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Au Maroc comme en France, nous devons tout faire pour gagner les élections, souligne Guillaume Renaud, secrétaire national de l’Union
internationale de la jeunesse
socialiste (UIJS) et membre
du Présidium de l’IUSY, chargé du groupe de travail sur les
mouvements sociaux.
A travers son discours, il
traduit son ambition : réunir les hommes de gauche du monde entier pour fonder une Internationale du XXIème
siècle.
Libé : L’immolation de Bouazizi a secoué les peuples arabes qui se sont réveillés d’un long sommeil pour manifester contre la dictature. Les revendications des manifestants des différents pays concernés tournent toutes autour des principes de dignité, de liberté et de démocratie. Pensez-vous que ces aspirations pourront se réaliser à moyen terme? Comment voyez-vous l’évolution du Printemps arabe ?
Guillaume Renaud : En tant que socialiste, je crois profondément aux valeurs de dignité, de liberté et de démocratie. Je crois aussi à celles de l’égalité et de la justice sociale. J’espère, bien sûr, que les aspirations des peuples arabes aboutiront. Je ne sais pas si le succès sera total, mais une chose est sûre : plus personne, en France ni ailleurs dans le monde, ne pourra dire que ces valeurs ne concernent pas tous les peuples. Personne ne pourra plus défendre une dictature, ni même la considérer comme un mal nécessaire.
En ce qui concerne l’évolution du printemps, puis de l’été arabe, j’espère qu’il connaîtra un hiver heureux. Tout est à construire en Libye, l’incertitude règne en Tunisie, et les nouvelles en provenance de Syrie et d’Egypte ne sont pas bonnes. Les peuples ne doivent pas se faire voler leurs victoires.
Le peuple marocain a, pour sa part, des revendications similaires au niveau des principes, mais les Marocains ont fait l’exception. Les manifestants du Mouvement du 20 février ont opté pour l’évolution et la réforme. Ce qui a mené à une nouvelle Constitution, votée à 99% lors du référendum constitutionnel du 1er juillet. Mais les manifestants ont poursuivi leurs manifestations hebdomadaires, malgré les réformes conduites par le Roi. Quel est votre lecture de cette situation ?
La situation au Maroc est complexe. Elle est le fruit du travail de sape entrepris depuis de longues décennies. Si les réformes proposées par le Roi vont indéniablement dans le bon sens, leur application sera observée avec beaucoup d’attention. Les jeunes du Mouvement du 20 février ne supporteront pas une nouvelle mise en scène de la démocratie. Ils exigent le partage du pouvoir. Mais ils exigent aussi le partage des richesses, ce qui passe par des réformes profondes de l’économie marocaine, vers plus de justice sociale.
La jeunesse marocaine au sein de l’Union internationale des jeunes socialistes est bel et bien présente. Quels pourraient être, selon vous, ses moyens d’action et son impact sur le changement démocratique au Maroc ?
L’Union internationale des jeunes Socialistes a pour ambition de réunir tous ceux qui partagent dans le monde les valeurs de gauche. Je sais que ces valeurs sont bien présentes au Maroc. L’UIJS est très attentive à ce qui se passe dans le pays comme dans tout le monde arabe. Elle est prête à soutenir les mouvements de jeunesse qui en sont membres. Cette aide peut notamment se matérialiser sous la forme de formations des militants.
Comment expliquez-vous l’effet de contagion du Printemps arabe en Europe et ailleurs dans le monde?
Je ne pense pas que ce qui passe en Europe ou ailleurs dans le monde soit une suite du Printemps arabe. En Europe, il ne s’agit pas de lutter contre un régime dictatorial et corrompu, mais d’attirer l’attention sur la situation de la jeunesse qui se trouve dans un état de précarité très fort. Pour la première fois depuis très longtemps, notre génération vit moins bien que celle de nos parents. Ce n’est pas acceptable et c’est la raison pour laquelle la mobilisation est forte.
Les systèmes des grands pays démocratiques semblent également avoir atteint leurs limites... La rue semble avoir pris sa place dans la politique économique et sociale. Pensez-vous que cela puisse nous mener vers de nouveaux modes de gouvernance, non plus seulement issus des urnes mais bien directement de la Vox populi ?
S’il est une revendication qui est unanime, c’est bien celle d’une meilleure répartition des pouvoirs. L’ambition de la gauche, celle des socialistes, doit être de conquérir le pouvoir pour mieux le rendre aux citoyens. Mais la gauche a déçu sur ce point et nous devons retrouver la confiance du peuple. Au Maroc comme en France, nous devons tout faire pour gagner les élections, non pas pour se partager les postes ministériels, mais pour rendre le pouvoir au peuple. Alors, bien sûr, cela ne veut pas dire organiser des référendums sur chaque décision à prendre, mais cela signifie ne pas céder face aux pressions des organisations économiques internationales, des banques, de la finance, qui veulent nous imposer leurs règles. Et pour être encore plus efficaces face à ces structures mondiales, nous devons nous organiser, des deux rives de la Méditerranée comme partout ailleurs. Voilà un beau projet pour fonder l’internationalisme du XXIème siècle.