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Les cimaises de la galerie
Bab Rouah à Rabat abritent, jusqu'au 15 janvier 2009, l'œuvre monumentale au vrai sens du terme de l'artiste peintre Karim Bennani,
l'un des pionniers notoires
des arts plastiques au Maroc :
«Carnets de voyages »
(1955-2008) où il relate son voyage dans le temps et l'espace selon une vision scrupuleuse
et analytique.
A l'instar d'un album
des images mémorables,
ces carnets s'étalent sur une quarantaine d'années
de création reposant sur
les formes, les couleurs
et le mouvement.
Cette exposition, première
dans son genre, est initiée
à l'occasion de la donation
de l'artiste Karim Bennani au Musée des Arts contemporains de Rabat. Il s'agit d'un geste généreux et altruiste de l'artiste combien apprécié par ses amis et les férus de sa peinture. Entretien.
Libé : Vous avez pris l'initiative de faire la donation de vos « Carnets de voyage » au Musée des Arts contemporains de Rabat. Quelles sont vos attentes par rapport à cet acte citoyen ?
Karim Bennani : J'ai eu beaucoup de propositions intéressantes pour « Carnets de Voyages » que j'ai refusées. Je ne veux pas déchirer toute une vie artistique pour de l'argent. J'ai préféré faire cette donation pour le ministère de la Culture au profit du « Musée des Arts contemporains de Rabat ». Je veux l'offrir au grand public et au Maroc. J'ai exposé 7 panneaux (2, 60 m X 80) et chaque panneau contient 52 œuvres dont les dernières remontent au mois d'avril 2008, à partir de mon voyage à Pékin. J'ai découvert qu'il y a une similitude entre le graphisme chinois et le graphisme arabe. Il y a parfois une écriture très visible et coranique qui rime avec le reste. Le voyage pour moi est un élément extrêmement important dans ma vie d'artiste, étant donné qu'il s'agit de tout ce que je fais pendant plus de 40 années. La personne qui perçoit mes œuvres peut visiter avec moi tout ce que j'ai visité. Tout est noté.
Les carnets ne sont pas une rétrospective, car celle-ci se trouve en permanence dans ma Fondation. Ici, c'est plutôt une donation que j'ai aménagée avec quelques œuvres à côté pour avoir une idée de ce qui se passe actuellement chez moi. C'est une période, parmi tant d'autres, qui est là devant le public ou un petit regard sur mon parcours créatif dans ses dimensions spatio-temporelles.
A côté de cette exposition, il y a la publication d'un deuxième livre par ma fondation écrit par l'historienne d'art Lydia Harambourg, ce qui représente une continuité par rapport à mon premier livre « Karim Bennani, 30 années de peinture » ?
Très franchement, j'étais un peu déçu du ministère de la Culture, parce qu'il n'a pas saisi l'importance de la donation aussi bien au niveau événementiel qu'historique. Je pense que c'est un événement historique qui va toucher le grand public. J'ai fait ce geste pour les générations futures. Il s'agit d'un musée national qui appartient au Maroc et aux Marocains. C'est ça qui me donne un peu de confiance et de confort. D'ailleurs, j'ai reçu la visite du ministre de la Culture iranien qui a été surpris par la qualité des œuvres et il m'a dit en présence de Mme le ministre de la Culture : “On n’a pas l'habitude de voir un travail pareil. Je vous invite à faire cette exposition en Iran”. C'est un signal très fort et extraordinaire.
L'exposition actuelle est rehaussée par l'acte exceptionnel de faire voir une impressionnante sculpture dorée. Parlez -nous de Karim Bennani le sculpteur ?
J'ai toujours senti en moi l'artiste sculpteur. La sculpture est un élément moteur de l'exposition. Elle illustre si bien mon souci pour le relief, la matière et la forme. Je n'aime pas les cadres car ils bloquent et gênent l'espace de l'œuvre. Heureusement, la sculpture n'a pas besoin de cadre. Le relief c'est l'aboutissement à la sculpture. Il y a toujours cet attachement envers le contraste et le clair obscur. J'ai fait une sculpture gigantesque et imposante en résine polisterre et peinte en or. C'est une expérience qui me tient à cœur depuis longtemps, c'est pourquoi j'ai fais plusieurs maquettes, mais le problème au Maroc qu'on ne trouve pas des gens spécialistes dans les moules et des techniciens en la matière. Heureusement, j'ai retrouvé un spécialiste portugais qui vient de s'installer à Rabat et qui est sensible à ce genre de travail.
Dans mon travail, comme vous l'avez bien remarqué, il y a beaucoup de lumière, des contrastes, du relief dans un sens. Cela veut dire qu'il y a déjà eu une naissance d'un regard de sculpture, il fallait seulement qu'il se débloque. Le temps est arrivé pour le faire sortir, car dans le domaine de l'art, il ne faut jamais forcer les choses, mais les laisser venir d'elles-mêmes. Maintenant que le moment est arrivé, j'ai tout un programme de sculptures pour l'année prochaine. Ma vision pour cette pièce de sculpture est surtout culturelle.
Je la vois dans des grands organismes ou des manifestations artistiques comme le Festival International d'Asilah qui est tout à fait indiqué pour ce genre de travaux. Je veux que beaucoup de gens en profitent.
Vous entreprenez la conquête de l'abstraction. Celle-ci prend effet par les formes et les rythmes auxquels vous donnez une dynamique qui va instrumentaliser votre propre création ?
Ma création puise aux sources originelles, à mes racines culturelles. Elle revisite les signes métaphoriques des grands mouvements intérieurs. La terre ancestrale m'avait nourri de traditions qui resurgissent alors sous une main qui a apprivoisé la connaissance et le savoir artisanal transmis par des générations éduquées à transmettre la mémoire patrimoniale, vivante et inaltérable. Dans le souci de continuité, ma peinture est d'abord le témoignage d'un homme qui peint dans son temps, c'est-à-dire que son acte s'inscrit dans un devenir permanent.
Recherche continuelle, mon œuvre n'a pas de limite. Elle parle d'elle-même et reflète une sensation de beauté à la fois dans la vie et l'existence. C'est une moralité propre et sûre. L'art pour moi se veut un élément interne que nous possédons tous, mais il y a des choses qui se déclarent et d'autres qui restent enfouies en nous. L'artiste sait bien les mettre en valeur .Il s'agit désormais de construire et par conséquent, de donner une équivalence spatiale et chromatique à l'univers surgi de la vision profondément secrète de l'artiste.
Bab Rouah à Rabat abritent, jusqu'au 15 janvier 2009, l'œuvre monumentale au vrai sens du terme de l'artiste peintre Karim Bennani,
l'un des pionniers notoires
des arts plastiques au Maroc :
«Carnets de voyages »
(1955-2008) où il relate son voyage dans le temps et l'espace selon une vision scrupuleuse
et analytique.
A l'instar d'un album
des images mémorables,
ces carnets s'étalent sur une quarantaine d'années
de création reposant sur
les formes, les couleurs
et le mouvement.
Cette exposition, première
dans son genre, est initiée
à l'occasion de la donation
de l'artiste Karim Bennani au Musée des Arts contemporains de Rabat. Il s'agit d'un geste généreux et altruiste de l'artiste combien apprécié par ses amis et les férus de sa peinture. Entretien.
Libé : Vous avez pris l'initiative de faire la donation de vos « Carnets de voyage » au Musée des Arts contemporains de Rabat. Quelles sont vos attentes par rapport à cet acte citoyen ?
Karim Bennani : J'ai eu beaucoup de propositions intéressantes pour « Carnets de Voyages » que j'ai refusées. Je ne veux pas déchirer toute une vie artistique pour de l'argent. J'ai préféré faire cette donation pour le ministère de la Culture au profit du « Musée des Arts contemporains de Rabat ». Je veux l'offrir au grand public et au Maroc. J'ai exposé 7 panneaux (2, 60 m X 80) et chaque panneau contient 52 œuvres dont les dernières remontent au mois d'avril 2008, à partir de mon voyage à Pékin. J'ai découvert qu'il y a une similitude entre le graphisme chinois et le graphisme arabe. Il y a parfois une écriture très visible et coranique qui rime avec le reste. Le voyage pour moi est un élément extrêmement important dans ma vie d'artiste, étant donné qu'il s'agit de tout ce que je fais pendant plus de 40 années. La personne qui perçoit mes œuvres peut visiter avec moi tout ce que j'ai visité. Tout est noté.
Les carnets ne sont pas une rétrospective, car celle-ci se trouve en permanence dans ma Fondation. Ici, c'est plutôt une donation que j'ai aménagée avec quelques œuvres à côté pour avoir une idée de ce qui se passe actuellement chez moi. C'est une période, parmi tant d'autres, qui est là devant le public ou un petit regard sur mon parcours créatif dans ses dimensions spatio-temporelles.
A côté de cette exposition, il y a la publication d'un deuxième livre par ma fondation écrit par l'historienne d'art Lydia Harambourg, ce qui représente une continuité par rapport à mon premier livre « Karim Bennani, 30 années de peinture » ?
Très franchement, j'étais un peu déçu du ministère de la Culture, parce qu'il n'a pas saisi l'importance de la donation aussi bien au niveau événementiel qu'historique. Je pense que c'est un événement historique qui va toucher le grand public. J'ai fait ce geste pour les générations futures. Il s'agit d'un musée national qui appartient au Maroc et aux Marocains. C'est ça qui me donne un peu de confiance et de confort. D'ailleurs, j'ai reçu la visite du ministre de la Culture iranien qui a été surpris par la qualité des œuvres et il m'a dit en présence de Mme le ministre de la Culture : “On n’a pas l'habitude de voir un travail pareil. Je vous invite à faire cette exposition en Iran”. C'est un signal très fort et extraordinaire.
L'exposition actuelle est rehaussée par l'acte exceptionnel de faire voir une impressionnante sculpture dorée. Parlez -nous de Karim Bennani le sculpteur ?
J'ai toujours senti en moi l'artiste sculpteur. La sculpture est un élément moteur de l'exposition. Elle illustre si bien mon souci pour le relief, la matière et la forme. Je n'aime pas les cadres car ils bloquent et gênent l'espace de l'œuvre. Heureusement, la sculpture n'a pas besoin de cadre. Le relief c'est l'aboutissement à la sculpture. Il y a toujours cet attachement envers le contraste et le clair obscur. J'ai fait une sculpture gigantesque et imposante en résine polisterre et peinte en or. C'est une expérience qui me tient à cœur depuis longtemps, c'est pourquoi j'ai fais plusieurs maquettes, mais le problème au Maroc qu'on ne trouve pas des gens spécialistes dans les moules et des techniciens en la matière. Heureusement, j'ai retrouvé un spécialiste portugais qui vient de s'installer à Rabat et qui est sensible à ce genre de travail.
Dans mon travail, comme vous l'avez bien remarqué, il y a beaucoup de lumière, des contrastes, du relief dans un sens. Cela veut dire qu'il y a déjà eu une naissance d'un regard de sculpture, il fallait seulement qu'il se débloque. Le temps est arrivé pour le faire sortir, car dans le domaine de l'art, il ne faut jamais forcer les choses, mais les laisser venir d'elles-mêmes. Maintenant que le moment est arrivé, j'ai tout un programme de sculptures pour l'année prochaine. Ma vision pour cette pièce de sculpture est surtout culturelle.
Je la vois dans des grands organismes ou des manifestations artistiques comme le Festival International d'Asilah qui est tout à fait indiqué pour ce genre de travaux. Je veux que beaucoup de gens en profitent.
Vous entreprenez la conquête de l'abstraction. Celle-ci prend effet par les formes et les rythmes auxquels vous donnez une dynamique qui va instrumentaliser votre propre création ?
Ma création puise aux sources originelles, à mes racines culturelles. Elle revisite les signes métaphoriques des grands mouvements intérieurs. La terre ancestrale m'avait nourri de traditions qui resurgissent alors sous une main qui a apprivoisé la connaissance et le savoir artisanal transmis par des générations éduquées à transmettre la mémoire patrimoniale, vivante et inaltérable. Dans le souci de continuité, ma peinture est d'abord le témoignage d'un homme qui peint dans son temps, c'est-à-dire que son acte s'inscrit dans un devenir permanent.
Recherche continuelle, mon œuvre n'a pas de limite. Elle parle d'elle-même et reflète une sensation de beauté à la fois dans la vie et l'existence. C'est une moralité propre et sûre. L'art pour moi se veut un élément interne que nous possédons tous, mais il y a des choses qui se déclarent et d'autres qui restent enfouies en nous. L'artiste sait bien les mettre en valeur .Il s'agit désormais de construire et par conséquent, de donner une équivalence spatiale et chromatique à l'univers surgi de la vision profondément secrète de l'artiste.