Et si le 17 décembre est décrété journée nationale de la révolution tunisienne ? Rien n’est encore sûr. En tout cas, la demande officielle en a été faite à la veille de la commémoration du 2ème anniversaire de cet événement historique. L’initiative provient de l’Association 17 décembre de Sidi Bouzid et comporte également l’adoption et l’introduction de cette date dans les manuels scolaires. C’est le moins que l’on puisse faire pour honorer l’âme de Mohammed Bouazizi, ce marchand de fruits qui, excédé par les brimades policières et la pauvreté, s’est immolé par le feu. Par ce geste courageux, il a inscrit son nom, en lettres d’or sur la liste des martyrs qui ont marqué l’Histoire. Cet acte de désespoir, principal déclencheur de la révolution du peuple tunisien, était révélateur du mal-être d’une jeunesse longtemps laissée pour compte, formant la frange sociale la plus éprouvée par le chômage. Un ras-le-bol général qui a poussé, par la suite, des centaines de personnes à investir les rues, lançant un mouvement général d’émancipation des peuples arabes face aux dictateurs. C’est la naissance de ce qu’on appelle communément le « Printemps arabe ». Du Maroc à l’Iran, en passant par le Maghreb et le Moyen-Orient, ces pays ont été touchés par une vague de contestation sans précédent dans le monde musulman. Si certains dirigeants sont tombés, ce n’est pas le cas partout. Certains pays ont assoupli leur Constitution, tandis que d’autres ont fait le choix d’une répression dans le sang. Ainsi en quelques mois, le monde arabe a connu plus de bouleversements qu’en des décennies. Les Tunisiens et les Egyptiens ont été les premiers à chasser leurs despotes Ben Ali et Moubarak et viennent d’organiser les premières élections libres de leur histoire. Les Libyens découvrent la liberté depuis la chute dans le sang du régime Kadhafi, et ce, après plusieurs mois de combats. Les Yéménites ont, pour leur part, tourné la page du régime autocratique d’Ali Abdallah Saleh alors qu’en Syrie, l’insurrection contre le régime de Bachar Al-Assad ne faiblit pas et reçoit le soutien de la Ligue arabe et de la Communauté internationale.
Ces soulèvements ont mis fin à une longue période de despotisme et d’immobilisme. Une leçon de courage et d’exemplarité de populations ayant payé un lourd tribut.
Par ailleurs, ces révolutions arabes sont venues battre en brèche le cynisme de l’Occident dont les dirigeants désarçonnés par le réveil des peuples de la région ont plaidé l’aveuglement.. Ceux qui, jusque-là, soutenaient que les peuples arabes avaient le choix entre des régimes dictatoriaux et le déluge islamiste, sont forcés d’admettre qu’il existe une troisième voie, celle d’une jeunesse qui aspire à la liberté et qui a dû descendre se faire tirer dessus dans la rue pour être entendue. Un appel à la démocratie, en somme.
Croisons les doigts, pour la suite, puisque certains politologues estiment que ce sont des révolutions inachevées et par là les risques d’une récupération par l’armée ou un contrôle par l’étranger sont fort présents.