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« Je suis un fils du peuple, un ould derb ». Driss Lachgar, 58 ans, a pris l’habitude de convoquer ses origines pour expliquer son engagement politique et, surtout, son ascension partisane. Avec lui, l’ascenseur est d’abord politique avant d’être social. De l’Union des étudiants du Maroc où l’on garde de lui le souvenir d’une forte tête à la Chabiba ittihadia où il réussit à imposer son style jusqu’à la commission administrative de l’USFP à laquelle il sera élu en 1984, l’enfant de Takkadoum, un quartier populaire de Rabat, a la militance chevillée au corps. En 1993, élu député de Rabat, il fait son entrée sous la coupole. Un siège qu’il perdra en 2002 avant de le reconquérir aux dernières législatives de 2011.
«L’USFP est ma maison, les Ittihadis ma famille», a coutume de dire celui qui a adhéré à l’UNFP en 1970 avant de rejoindre l’USFP dès sa création en 1975. Envolée lyrique ou discours politicien ? Ni l’un ni l’autre tant l’homme s’est identifié au parti, l’Union socialiste des forces populaires, où il a fait ses premiers pas sur le chemin de l’engagement.
Au fil des ans, Lachgar creuse son sillon. Il s’investit corps et âme dans l’organisation d’une formation politique qui, en 1975, fait le choix courageux du combat politique légitime. Les Ittihadis déposent les armes. Leurs convictions en sont encore plus fortes. La démocratie et la modernité sont brandies en étendard. Et c’est exactement sur ces deux concepts qui à l’évidence n’ont pas pris une ride, que le successeur d’Abdelouahad Radi a fait campagne auprès des Ittihadis. L’USFP traverse les années de plomb. Des militants sont torturés, condamnés, emprisonnés ou victimes de disparition forcée. C’est probablement aussi pour cela que Driss Lachgar s’engage au barreau de Rabat et porte passionnément la robe noire de l’avocat engagé. Défendre la veuve et l’orphelin mais aussi le militant et les sans voix. Il est à bonne école. Il partage alors, avenue de France à Rabat, le cabinet de Mohamed Elyazghi dont il a été l’élève fidèle avant d’en être le farouche adversaire au lendemain des législatives de 2007.
Le verbe haut
et la formule qui tue !
De prétoires en meetings, celui qui est à la fois avocat et homme politique se distingue. Il a le verbe haut, la réplique assassine et le sens de la formule péremptoire. Champion des effets de manche, ses plaidoiries font trembler les juges et au Parlement ses prises de parole sont très suivies. Le député bouscule les schèmes en rompant définitivement avec la langue de bois. Ses détracteurs mettent en avant son goût prononcé pour la polémique Ses fidèles affidés préfèrent, eux, parler, d’un homme qui ne craint pas d’affirmer ses positions et qui tient en horreur le clair obscur. De cette posture, cet Ittihadi pur jus en a fait une marque de fabrique jusqu’à sa présidence du groupe socialiste à la Chambre des députés, de 1999 à 2007. L’homme, c’est le style. Et le style Lachgar ne laisse pas en tout cas indifférent. Son influence ne cesse alors de grandir. On le dit faiseur de décisions, agitateur de la bannière blanche en signe de paix ou au contraire prompt à brandir la hache de guerre. Il sera le meilleur défenseur de l’alternance conduite par Abderrahamane Youssoufi, l’avocat intransigeant de la participation gouvernementale de l’Union socialiste des forces populaires et le partisan incontesté du passage à l’opposition d’un parti usé par 13 années passées au pouvoir.
Sectaire Driss Lachgar ? En tout cas à l’ombre de Mohamed Elyazghi longtemps numéro deux du parti avant d’en être le Premier secrétaire, il a su tisser sa toile et son réseau militant. C’est l’homme de l’appareil. «Il peut exactement vous dire le nom du responsable de la section USFP perdu au fin fond du pays, ce qu’il fait dans la vie et le nombre d’enfants qu’il a», commente un Usfpéiste de la première heure. L’apparatchik ne s’est jamais éloigné des bases, comme attendant son heure.
Sa brève carrière ministérielle –il est ministre en charge des Relations avec le Parlement de janvier 2010 à janvier 2012- n’entamera en aucune façon son tempérament militant ni sa proximité avec les troupes usfpéistes. Il met à profit son passage au gouvernement d’Abbas Al Fassi pour acquérir une expérience et une dimension de gestionnaire de la chose publique. «Avec la nature du portefeuille qu’il occupait, les relations avec le Parlement, Driss Lachgar a pu en plus nouer des relations avec toute la mosaïque politique du pays. Il était obligé de dépasser les clivages partisans», commente un député du parti de la Rose.
«Faire de l’USFP un parti populaire et combatif»
Dans la sphère privée, cet Usfpéiste qui vient d’accéder à la magistrature suprême de sa famille politique est, affirment ses proches, amateur de bonne chère autant que de bons mots. L’homme politique sait aussi se laisser vivre tout en se faisant fort de transmettre le virus de la politique à ses enfants.
L’élection de Driss Lachgar à la tête de l’USFP témoigne du passage de témoin à une nouvelle génération au sein du parti des très symboliques Mehdi Benbarka, Omar Benjelloun, Abderrahim Bouabid et Abderrahamane Youssoufi. Dans ses habits neufs de Premier secrétaire, il assume l’héritage de ces icônes de gauche tout en se projetant dans l’avenir. « Je veux faire de l’USFP, soutient-il, un parti populaire, un vrai parti de masse, dynamique et combattif. L’opposition que mène notre famille politique ne devra plus être visible et audible seulement au Parlement mais devra être ancrée au sein même de la société ».
Le nouveau Premier secrétaire est, dit-on, un homme de défis. Et, immédiatement après son élection, il s’en est déjà fixé. Réconcilier les Usfpéistes avec eux-mêmes, relancer la machine partisane dans le cadre d’une gestion collégiale et surtout reconquérir la confiance des citoyens. Des défis et un premier test auquel il sera confronté dans les prochains mois avec l’organisation des élections communales.