L’Europe, premier perdant des sanctions contre la Russie


Par Naoufal Rhouda *
Samedi 3 Janvier 2015

L’Europe, premier perdant des sanctions contre la Russie
Depuis l'annexion de la Crimée par la Russie le 16 mars 2014, (réintégration et non annexion car la Crimée faisait partie du giron de la Russie depuis le 18ème siècle), une kyrielle de mesures restrictives et sanctions ont vu le jour contre la Russie: sanctions militaire, économique, énergétique, technologique...
Lesdites sanctions ont-elles engendré des conséquences?
Certes la Russie souffre de l’embargo et des sanctions appliquées par les USA et son allié l'Europe, mais elle n'est pas le 1er pays perdant ni même le second. Les premiers perdants sont bien évidemment l'Allemagne, la France, l'Italie. Durant la dernière décennie, les entreprises européennes ont construit un business très profitable au sein de la Russie : Danone, Carlsberg, Audi, le groupe pétrolier italien ENI ayant une alliance avec Gazprom du projet de gazoduc South Stream qui devrait permettre d’approvisionner l’Europe en contournant l’Ukraine par la mer Noire, BP, SHELL,etc. Des sociétés européennes qui ont vu leurs marchandises interdites d’accéder au sol russe, des milliers d'emplois perdus en Europe, surtout pour les sociétés exportatrices qui ont comme priorité le marché russe et ce n'est que le début.
Aujourd'hui, l'Europe paye plus cher que la Russie le résultat des mesures restrictives étant donné qu'après 10 mois, on s'assure de plus en plus que les sanctions n'ont aucun effet sur la politique étrangère de la Russie et qu’elle ne va jamais laisser tomber la Crimée. Alors, il faut que l'Europe se réveille et qu’elle admette cette réalité sachant que les intérêts économiques et commerciaux sont beaucoup plus importants que les intérêts géopolitiques, source de conflit entre la Russie et les USA (et qui ne regarde en aucun cas l'Europe, sauf que, bien sûr, les USA se servent toujours de l'Europe afin de réaliser leurs objectifs stratégiques dans pas mal de régions dans le monde).
Afin de servir les objectifs américains, l’Europe a mené une guerre géopolitique et économique contre la Russie en optant pour le mode (perdant-perdant) tout en donnant l'occasion aux USA d'être le winner.
Ce que l'Europe doit comprendre, c'est que les USA passent par un moment curial en termes d'hégémonie économique. On a assisté dernièrement au leadership de l'économie chinoise après 142 ans de règne de l'économie américaine. Alors les USA avaient, ont et auront toujours comme objectif de préserver leur place comme étant le leader de l'économie mondiale. Cela pousse ce pays à jouer contre le temps afin de pallier et d'affronter la concurrence chinoise comme étant l'un des premiers consommateurs des richesses énergétiques en créant toujours un conflit entre l'Europe et la Russie pour qu'ils restent toujours hors-champ.
L'Europe volontairement se dirige vers une nouvelle crise économique, voire une crise financière en jouant le rôle de suiveur et en appliquant à l'aveuglette les consignes étasuniennes.
Ce qui est clair, c'est que les USA veulent à tout prix affaiblir l'économie européenne afin qu'ils aient un seul concurrent à affronter (la Chine) au lieu de deux ou trois.
Si cette crise dure plus de deux ou cinq autres années, on assistera soit à une guerre dans la région et l'option nucléaire ne sera pas écartée, soit à la fin de l'euro comme monnaie unique, car l'économie va s'affaiblir davantage et par la suite conduire à un éclatement de l'Union européenne.
Pour une reprise économique européenne, Bruxelles doit sortir de cette crise provoquée par les Américains en Ukraine en annulant toutes les sanctions et mesures restrictives et opter plutôt pour une solution pacifique avec la Russie. Et s'il y a un problème entre la Russie et les USA, qu'ils le règlent à leur niveau.

* Analyste économique


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1.Posté par Belhajilali le 02/01/2015 21:47
Bush junior s'est déjà targué à plusieurs reprises d'avoir cassé l'Europe en quatre .Aujourd'hui , les USA sont en train d'essayer l'asphyxie économique de l'UE à travers l'institution de sanctions économiques contre la Russie ;or ces mesures ne serviront qu'à pousser Poutine à accélérer la reconversion d'une partie de son industrie et à renforcer sa défense en renouant avec les vieux concepts économiques anti-capitalistes.Le premier risque que court l'Europe, saute aux yeux:au mieux,une Russie autharcique et un régime "resoviétisé" avec à l'horizon la menace d'une guerre économique à couteaux tirés;au pire,une entente indo-russo-chinoise avec la même menace pour l'Europe vassale des USA;
Naturellement les Européens ne sont pas si naïfs que ça ;ils comptent sur le retour au pillage de l'Afrique pour compenser leurs pertes à cause des sanctions anti-russes puisque l'Asie et l'Amérique sont déjà prises.Dans cet ordre d'idées,d'ailleurs,l'on sait déjà que la France par exemple se démène dans tous les sens pour fructifier économiquement son "cheval de Troie" qu'est la francophonie et ne voit guère d'un bon œil les efforts du Maroc pour une meilleure coopération sud-sud...
Par conséquent c'est le continent africain qui ,dans la stratégie malhonnête de l'UE, doit faire les frais de l'acharnement occidental d'inspiration américaine contre la Russie.

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