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Le critique Mustapha Lalouani ne mâche pas ses mots, à ce propos. «Interdire ne signifie plus empêcher de voir, c’est (fort heureusement) impossible, et ça, les pays les plus avancés l’ont compris, s’interdisant désormais d’interdire, évitant ainsi de se couvrir de ridicule. Les autres pays sont restés prisonniers des schémas anciens, dans lesquels le public est un «enfant» qu’il faut protéger et éduquer», écrit-il sur sa page Facebook.
Il ajoute même que «chez ces gens-là [NDLR, censeurs], l’acte d’interdire est une posture morale, voire une imposture morale. C’est une façade. On interdit pour que personne n’aille croire que l’on est d’accord. On interdit pour maintenir l’ordre moral, et l’ordre tout court. On interdit pour prolonger le règne (le rêve?) de la pensée unique, source de paresse intellectuelle mais de quiétude collective. On interdit parce que d’autres comme nous ont interdit».
Bien que le courrier du Centre cinématographique marocain soit clair, il est loin de convaincre par des raisons qui ne font que justifier une décision plus idéologique et politique qu’artistique. Selon le courrier du CCM, le film Exodus personnifie Dieu à travers un enfant dans une scène où il communique la révélation à Moïse, un motif d’interdiction qui ne convainc pas tout le monde.
Mohamed Choubi, pour sa part, a publié sur le maquis bleu un «manifeste» en faveur de la liberté d’expression. «Alors que vous n’avez rien pu apporter aux pauvres gens en matière économique et sociale, voilà que vous vous permettez d’interdire la projection du film de Ridley Scott, avez-vous bien pensé aux conséquences?», s’interroge-t-il. Ce n’est point une insinuation, puisque Choubi reste l’un des comédiens les plus éclairés de la scène cinématographique nationale. Pour lui, «les censeurs ne réalisent certainement pas l’apport financier des films réalisés par Scott et leur impact sur les petites gens d’une ville comme Ouarzazate».
Quant au réalisateur et critique Abdelilah Jawhari, il n’admet absolument pas l’attitude du CCM. «Je ne peux que dénoncer et condamner cette censure et tirer la sonnette d’alarme, car la liberté de création et d’expression est menacée dans mon pays… Une menace qui aura son impact certain sur notre cinéma et sa réputation», souligne-t-il.
Ce qui est étrange, selon Jawhari, c’est que les salles et structures culturelles et cinématographiques au Maroc avaient déjà reçu les autorisations relatives à la projection d’Exodus. Qu’est-ce qui a changé par la suite ? Pourquoi Sarim Fassi Fihri a-t-il changé de position?