.
La tension semble être montée d'un cran sur ce dernier dossier entre Londres et les 27, même si les deux parties s'accordent pour souhaiter qu'il n'y ait pas de retour d'une frontière "dure" avec des postes-frontières, et pour préserver l'accord de paix de 1998 qui a mis fin à trente années de guerre civile.
"La seule manière" pour y parvenir, a estimé vendredi le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, c'est "si le Royaume-Uni en entier ou l'Irlande du Nord continuent d'appliquer les règles de l'Union douanière et du marché unique".
"Cela ne signifie pas qu'ils doivent en être membres, mais cela signifierait continuer à appliquer ces règles", a précisé M. Varadkar, dont le point de vue est soutenu par l'UE.
"Nous reconnaissons le besoin de solutions spécifiques pour les circonstances uniques de l'Irlande du Nord", a admis David Davis, lors de la conférence de presse commune avec M. Barnier à Bruxelles.
Mais "cela ne peut pas revenir à la création d'une nouvelle frontière à l'intérieur du Royaume-Uni", c'est-à-dire entre la province britannique d'Irlande du Nord et le reste du royaume, si des règles différentes devaient s'y appliquer, a-t-il insisté.
"Le Royaume-Uni a décidé de quitter l'Union il y a plus de 500 jours. Et il quittera effectivement l'Union le 29 mars 2019 à minuit, heure de Bruxelles", a rappelé M. Barnier.