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«Braque disait : «Les preuves fatiguent la vérité». Pour bien suivre le travail de Fouad Bellamine, il faut renoncer à débusquer ces preuves qui froissent l’art et le réduisent à des équations inutiles. Depuis les premières esquisses, Bellamine n’a cessé de peindre le matin de la lumière.
Le dôme, l’arche, la porte de l’invisible, le corps qui se donne et la lumière qui efface les aspérités. Ce sont là les obsessions de Bellamine. Son travail puise sa légitimité dans cet éternel retour sur soi et la quête entêtée de la lumière, unique voie de Salut.
Cette clarté vient du ciel, seul paysage découpé par les maisons de la médina de Fès serrées les unes contre les autres. Cette promiscuité est naturelle pour celui qui est né dans cette cité du IXème siècle et qui ne l’a jamais quittée. Il faut lever les yeux pour capter cet espace.
Enfant, Fouad Bellamine recherchait ce morceau du ciel qui éclairait les ruelles, les boutiques et les médersas. C’est une quête de soi dans un mouvement soufi, celui de l’élévation. S’élever c’est renoncer à la poussière de la vie et s’attacher à l’essentiel : l’amour de l’absolu.
Toute cérémonie est source pour le peintre, la plus riche en symboles est celle de la nuit de noces. Fouad Bellamine habille et déshabille la mariée. Il la célèbre dans une geste des origines et renoue avec l’authenticité de chaque mouvement.
Quand Fouad Bellamine parle de «l’acte jouissif de peindre», il n’exagère pas. Il a une relation intime avec son travail, un lien physique qu’il décrit comme un « va-et-vient entre Eros et Thanatos ». Il fait corps avec la peinture tout en la pensant, la scrutant. Il travaille la matière et la couleur comme un artisan qui ne saurait pas dire pourquoi il fait tels gestes mais pour qui l’important, c’est le résultat. Fouad Bellamine ne se repose pas. Il est dans une tension permanente. Rien n’est acquis, rien n’est donné définitivement. Il a un paquet de souvenirs d’enfance et c’est avec cela qu’il avance et nous montre le monde dans ce qu’il dissimule, dans ce qui n’est pas visible et aussi dans sa douleur. Pas de nostalgie, pas de regret. Au contraire, tout est neuf puisqu’il le porte en lui depuis toujours.
Il est une relation cultivée depuis l’enfance et qui traverse le travail de Bellamine : la musique et la poésie du Malhoune, ce chant des origines passé par l’âge d’or andalou et maintenu dans son authenticité par les gens de Fès. Poésie amoureuse, poésie sacrée, rimée avec délicatesse, elle est fondamentale et partie intégrante de l’identité arabo-musulmane dans une grande liberté. Fouad Bellamine suit en cela la tradition du chant et de la musique souvent composés dans une symbiose judéo-arabe.
On pourrait dire que Fouad Bellamine n’a jamais cessé de peindre l’enfance fixée sur la splendeur d’un sein de femme, sur le dôme au fond d’une mosquée, sur l’arche au-dessus d’un mausolée, sur les courbes qui infligent quelques démentis aux fanatiques. On pourrait dire que sa peinture ouvre des portes, celles qui donnent sur le ciel, sur sa lumière, sur sa beauté énigmatique. On pourrait aussi imaginer que l’œuvre en cours n’est jamais tout à fait achevée et que chaque toile est un morceau de ce ciel qui l’obsède et le nourrit».