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“Je veux filmer de nouveau en Arabie Saoudite. Il y a tant d’histoires à raconter là-bas. Je voudrais aller dans ma ville natale et raconter les histoires de mes anciennes camarades de classe. C’est une formidable source d’inspiration”, a-t-elle expliqué en marge du Festival de Cannes, où elle a reçu le Prix France Culture Cinéma (catégorie révélation) pour “Wadjda”.
Son premier long métrage, qui raconte les efforts d’une malicieuse fillette de douze ans pour s’offrir un vélo, pourtant réservé aux hommes, a été acclamé par la critique et a rencontré un beau succès en France depuis sa sortie en février.
Pas évident de tourner dans un pays où les salles de cinéma n’existent pas et les femmes sont absentes de l’espace public. A Riyad, Haifaa Al Mansour, 38 ans, a dû tourner dans une camionnette, à l’abri des regards, et diriger les acteurs à l’aide d’un talkie-walkie. Dans certains quartiers de la capitale, la population locale cherchait parfois à bloquer le tournage.
Mais la cinéaste, dont le film a été soutenu par le prince Al-Walid bin Talal, un membre progressiste de la famille royale, reste optimiste: “En Arabie saoudite, les gens sont plus tolérants, les choses sont en train de changer”, assure-t-elle.
Quant à Waad Mohammed, la jeune actrice qui incarne à merveille la petite “Wadjda”, elle n’a pas pâti de son apparition dans le film — qui ne sortira qu’en DVD en Arabie saoudite, faute de salles de cinéma.
Formée à l’Université américaine du Caire, puis à l’Université de Sydney où elle a décroché un master en cinéma, Haifaa Al Mansour “espère pousser d’autres réalisateurs et d’autres femmes en Arabie saoudite à croire en eux-mêmes, en leur capacité à changer leur quotidien”. “En tant que femme, il est parfois difficile de travailler en Arabie saoudite et dans le Moyen-Orient. Mais il est important de ne jamais baisser les bras”, sourit la cinéaste, qui vit à Bahreïn avec son mari américain et ses enfants.