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Les Marocains se sont déplacés en masse pour voter « oui » à la nouvelle Constitution. 75% de participation est un chiffre honorable, bien en contradiction avec les habitudes prises par l’électeur marocain quand il est convié aux urnes.
Le référendum a-t-il été plutôt un plébiscite de la politique Royale ?
En tout état de cause, c’est peu de chose que de rendre hommage à cet engagement citoyen du Marocain par sa participation d’une part, et par son acceptation en masse de la nouvelle Constitution, en appliquant la nouvelle Constitution stricto sensu.
La liste nationale est-elle une discrimination?
Les discussions vont bon train sur l’usage qu’il faut faire de la liste nationale, jusque-là réservée aux seules femmes pour leur permettre d’être représentées au Parlement et de s’initier au jeu politique.
Il est question de l’ouvrir aux jeunes ou aux intellectuels.
Il est question d’augmenter le nombre de députés accédant à la Chambre des représentants par la liste nationale, et d’augmenter en conséquence le nombre total de députés.
J’ai moi-même bénéficié de la liste nationale pour mon élection en 2007, et je reconnais que l’accès à l’Assemblée nationale est bien plus aisé par cette voie que par la confrontation sur le terrain.
La liste nationale reste cependant une discrimination. L’objectif est de transformer la société en faisant accepter sa mixité et en favorisant l’implication des femmes dans la politique et leur représentation au sein de l’assemblée. La discrimination est en principe temporelle et il est légitime pour la société qui a fait le choix de cette discrimination, d’analyser régulièrement son effet et de confirmer ou d’infirmer son utilité, et de l’amender dans le but d’améliorer son effet et d’accélérer sa temporalité.
Bilan de la liste nationale.
La liste nationale instituée en 2002 a permis à 30 femmes d’accéder au Parlement. Seules 5 femmes ont réussi lors des élections de 2002 à passer le filet des élections par la confrontation sur le terrain.
En 2007 aucune des femmes ayant bénéficié d’une législature discriminée n’a réussi à s’imposer par les urnes. Le nombre de femmes élues directement est passé de 5 à 4, augurant d’un effet négatif de la liste nationale.
Il reste certes très difficile, dans les conditions actuelles, d’envisager le terrain pour les femmes.
Bilan des femmes élues par la liste nationale.
Nous estimons avoir un bilan de participation positif. Nous avons apporté notre quote-part de présence, de compétence et de persévérance.
Les femmes parlementaires, diplômées en majorité, ont contribué à améliorer le dynamisme, la technicité et l’image de l’institution. Notre participation s’écarte sans contestation de la figuration.
Mais les femmes parlementaires élues par la liste nationale n’ont pas de légitimité locale et n’ont pas de contact avec les électeurs. Pour la plupart d’entre elles, elles n’ont pas construit de relations avec leurs électeurs.
L’esprit de la nouvelle Constitution
Nous nous sommes dotés d’un texte constitutionnel très moderne. J’ai eu l’honneur de faire le plaidoyer du texte avec un de ses rédacteurs, M. Driss Yazami, à Washington et de défendre en particulier les nouvelles dispositions du texte pour la parité :
«L’Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il crée, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination».
Ce n’est pas un hasard si l’article 19 de la nouvelle Constitution associe la parité à la lutte contre toutes formes de discrimination.
Réduire la participation de la femme au Parlement à une simple discrimination, dût-elle être positive, à l’image de l’assemblée actuelle, où seules 4 femmes ont été élues en dehors de la liste discriminatoire nationale, ne semble pas correspondre à l’esprit de la nouvelle Constitution.
Augmenter le nombre de parlementaires de la liste nationale peut être jugé anticonstitutionnel ; les députés tiennent leur mandat de la Nation.Ceux de la liste nationale subissent une sorte d’élection indirecte et semblent tenir leur mandat du Parti. Augmenter le nombre de parlementaires compliquera également les alliances et ne plaidera pas en faveur d’un gouvernement efficace.
Faire partager cette discrimination des femmes avec les jeunes me semble pour le moins anachronique puisqu’elle souligne la discrimination autant pour les femmes que pour les jeunes.
J’estime, pour être conforme à l’esprit de la Constitution, qu’il faut oser plus. L’article 30 de la nouvelle Constitution préconise des dispositions de nature à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives.
Il faut ouvrir l’accès du Parlement aux femmes, par des méthodes égalitaires, en prévoyant des listes locales de femmes, où les femmes s’opposeront aux femmes de leurs circonscriptions et défendront les programmes de leur parti pour gagner la confiance de leurs électeurs. Le travail qu’elles auront accompli au profit de leurs électeurs sera régulièrement jugé par ces derniers.
Le nombre d’élues femmes devrait être égal à celui des élus hommes, c’est la parité. Les mesures tendant à limiter leur nombre à un pourcentage inférieur sont discriminatoires et doivent être temporelles.
Aujourd’hui, fixer la participation des femmes à 30% pour la prochaine législature semble acceptable.
Tout le monde devrait y gagner. Nous allons ouvrir les portes du Parlement aux femmes porteuses de talent et de compétences, qui briseront leur plafond de verre. Nous allons politiser les femmes sur le plan local, garantir l’ancrage local des candidates et donner une meilleure visibilité à leurs actions.
Les candidates vont s’affronter aux électeurs de leur circonscription, identifier leurs problèmes et veiller à les défendre et les représenter pendant toute la législature.
Les électeurs vont apprendre à voter femme, à juger leur action, à apprécier leur travail. Toute la dynamique élective devrait se transformer et espérons-le, déteindre sur l’élection des «hommes» pour le bien du pays.