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Les défis actuels imposent l'adoption d'un "universalisme global" respectueux de la diversité culturelle
Claude-Charles Mollard a entrepris un travail photographique qui vise à identifier dans le monde, et spécialement dans la nature (tronc d'arbres, roches, etc.), des formes anthropomorphiques, en d'autres termes des visages qui sont aussi bien ceux d'animaux, de monstres, que d'êtres humains. Christine Buci-Glucksmann appelle ces formes "les visages d'avant les dieux". Claude-Charles Mollard les désigne sous le terme d'"Origènes".
Son projet est esthétique, car cette vision artistique de la figure humaine doit être située dans l'histoire de la figuration et dans celle du surréalisme, puisqu'elle procède d'une forme de ready-made; il est symbolique, car Claude Mollard simule la naissance de l'intelligence visuelle de l'homme primitif : l'australopithèque a reconnu les "esprits de la nature", ce qui a nourri le développement de son langage, des légendes et des mythes qui sont aux origines de notre culture. De là le mot "origène" qui désigne les êtres des origines.
Il est anthropologique : l'exploration de la diversité des origènes selon les pays du monde met en valeur la diversité des culture et des formes de la nature. Claude Mollard choisit ainsi les signes qui fondent l'identité d'une ville, d'une région, d'un pays... Il est pédagogique : car la quête des origènes est aussi un exercice de la vision, un rafraîchissement du regard qui donne au regard des enfants, comme à celui des hommes primitifs, un avantage sur les regardeurs blasés et usés de la civilisation des images."
Le peuple des origènes vient de partout : des ruines romaines de Pompéi, des vestiges de l'abbaye cistercienne de Silvacane dans la Provence française, de la nature exubérante du Brésil. Il est contemporain mais il vient de la nuit des temps. Il rend visite à la ville de Meknès, grâce à l'exposition que l'Institut Français y organise le 4 mars prochain.
L'Institut Français a souhaité aller plus loin et a proposé à Claude-Charles Mollard, à l'occasion de 2 résidences (octobre 2008 et janvier 2009), de partir à la recherche des origènes de la ville de Meknès, ceux qui en font la marque, l'identité, l'empreinte indélébile, ceux qui définissent l'esprit de « la cité glorieuse ».
Claude-Charles Mollard a choisi près de 200 origènes parmi les milliers qu'il a photographiés à Meknès, ville riche de son histoire, de son patrimoine, de sa situation : Volubilis et ses ruines romaines est toute proche mais aussi la nature, les oliviers, les traces laissées par les habitants de la médina, celles des tanneurs… Ce sera l'occasion d'une deuxième exposition en avril Les origènes de Meknès. Elle aura lieu en extérieur aux portes de la vieille ville et en intérieur à Bab Mansour. Les Meknassi seront ainsi invités à comprendre où courent et discourent ces petits êtres qui prendront possession de certains espaces urbains.
Fasciné et intrigué par une pratique photographique singulière, les élèves du Cours de Langue de l'Institut Français sont entrés dans l'univers de Claude-Charles Mollard. C'est ainsi que les classes « Jeune adolescent » préparent une exposition consacrée aux origènes qu'ils auront trouvés. Ce troisième volet des résidences de Claude-Charles Mollard sera présenté en juin à l'Institut Français de Meknès. Des nouvelles ou légendes « fantastique » écrites par les élèves eux-mêmes raconteront l'âme de ces origènes.
Claude Mollard est un personnage atypique. Haut fonctionnaire, il s'est toujours investi dans l'action culturelle. Il est l'un des pères du Centre Pompidou dont il a dirigé la construction. Proche collaborateur de Jack Lang, il a assuré dans les années 80 le doublement du budget de la Culture et lancé la nouvelle politique des arts plastiques (centres d'art, Fonds régionaux d'art contemporain…). Il a dirigé de nombreuses institutions artistiques et culturelles (Musée des arts décoratifs, délégation aux arts plastiques, centre national de la photo). Il a créé en 1986 l'agence d'ingénierie culturelle ABCD et l'Institut de formation Supérieure de Management Culturel (ISMC). Ensuite, il a exercé auprès de Jack Lang les fonctions de chargé de mission pour l'éducation artistique et culturelle et de directeur général du Centre national de la documentation pédagogique. Il est magistrat à la Cour des Comptes et auteur de nombreux livres sur la politique culturelle. Il conduit une carrière photographique depuis 5 ans en donnant à voir les esprits de la nature qu'il désigne sous le nom d'« Origènes ». Il a exposé en Allemagne, France, Italie, Belgique, Grèce et au Maroc, à l'Institut Français de Marrakech, en 2005.
Mercredi 4 mars - vendredi 17 avril 2009 à l'Institut Français de Meknès.