-
Tant de vœux à formuler en cette Journée de la Terre
-
La RSB atomise le CS Constantin Les Oranges défrichent leur chemin vers la finale de la Coupe de la CAF Fuites de données, scandales financiers et expulsions forcées : Transparency Maroc tire la sonnette d’alarme
-
Décès du pape François Un réformiste à l'écoute des laissés-pour-compte
-
Abderrahim Chahid : Le gouvernement pénalise le rôle institutionnel et constitutionnel de l’opposition

Et le dernier bâton vient d’être justement fourni par Mohamed El Ouafa, le ministre istiqlalien de l’Education nationale. Sa décision d’interdire aux enseignants du secteur public de donner des cours dans les écoles privées a été mise entre parenthèses, après avoir été annoncée en fanfare. Prise à la veille de la rentrée scolaire, la circulaire ministérielle a été applaudie par les syndicats. Elle a aussi et surtout pris de court les établissements scolaires privés qui ont vite fait de menacer d’une année blanche. Ce qui a conduit M. El Ouafa à faire usage d’une rhétorique, un modèle d’anthologie, en n’assurant qu’il ne s’est pas rétracté, que sa décision n’est pas annulée mais qu’elle n’est pas à effet immédiat. «A l’évidence, le ministre de l’Education nationale s’est empressé de prendre et d’annoncer à l’opinion publique une décision dont les conditions d’application n’ont été ni étudiées ni préparées. C’est là tout le problème de ce gouvernement. Des annonces sont faites. Des décisions sont prises, sans que les conditions de leur application ne soient au préalable étudiées. Et voilà comment une bonne décision se transforme en pétard mouillé. Car la décision d’interdire aux professeurs du public d’enseigner dans le privé est bonne en soi. L’annoncer 24 heures avant la rentrée scolaire et sans laisser le temps au secteur privé de trouver des solutions alternatives, c’est tout simplement condamner la circulaire de M. El Ouafa à la corbeille à papier», explique ce député du Rassemblement national des indépendants.
A la Primature, on dit comprendre et soutenir la décision de ce responsable gouvernemental «qui ne se rétracte pas». «Il faut juste lui laisser le temps de la mettre en place», dit une source proche du chef du gouvernement. Laisser le temps au temps. Une devise qui ne semble pas interpeller les ministres de ce gouvernement conservateur…Et dans les QG de l’opposition, on est prompts à l’affirmer. Le ministre de l’Education nationale a péché par excès de précipitation. Dans la chronique des cafouillages, il est loin d’être un cas isolé.
Des annonces intempestives en attendant les vraies réformes
Avant lui, Lahcen Daoudi, le ministre islamiste de l’Enseignement supérieur, a eu aussi son heure de gloire en annonçant à la télévision, au JT d’Al Oula, la fin de la gratuité de l’enseignement supérieur notamment à la Faculté de médecine et autres écoles supérieures comme celles des ingénieurs. Le tollé a été immédiat et la levée de boucliers ne s’est pas fait attendre, sur fond de manifestations de lycéens et d’étudiants. «Encore une fois, c’est un ministre qui a annoncé quelque chose de fort –seuls les étudiants issus de milieux aisés paieront- mais sans avoir pris le soin de procéder à un diagnostic précis de la situation. Quel est le pourcentage exact des étudiants qui ont les moyens de payer ? De quel ordre sera ce nouvel apport financier ? Que permettra-t-il exactement ? Est-il seulement conséquent ? Au lieu d’apporter de telles indications chiffrées et précises, M. Daoudi s’est contenté de faire du discours sur le mode des riches qui paient pour les pauvres. Résultat, on a vite fait de répliquer au ministre de l’Enseignement supérieur que ce sont les étudiants appartenant à des couches sociales modestes qui représentent le plus gros des effectifs des Facultés de ce pays», rappelle Zoubida Bouayad, présidente du Groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des conseillers.
De bonnes idées qui s’en vont très vite en fumée nourrissent la chronique gouvernementale. Il faut ici savoir rendre justice à Abdelaziz Rabbah, le ministre de l’Equipement et des Transports, qui a été le tout premier à ouvrir le bal des cafouillages. Ce PJdiste en vue qui a succédé à Karim Ghellab avait fait la «une» des journaux qui avaient alors salué son courage politique en publiant la (très longue) liste des bénéficiaires d’agréments de transports. Des noms avaient été jetés en pâture au nom de la lutte contre l’économie de rente. Sans autre forme de procès. «Six mois plus tard, la réforme pour mettre fin au fléau de l’économie de rente se fait toujours attendre. On s’est contentés de faire du sensationnel et du voyeurisme en publiant des listes sans aller au fond du problème. C'est-à-dire procéder à de vraies réformes qui réglementeraient ces secteurs et mettre fin au système de rentes et de privilèges», analyse un conseiller du PPS, un parti appartenant à la majorité gouvernementale.
Autre cafouillage, autre reculade. L’épisode des cahiers des charges des médias publics est encore dans toutes les mémoires pour être placé dans la case de «ce qu’il ne faut pas faire quand on est aux affaires». On s’en souvient, dès les premières semaines qui ont suivi sa nomination, le ministre de la Communication, Mostafa Khalfi, avait procédé à la rédaction de nouveaux cahiers des charges des télévisions et radios publiques, lesquels étaient arrivés à terme. Des cahiers des charges, véritables grilles des programmes, préparés par les services du ministère de la Communication et les conseillers du ministre islamiste sans concertation avec le secteur concerné. La suite de ce mauvais feuilleton est révélatrice. C’est un autre ministre, celui de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui a eu la charge de rectifier les erreurs des cahiers des charges de Mostafa Khalfi avant de les faire adopter en Conseil de gouvernement et les soumettre aux Sages de l’autorité régulatrice de l’audiovisuel qui n’ont pas encore donné leur imprimatur.