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auteur d’une cinquantaine d’ouvrages,
dont une vingtaine de romans, est décédé
dans la nuit de samedi à dimanche
à Marrakech, où il vivait depuis vingt ans.
C’est à Marrakech, où il vivait depuis vingt ans, qu’est mort le 4 juin, à 86 ans, l’essayiste et romancier espagnol Juan Goytisolo. Il a été l’un des plus fervents défenseurs de la diversité comme source de richesse et de progrès, surtout intellectuels, de nos sociétés, même si cela lui a valu des critiques à une certaine époque dans son propre pays, l’Espagne.
Goytisolo a voué, tout au long de sa vie, une passion, voire une admiration, pour le Maroc, notamment pour les villes de Tanger et de Marrakech, au point de décider de s’installer définitivement, durant les années 1990, dans la cité ocre, symbole par excellence pour lui de la diversité et du métissage culturels.
C’est d’ailleurs cette affection pour la ville des sept saints qui le poussa à lancer, aux côtés d’autres intellectuels marocains, l’initiative de la candidature de la place Jemaa El Fna pour être reconnue "patrimoine culturel immatériel de l’humanité" par l’Unesco, projet qui se concrétisa avec la proclamation de la place comme tel en 2001. Symbole du dialogue et de l’alliance entre les civilisations, il a incarné, jusqu’au dernier jour de sa vie, son rôle de trait d’union entre les deux rives du Détroit. Spécialiste du monde arabe, qu'il a fait connaître à travers ses œuvres, Goytisolo se voyait comme un citoyen du monde qui sert de trait d'union aussi entre l'Orient et l'Occident. Outre sa défense des valeurs de partage, d’échange et de l’inter-culturalité, l'écrivain et essayiste espagnol est considéré comme l’un des auteurs les plus engagés de son époque, notamment en faveur des droits de l’Homme. Son indépendance morale et intellectuelle est, en outre, reconnue par la sphère littéraire.
Né en 1931 à Barcelone, Juan Goytisolo est l’un des écrivains espagnols les plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle. D'une famille aristocratique, il a été un intellectuel opposé au franquisme. Son père a été emprisonné par les Républicains pendant la guerre d'Espagne et sa mère tuée dans un raid franquiste en 1938 sur Barcelone.
Installé à Paris en 1956, il travaille chez Gallimard. Entre 1969 et 1975, il enseigne la littérature dans les universités de Californie, Boston et New York.
Son regard critique l'a aidé à construire une œuvre d'une grande originalité idéologique et stylistique et à adopter une position politique originale devant le nouvel ordre mondial de la fin du 20ème siècle. Auteur d'une quinzaine de romans et de nombreux essais, il a reçu plusieurs prix internationaux, dont le prix Europalia en 1985 pour l'ensemble de son œuvre, le prix Octavio Paz (2002), le prix Juan Rulfo de littérature latino-américaine et caribéenne (2004) et le prestigieux prix Crevantes (2014).