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Bien des paradoxes interpellent Mme Belarbi. Celui entre la démocratie marocaine en pleine épanouissement et la marginalisation des femmes qui perdure. Celui entre des femmes qui se trouvent au-devant de la scène économique et sociale et leur faible représentativité politique.
Le changement social radical qui suppose l’accès à une modernité réfléchie est-il possible sans une révolution culturelle et sociale où la place et le rôle des femmes sont à repenser? Aujourd’hui, le Maroc a atteint un seuil de rupture culturelle qui appelle, d’une part, à repenser le rapport au passé de façon lucide et critique, et d’autre part, à analyser les transformations intervenues tant dans les structures sociales qu’économiques pour pouvoir se projeter dans l’avenir.
Il faut convenir que bien de changements sont survenus dans la vie des femmes. Le débat sur la place de la femme dans la société est antérieur aux indépendances, de par le monde arabe, comme l’a souligné, dans son ouvrage, Mme Belarbi. Depuis la moitié du 20ème siècle, la femme est devenue un enjeu central dans la construction de la société. C’est ce qu’elle tient à démontrer à travers une radioscopie de la situation où elle invite le lecteur dans les méandres de la question féminine.
On apprend ainsi qu’au moment de l’accès à l’indépendance, le statut et la situation de la femme marocaine restent toujours marqués par de profondes inégalités comparés à ceux des hommes. Une lente évolution verra le jour à travers les effets de l’urbanisation, de l’entrée dans le monde du travail et de la maîtrise de la maternité (planification familiale). A partir des années 80, sous l’influence d’organisations féminines, la place des femmes dans la vie politique et sociale sera posée avec plus de force. Les femmes essaient de se libérer du joug de la soumission et revendiquent une pleine citoyenneté. Le débat se cristallisera avec vigueur autour des projets de réforme du Code de la famille à partir des années 2000.
Et voilà que le 21ème siècle s’annonce avec les effluves d’un printemps libérateur. L’ère des femmes cantonnées dans leur rôle d’épouses passives est révolue. Leurs foyers devenus trop étroits ne contiennent plus leurs ambitions. Elles n’arrivent pas à résister à la voix de la liberté qui les incite à investir davantage de domaines politiques ou économiques. Elles ont été encouragées dans leur combat par les dispositions de la nouvelle Constitution. En effet, bon nombre de droits ont été constitutionnalisés notamment ceux instituant l’égalité et la parité. Mais le gouffre entre les lois et la réalité ne cesse de s’approfondir vu que la révolution culturelle n’a pas eu lieu. Le conservatisme de la société marocaine, l’islamisme dominant continuent à prévaloir et constituent un blocage pour la démocratie comme l’a indiqué Mme Belarbi. «Le Maroc se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins entre des lois progressistes égalitaires et des réactions de tradition discriminatoire ancrées dans les coutumes de la société». Les militantes des droits de la femme ressentent une frilosité et leurs appréhensions sont grandes quant à leurs acquis. D’ailleurs, le conservatisme affecte même les partis politiques qui adoptent des discours modernistes mais peinent à les mettre en œuvre. Ce que déplore d’ailleurs l’auteur : «Aujourd’hui, le défi des différents acteurs sociaux est de faire passer l’égalité acquise au niveau juridique dans la réalité quotidienne». C’est là que réside tout le problème !
L’autre volet de l’ouvrage, non moins intéressant, est présenté comme suit par Mme Belarbi : «Ma contribution à la dynamique sociétale s’est aussi faite à travers mes articles publiés dans la presse socialiste. La présentation chronologique de mes articles se conforme à l’évolution politique et sociale du pays… » Toute l’évolution de la condition féminine est ainsi retracée à travers des articles, de l’auteur, publiés de 1976 à 2011 dans la presse socialiste, en l’occurrence Al Mouharrir, Al Ittihad Al Ichtiraki et Libération ; des journaux qui constituent pour elle «un forum d’expression». Entre «le combat des femmes marocaines : de la participation aux révoltes du Rif et de l’Atlas contre l’occupant au combat pour la démocratie» (Al Mouharrir 1976) et «Frustration générale de la représentation des femmes dans le gouvernement Benkirane» (Al Ittihad Al Ichtiraki 2012), il va sans dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Malgré toutes les avancées réalisées, le combat continue. «Le but sera atteint le jour où personne ne se souciera de la parité», comme l’a indiqué à juste titre, Gilbert Legay dans son ouvrage «Droits des femmes. Une histoire inachevée».