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En effet, bien que le ratio de la mortalité maternelle ait diminué de près de 66% en 20 ans, passant de 332 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en 1992 à 112 décès en 2010 et que le niveau de mortalité infanto-juvénile a été réduit de 84 en 1992 à 30 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2011, soit une réduction de 64%, le Royaume semble loin de ses engagements internationaux relatifs à la diminution de deux tiers des décès infanto-juvéniles (OMD 4) et trois-quarts des décès maternels (OMD 5) par rapport aux chiffres de 1990. Effectivement, chaque jour deux femmes et 54 enfants de moins de cinq ans dont 51 avant l’âge de un an et 33 avant leur 1er mois de naissance meurent.
Le pays doit, en effet, atteindre en 2015 un taux de 83 décès pour 100.000 naissances vivantes pour la mortalité maternelle et de 25 décès infanto-juvéniles pour 1.000.
Mais comment peut-on expliquer cette situation alors que des efforts considérables ont été entrepris comme en témoigne le premier rapport du groupe d’examen indépendant d’experts de la santé de la femme et de l’enfant de l’ONU? Pour les responsables du ministère de la Santé, cette réalité est due à plusieurs facteurs. D’abord, une mauvaise gestion de la carte sanitaire. Selon un document interne du même département, 43 % de la population marocaine reste située à plus de 6 km de l’établissement de santé de base le plus proche.
Ajoutez à cela le fait que les maternités de première ligne ne sont disponibles que dans les chefs-lieux de caïdats, leur implantation est souvent excentrée par rapport à la population. Quant aux maternités hospitalières, elles sont utilisées à plus de 50 % par les trois communes limitrophes des hôpitaux. Cette difficulté d’accès aux soins se traduit également à travers l’insuffisance et l’inadéquation des moyens d’évacuation vers les maternités hospitalières. Le manque de transport représente, à lui seul, 46,2% des raisons de non-recours aux services de prise en charge de l’accouchement.
Le document pointe également du doigt le manque de personnel qualifié. Or le Maroc a été déjà classé par l’OMS en 2005 parmi les pays en déficit aigu en personnel puisqu’il dispose de moins de 2,3 personnels qualifiés par mille habitants pour assurer les accouchements. En plus de ce déficit aigu, les ressources existantes ne sont pas suffisamment rentabilisées (déséquilibre de répartition, mauvaise organisation des gardes, évasion vers le privé, manque de motivation, etc.). Une situation qui n’a pas beaucoup évolué depuis puisque, de l’aveu des responsables du département de la Santé, le nombre des gynécologues et des sages-femmes reste inférieur par rapport à la population cible.
La qualité des soins constitue elle aussi un des freins retardant la réalisation de ces deux objectifs millénaires de développement. Car malgré le fait qu’une femme arrive à surmonter la barrière géographique et financière, elle ne bénéficie pas nécessairement de soins de qualité. Une situation qui interpelle largement l’organisation des soins dans les maternités hospitalières et l’engagement des professionnels de la santé dans la mise en œuvre des recommandations des bonnes pratiques des soins obstétricaux. Que faut-il donc faire pour que le Maroc puisse honorer ses engagements? Houcine El Ouardi, ministre de la Santé, propose un plan d’action comprenant 51 mesures visant à réduire la mortalité maternelle de 112 à 50 décès pour 100.000 naissances vivantes et celle néonatale de 19 à 12 décès pour 1.000. Des mesures et des objectifs qui ressemblent étrangement à ceux du plan de 2008-2012 concocté par l’ex-ministre de la Santé, Yasmina Baddou.
Cette dernière avait promis elle aussi de réduire, à sa façon, le taux de mortalité maternelle à 50 pour 100.000 naissances vivantes d’ici 2012 et de réduire le taux de mortalité infantile (TMI) à 15 pour 1000 naissances vivantes. Pourtant, cinq ans après, on est encore loin du compte.
Houcine El Ouardi va-t-il réussir là où son prédécesseur a échoué? Difficile de répondre, mais plusieurs indicateurs laissent penser le contraire puisque le ministre ne dispose pas des moyens de ses ambitions. Le manque flagrant de gynécologues et de sages-femmes ainsi que la faiblesse des ressources financières allouées en disent long sur la situation.
Pourtant, une chose est sûre, le compte à rebours 2015 des Objectifs du millénaire pour le développement a commencé et le Maroc n’a pas le droit de rater ce rendez-vous.