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Inculpation à New York de trois trafiquants internationaux de drogue arrêtés par la BNPJ en avril dernier au Maroc
« Les lignes ont bougé, plus rien ne sera comme avant »
En inaugurant les travaux de la réunion régionale de l'Internationale socialiste des femmes, la présidente Pia Locatelli s'est à raison interrogée. « Où sont les femmes, ces femmes qui ont manifesté sur la place Tahrir au Caire, ces femmes qui ont elles aussi fait la révolution du jasmin en Tunisie, ces femmes au cœur de la guerre civile en Libye, ces femmes qui en Arabie saoudite, ont osé, avec courage, conduire une voiture ? » Mais aujourd'hui où sont toutes ces femmes?, continue de se demander celle qui préside aux destinées de l'Internationale socialiste des femmes, s'inquiétant de leur rare présence -non pas en termes de quantité mais de qualité- et du rôle qu'elles peuvent donc jouer dans les institutions en transition. « Cette absence, ou cette présence limitée, signifie une fois de plus que les femmes restent sur le bord du chemin, après avoir payé le prix fort, parfois le prix de la vie, en participant au Printemps arabe », a martelé Pia Locatelli relevant dans la foulée l'exception marocaine. Au Maroc, dira-t-elle en substance, la protestation populaire a conduit à une réforme constitutionnelle, rompant avec la monarchie absolue, réformant la justice, faisant de l'amazigh une langue officielle et instaurant l'égalité entre l'homme et la femme. « C'est vraiment quelque chose de révolutionnaire ! » s'exclame la socialiste italienne.
Vus du Maroc, les soulèvements de « la rue arabe » sont loin de laisser indifférents. Ouafae Hajji, membre du Conseil national de l'USFP, l'a bien relevé lors de la séance d'ouverture de cette conférence régionale. « Notre thème d'aujourd'hui revêt non seulement un caractère d'actualité mais également une importance cruciale. Il nous interpelle à l'Internationale socialiste des femmes, en tant que politiques engagées dans le combat pour la démocratie et le respect des droits humains, et en tant que femmes actives dans la promotion de l'égalité, de l'équité et des droits fondamentaux de la moitié de la population. Après ce que l'on appelle « le Printemps arabe », les lignes ont bougé et plus rien ne sera comme avant. Pour preuve, les femmes saoudiennes qui viennent d'obtenir le droit de vote, celui de se présenter aux élections et d'adhérer au Conseil consultatif. La question que nous nous posons aujourd'hui est de savoir si une vraie démocratie pourra se construire sans la contribution des femmes. La contribution des femmes est un élément de modernité et de transformation culturelle de par son impact sur les mentalités et leur évolution. Elle représente à ce titre une exigence culturelle fondamentale dans la construction de la citoyenneté et, partant, de la démocratie. Elle constitue également une valeur ajoutée dans l'intégration des pays de la région à l'environnement international et un atout non négligeable dans la philosophie d'ouverture. La cause féminine et la revendication d'égalité se situent par conséquent au cœur de la démocratie et du développement dans leurs dimensions humaine, politique, culturelle et économique. L'égalité et la participation à la prise de décision sont une revendication d'intérêt général, une exigence pour la construction de l'avenir ».
Pour construire justement l'avenir, les Egyptiennes ont démontré que la révolution se conjuguait aussi au féminin. Présente à Rabat pour participer aux débats de l'Internationale socialiste des femmes, l'Egyptienne Maha Al Aswad parle d'un effet place Tahrir. Au Caire, sur cette place où est née la révolution égyptienne, les femmes se sont senties soudain les égales des hommes. « En fait, la place Tahrir n'était plus qu'un immense espace qui regroupait toutes les différences, sans distinction : intellectuels, différentes classes sociales, affiliations politiques divergentes, hommes, femmes, et ce dans une sorte de tolérance et d'acception de l'autre inédite. Les femmes ont-elles un rôle traditionnel ? Je pense plutôt que si les femmes veulent l'égalité, elles doivent s'emparer d'autant d'espaces que les hommes dans les sphères publiques » affirmera-t-elle. En Egypte, les femmes ont investi la place Tahrir, bravé la répression, obtenu la chute d'un système. Dans la revendication, l'égalité s'est imposée, naturellement.
“Les femmes arabes ne
doivent pas être les oubliées de ces transitions”
En Algérie, les femmes continuent, elles, de se battre pour “un pays libre, un Etat souverain et une société humaine”. L'Algérie aura-t-elle son printemps? L'Algérie n'est pas un pays à part, fait valoir Farida Messaoudi, la secrétaire nationale chargée du mouvement associatif qui représentait, lors de cette rencontre de Rabat, le Front des forces socialistes. “Les Algériens ne sont pas un peuple à part. Ils veulent exister dans le présent et dans l'avenir. Par contre, mon pays est gouverné par des gens à part, organisés en caste hermétique fermée à tout dialogie serein”. Au regard de ce long combat pour la démocratie et dans le contexte actuel, l'introduction du quota pour les Algériennes ne servira, selon la conférencière, qu'à “fausser le débat et constituera pour le pouvoir actuel une façade politique pour l'étranger”.
Les femmes arabes ont été les “guest stars” de la réunion régionale de l'ISF. Des projecteurs ont été braqués sur leurs combats, leurs douleurs mais aussi et surtout sur leur volonté farouche de participer à la construction de la démocratie. A Rabat, les femmes de l'Internationale socialiste ont évoqué leur mobilisation, applaudi leur engagement, soutenu leur cause. “Elles se sont battues pour plus de liberté, pour la fin de la répression et l'adoption de réformes fondamentales. Malgré cela, les femmes et leurs problèmes spécifiques ont, dans plusieurs cas, disparu des préoccupations ou ne constituent pas une priorité. Comment faire alors pour que les femmes soient une partie prenante dans la construction de l’avenir de leur pays, faire en sorte que le changement devienne une réalité pour les femmes également et s'assurer que leurs intérêts ne seront pas, une fois de plus, laisés. Elles doivent pour cela pouvoir dès aujourd'hui s'asseoir à la table de négociations, avant que l'on assiste une fois de plus à la confiscation de leur avenir », a expliqué l'Usfpéiste Ouafae Hajji avant de poursuivre:“Nos situations dans les régions de la Méditerranée, du Moyen Orient et du Caucase réunies aujourd'hui sont certes différentes, liées aux avancées de nos pays respectifs, mais pour un même combat, celui de la dignité, de la reconnaissance des droits, dont celui fondamental d'être actrices de notre devenir et de celui de nos pays. C'est une question de temps et de persévérance qui sollicite de notre part, membres de l'Internationale socialiste des femmes, de mettre en lumière les enjeux de l'égalité des genres et de la citoyenneté effective des femmes dans les processus de construction démocratique et de privilégier la solidarité comme nous savons si bien le faire. Cela pour que les femmes de la région, et particulièrement les femmes arabes, ne soient pas les oubliées de cette phase historique, et pour que la floraison de ce Printemps soit porteuse d'égalité, d'équité et de justice ».
Ce qui a changé pour les Marocaines
Le Code de la famille avec ses 11 points de réformes (coresponsabilités familiales, tutelle, âge de mariage, polygamie, mariage civil, répudiation, divorce, garde des enfants, enfants hors mariage, héritage des enfants, répartition des biens)
Le Code de la nationalité
La ratification de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDAW) il y a une dizaine d’années.
Début septembre 2011, le Maroc a levé les dernières réserves qui ont été émises (article 9 et 16).
L’intégration de la dimension genre dans l’élaboration et l’analyse du budget de l’Etat (2006) et sa mise en place dans les stratégies sectorielles du gouvernement.
Projet de reforme au niveau du Code pénal pour criminaliser la violence contre les femmes.
En janvier 2010 : création de la Commission Royale de réflexion sur la régionalisation. La Constitution de 2011 a statué la participation de la femme au niveau de la gouvernance régionale avec un seuil de 30%.
Instauration des réformes revendiquées par notre parti depuis 1975 de manière progressive et sereine :
-Les réformes politiques.
-Les réformes constitutionnelles : la Constitution de 2011, suite à une démarche participative de l’ensemble des partis politiques à leur tête l’USFP, a consacré sans ambiguïté l’égalité des sexes en matière politique, elle comporte plus de 10 dispositions consacrées à la femme : (non discrimination fondée sur le sexe, dès son préambule, l’égalité des sexes en matière civile, politique, économique, sociale, culturelle et environnementale, consécration de la parité, incitation aux mesures de discrimination positive et encouragement à la participation des femmes dans les instances et organismes publics ; article 19 : en plus de la création d’une autorité pour la parité et la lutte contre toute forme de discrimination, article 32 : création du Conseil consultatif de la famille et de l’enfance, article 30 : des dispositions de nature à favoriser l’accès égal des femmes et des hommes aux fonctions électives ; article 49 : égalité des chances dans les critères de nomination dans la fonction publique ; article 115 : conseil supérieur du pouvoir judiciaire présidé par le Roi : une représentation des femmes magistrats doit être assurée parmi les 10 membres élus ; article 146 : assurer une meilleure participation des femmes au sein des conseils régionaux ; article 154 : l’égal accès au service public...
Le dispositif de la liste nationale réservée au femmes représente un autre acquis en assurant l’élection de 60 femmes dans les prochaines élections du 25 novembre 2011, alors qu’il ne dépassait pas 30 en 2002 et 2007 dans la liste nationale. C’est une mesure transitoire en vue de réaliser la parité prévue par la Constitution 2011.
Editing Libération d’après l’allocution de Zoubaida
Bouayad lors de la réunion régionale de l’ISF.
A Rabat, une déclaration pour soutenir les femmes du Printemps arabe
« (…) L'Internationale socialiste des femmes, qui œuvre dans le monde entier pour la promotion des droits des femmes et leur représentation équilibrée en politique:
Encourage les femmes arabes à jouer un rôle dans les institutions de transition afin d'établir de nouvelles structures institutionnelles dans les différents pays;
Déclare sa forte préoccupation devant la répression, les sévices et les mauvais traitements qu'endurent les citoyens dans de nombreux pays et qui affectent particulièrement les femmes;
Demande la libération immédiate de toutes les femmes arrêtées et emprisonnées pour leurs convictions ou en raison de leur participation aux manifestations;
Affirme son soutien au combat des peuples arabes pour la construction de vraies démocraties engagées à promouvoir l'autonomisation des femmes dans toutes les sphères de la vie et cela sans aucune forme de discrimination ou d'exploitation ;
Confirme sa pleine implication aux côtés des femmes arabes progressistes dans leur lutte pour l'égalité en politique tant dans le domaine de l'égalité des droits que dans celui de la prise de décisions et
Réitère l'importance de promouvoir les organisations de femmes, dans les régions de la Méditerranée, du Caucase et du Moyen-Orient en vue d'échanges et de partage qui permettraient de renforcer la solidarité entre les femmes des deux rives et de favoriser une culture de paix et de coexistence.
Finalement l'Internationale socialiste des femmes:
Soutient et exige la participation active des femmes dans les processus démocratiques appelés « le Printemps arabe » et dans tous les autres processus qui luttent pour la démocratie dans le monde, et souligne l'importance des droits des femmes comme l'un des éléments cruciaux de ces processus ;
Demande la résolution immédiate du conflit au Moyen-Orient afin de garantir une paix juste et durable dans la région, l'admission à l'Organisation des Nations unies de l’Etat de Palestine et la reconnaissance du rôle central que peuvent jouer les femmes pour surmonter les conflits ;
Réaffirme son appui à l'application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU qui souligne l'importance de la participation des femmes aux processus de paix et de démocratie et ;Souligne qu'il est d'une importance cruciale de reconnaître les progrès réalisés dans la résolution des conflits actuels dans la région méditerranéenne et d'appliquer les résolutions antérieures adoptées par l'Internationale Socialiste pour promouvoir la démocratie, l'égalité et les droits de la personne humaine dans cette région ».
Lettre de Marlène Haas à Abdelouahed Radi
Londres, le 10 octobre 2011
Cher premier secrétaire, cher ami,
Je voudrais vous remercier au nom de l'Internationale socialiste des femmes, l'ISF, de votre accueil à Rabat pendant la réunion de l'Exécutif et la réunion régionale de l'ISF les 29 et 30 septembre 2011. Je pense que ces évènements ont été un grand succès du point de vue politique.
J'aimerais remercier l'USFP de nous avoir donné la possibilité de pouvoir tenir nos réunions à Rabat et d'avoir si bien géré ces évènements. Nous étions également heureuses de pouvoir vous écouter pendant l'inauguration.
Finalement je suis très reconnaissante à Ouafa Hajji et à toute son équipe de l'excellente organisation de ces deux journées et en profite pour exprimer à l'USFP un grand merci pour sa formidable générosité et hospitalité.
Je suis certaine que ces réunions ont renforcé les liens entre l'USFP et l'ISF.
Amitiés, Marlène Haas Secrétaire générale
Radi : Les femmes, cette révolution dans la révolution
Abdelouahad Radi n’a de cesse de le dire. Le thème retenu pour les travaux de l’Internationale socialiste des femmes à Rabat est au cœur de l’actualité. En choisissant de se pencher sur « le rôle des femmes arabes dans la démocratie émergente », les femmes socialistes ont tout simplement été à l’écoute du monde, des clameurs de ses révolutions, à l’écoute aussi et surtout de la moitié de l’humanité
Quand l’Internationale socialiste des femmes débat donc du rôle des femmes arabes dans la démocratie émergente, elles font référence, explique le Premier secrétaire de l’USFP, « à ces femmes arabes, amazighes, africaines ou de toute autre origine, vivant dans cette région du monde, qui est en train de vivre actuellement une phase déterminante de son histoire ».
« Dans le Maghreb et dans le Machreq, la principale revendication de nos sociétés est l’instauration de la démocratie véritable. Car c’est la démocratie qui ouvre la voie à tout ce qui concerne la dignité humaine, à savoir : la liberté, l’égalité, la justice, politique, économique et sociale. Aujourd’hui, sans ces conditions la vie ne mérite pas d’être vécue. C’est là que réside le projet de la social-démocratie qui nous unit, abstraction faite de notre religion ou culture. La démocratie ne peut être véritable que si tous les membres de la société en bénéficient dans le strict respect de l’égalité en général et de l’égalité homme -femme en particulier », affirme avec force A. Radi.
Le leader usfpéiste l’affirme sans ambages : «Les révolutions qui sont en train de se dérouler, les réformes qui sont en train de se réaliser n’auront aucun sens si la femme n’en bénéficie pas, en éliminant toutes les discriminations et les injustices dont elle a été victime pendant des siècles, voire des millénaires. La femme ne doit pas être le simple spectateur de ce que se déroule, ni le quémandeur, mais l’acteur principal pour qu’il y ait « une révolution dans la révolution » pour paraphraser le philosophe Regis Debré ».
A l’intérieur de la révolution, une autre révolution essentielle, nodale devrait surgir. « C’est la révolution en faveur de la femme à l’intérieur de la révolution nationale pour la démocratie, la justice et l’égalité », conclut celui qui est aussi le président de la Chambre des députés.