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Après avoir remporté la Caméra d’or, l’an dernier au
Festival de Cannes, la réalisatrice franco-marocaine sera en course pour le Tanit d'or, ravi lors de
la dernière édition par le Marocain Mohamed
Mouftakir pour son film «L'Orchestre des aveugles».
Porté par une intrigue haletante et un jeu d'actrices à l'énergie folle, "Divines" est un coup de poing venu des quartiers populaires, un film qui prend aux tripes. C’est à sa réalisatrice franco-marocaine Houda Benyamina qu’on doit le discours le plus féministe et guerrier du dernier Festival de Cannes lorsqu’elle recevait la Caméra d’or. Le film sera en compétition officielle des Journées cinématographiques de Carthage qui auront lieu du 28 octobre au 5 novembre 2016, aux côtés de quatre autres films marocains. Il s’agit de "Affame ton chien" de Hicham Lasri, récompensé par les critiques au Festival du film africain à Louxor (Egypte) et qui sera, lui aussi, en lice pour le Tanit d'or. "A mile in my shoes" de Said Khallouf, qui figure dans les présélections des Oscars 2017, devra concourir dans la catégorie "Première œuvre". Meryem Touzani avec "Aya va à la mer" et Mohamed Azzam "Bêlement" défendront, quant à eux, les chances du 7ème art marocain dans la catégorie des courts-métrages.
Dans «Divines», l'actrice principale Oulaya Amamra, 20 ans, incarne Dounia, une jeune fille qui vit dans un camp de roms en marge d'une cité de la banlieue parisienne, et a décidé que, dans sa vie, tout serait possible. Quitte à faire parler les poings. Elle forme un duo souvent hilarant, ados liées à la vie à la mort, avec Deborah Lukumuena, sa meilleure amie, la fille de l'imam du quartier. La drogue, la pauvreté et la relégation sont omniprésentes dans ce film. Mais ici, nul misérabilisme ou discours social pesant. Le spectateur est happé par une histoire foisonnante, suivant les pas de Dounia qui quitte le lycée et s'émancipe de sa famille.
La mise en scène soignée fait appel à tous les registres du cinéma, offrant aussi de belles séquences chorégraphiées, lorsque Dounia tombe amoureuse d'un jeune danseur de son quartier. La question du rapport à la religion est abordée, tandis que le féminisme est une évidence : le caïd de la cité est une fille qui revendique tout naturellement les pouvoirs de l’homme. "Je suis une cinéaste engagée; faire des films est le moyen de transformer ma colère en point de vue", expliquait à l'AFP la réalisatrice à Cannes. Pour elle, son "besoin de créer vient toujours d'un sentiment d'injustice". "A l'origine du film, il y a eu les émeutes de 2005, que j'ai vécues de l'intérieur. J'ai raisonné mes proches, mais j'avais moi aussi envie de sortir et de tout défoncer", dit-elle. "Je ne dirais pas pour autant que «Divines» est un film de révolte. C'est un constat", poursuit la réalisatrice, qui souligne avoir voulu "donner chair à cette jeunesse trop souvent stéréotypée et méconnue, dans toute son humanité".
Rappelons enfin que cette cinquantième édition des JCC rendra hommage à de prestigieux noms du grand écran, notamment le défunt Youssef Chahine, le Sénégalais Djibril Diop Mambety, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo et l'Iranien Abbas Kiarostami.