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Depuis l’adoption de la nouvelle Constitution qui consacre l’identité amazighe du Maroc et donne le statut de langue officielle à l’amazigh et la nomination du gouvernement Benkirane, 12 prénoms amazighs ont été refusés par les autorités. «Il y a toujours un embargo sur certains prénoms amazigh. Ce dossier est loin d’avoir été réglé une bonne fois pour toutes. Il est inconcevable que les personnes concernées ne puissent donner à leurs enfants des prénoms issus de leur propre culture, en l’occurrence la culture amazighe. Ailleurs, il y a un mot pour cela, la ségrégation!», nous déclarait l’activiste et avocat dans le civil Ahmed Arrehmouch, le 13 janvier à l’occasion de la célébration du nouvel an amazigh.
Dans un pays où on peut appeler sa fille «Hourya», Tileli, son équivalent en amazigh et qui signifie liberté dans les deux langues, a été récemment interdit. En terre marocaine, on peut aussi s’appeler Nejma et se voir refuser le prénom Titrit, qui est son synonyme chez les Imazighen. Au Maroc, le libre choix des prénoms qui fonde une identité pouvait être jusque-là entravé et la volonté parentale confisquée. Ainsi en décidait, parfois, l’officier de l’état civil ici et dans les consulats du Maroc. L’année qui nous quitte a vu le refus de Masilia et Sifax. Plus fort encore, le prénom «Amazigh» a été refusé à des parents imazighen et fiers de l’être.
A Larache en 2006, l’affaire «Illy» a relancé la polémique sur l’interdiction des prénoms d’origine amazighe après avoir mobilisé l’opinion publique nationale et internationale.
En 2010, le Maroc a été épinglé sur la question des prénoms amazighs par le comité onusien pour l’élimination de la discrimination raciale, lequel demandait solennellement aux autorités de «clarifier leur position» sur les prénoms dits marocains. Dans un rapport édifiant, les experts onusiens ont fait observer que des bureaux d’état civil ainsi que des consulats marocains à l’étranger refusaient des prénoms ne présentant pas «un caractère marocain». Selon le comité et à la lumière des plaintes reçues par des citoyens victimes de cette discrimination, ces consulats disposeraient de listes de prénoms autorisés sur les passeports marocains. Cette liste a été instaurée alors que Driss Basri était tout puissant ministre de l’Intérieur et que les députés avaient, dans un élan panarabiste étriqué et amnésique de l’identité amazighe du Maroc, voté en faveur d’une loi n’autorisant que les prénoms à caractère marocain et donc puisés dans la pure tradition de l’arabité.
Et c’est justement pour mettre fin au calvaire des parents dont les nouveau-nés sont privés de prénom que les députés de l’Union socialiste des forces populaires ont récemment déposé une proposition de loi visant à amender les articles 20 et 21 de la loi n°37-99 relative à l’état civil. «Ce que nous refusons par contre, c’est bien le fait que des prénoms soient refusés sans d’autres formes de procès parce qu’ils sont amazighs et qu’un fonctionnaire fait valoir une liste arbitraire et qui n’a aucune valeur juridique. Dans le Maroc d’aujourd’hui, dans un pays comme le nôtre qui a fait vœu de réformes après s’être réconcilié avec son identité, ceci est inacceptable», explique la députée usfpéiste Hasna Abouzaid avant de rappeler que «la Constitution consacre la pluralité du Royaume qui, à travers une même identité, se fonde sur des composantes arabes, islamiques, amazighes et sahraouies».
La levée (totale ?) d’une interdiction qui ne disait pas son nom est le résultat d’une longue bataille que les activistes imazighen n’ont eu de cesse de mener. Les prénoms amazighs auront en principe droit de cité. En attendant que le chef du gouvernement accepte enfin de rencontrer les représentants des Imazighen. «Nous avons pourtant écrit plusieurs fois à Abdelilah Benkirane. Il nous a toujours opposé un silence assourdissant», déclare avec amertume celui qui préside aux destinées du Réseau amazigh pour la citoyenneté.