L'envie a dû se substituer à la compassion ou à la pitié. Ce pays européen qui était pendant trop longtemps à la traîne par rapport à d'autres appartenant, comme lui, au Vieux continent a fini, au prix de sacrifices suscitant admiration et respect, par réussir un bond qualitatif impressionnant.
Il va sans dire, cependant, que le fait de se positionner dans la cour des grands ne passe pas que par les chiffres, PIB ou PNB, entre autres indices matériels.
L'admiration envers cette Espagne voisine trouve, en premier, sa raison d'être dans son passage que l'on espérait réussi, de la dictature la plus sombre à la démocratie la plus éclairée.
Les forces vives de ce côté-ci, tous ceux qui ont tant sacrifié pour un Maroc meilleur, aspiraient à la même évolution bien que le contexte ne soit pas le même.
Faut-il rappeler que la démocratie est une et indivisible, quand bien même on s'amuserait à l'affubler de caprices individualistes? Les valeurs universelles n'ont en principe aucun secret pour un socialiste pur et dur qui plus est.
Quand quelques maladresses, écarts et impairs étaient l'œuvre du Parti populaire, on s'en offusquait certes, mais on s'en étonnait beaucoup moins.
Une chose est sûre, cependant, dans cette Espagne bien que toujours démocratique : Franco est toujours vivant. Il l'est dans la petite cervelle de ces autres " responsables " qui ont du mal à se faire à l'idée que l'ère du colonialisme est bel est bien révolue, dans celle de ces éléments qui, de par leur matraque, leur barbarie dans l'acte et dans les propos, semblent déterminés à vouloir coller un tout autre qualifiant à " la Guardia " que " civil ". C'est tout sauf civil et civilisé.
En l'espace de deux petits mois, ce sont des citoyens marocains qui se sont fait malmener, tabasser, humilier …
Ils n'ont que faire dans une Guardia Civil, ces énergumènes apparemment trop allergiques au drapeau de ce voisin qu'est le Maroc, comme à quelques sardines dont le seul tort est d'être portées par un Marocain.
La triste allergie va au-delà du Maroc pour s'étendre à tout un continent.
Quand on martyrise de pauvres immigrants, si clandestins soient-ils, quand on les abandonne dans le large à leur triste sort, serait-on en droit de se réclamer de l'appartenance à cette Espagne qui s'est tant sacrifiée pour retrouver sa dignité après des décennies qui n'étaient pas que " de plomb ", mais beaucoup, beaucoup plus ?
De ce côté-ci, l'on pourrait bien faire l'effort de qualifier ces exactions de cas isolés, mais la preuve devrait venir de l'autre rive. Que les malfrats, que tous ces imbéciles soient rappelés à l'ordre et sanctionnés en conséquence!
Au fait où sont passées toutes ces associations "droit-d'hommistes" de là-bas qui sont constamment aux aguets, chaque fois qu'il se passe une chose au Maroc? Et même quand il ne se passe rien!