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De quel «département de souveraineté» est-il question? Qui est ce haut fonctionnaire? De quoi s’est-il précisément rendu coupable? Des questions qui meubleront la journée ayant suivi la manifestation de Rabat où des milliers de Marocains ont affronté la violence policière et les coups de gourdin des forces de l’ordre pour exprimer leur colère devant la grâce du pédophile espagnol, d’origine irakienne selon certains sites d’informations.
Samedi, dans la soirée, le Roi brise le silence et marque un tournant dans la communication avec l’opinion publique. Deux messages essentiels sont délivrés aux Marocains. Un, le monarque « n'a jamais été informé, de quelque Manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels Daniel Galvan a été condamné » et que s’il en avait eu connaissance, il n’aurait jamais autorisé sa libération. Deux, le chef de l’Etat a ordonné l’ouverture d’une «enquête approfondie en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération et d'identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires. Les instructions seront également données au ministre de la Justice afin de proposer des mesures de nature à verrouiller les conditions d'octroi de la grâce à ses différentes étapes».
En 14 ans de règne, un tel communiqué du cabinet Royal est une première. La charge émotionnelle de cette douloureuse affaire a pesé de tout son poids. Et le risque de dérapages sécuritaires a fait le reste. « Il faut aussi y lire la réactivité d’un Roi dans un pays qui change, qui a une opinion publique et un peuple en colère. Pour la première fois, le Souverain dit «je ne savais pas ». Ce qui signifie en creux qu’il a été induit en erreur et qu’une faute a été commise. Ensuite, il annonce que plus jamais les grâces ne seront les mêmes. Des mesures seront prises pour les verrouiller », commente ce politologue.
Depuis vendredi, le Maroc vit sous pression. A l’appel de réseaux sociaux, des manifestations sont organisées –et réprimées- dans les principales villes du pays. La rue gronde. A Rabat, des scènes de violence inouïes ont lieu au centre-ville. Les médias étrangers et autres journaux internationaux en ont fait leur titre principal. De la France au Japon, des Etats-Unis à la Grande-Bretagne, l’information passe en boucle. Le scandale est international. L’indignation dépasse les frontières marocaines. Il n’est plus question que d’un violeur d’enfants gracié et de Marocains violemment réprimés parce qu’ils se sont indignés.
En 24 heures, les informations les plus contradictoires circulent dans le Maroc officiel. Le ministère de la Justice dont dépend la direction des affaires pénales et des grâces –à l’évidence, les dossiers des 48 détenus espagnols bénéficiaires de la grâce n’ont pas été soumis à la commission des grâces- commence par rejeter toute responsabilité dans l’affaire. Le ministre de la Justice fait savoir dans un communiqué, ignoré superbement par l’agence de presse officielle, la MAP, que la grâce est une prérogative Royale qu’il n’est pas habilité à commenter. Une grâce accordée, poursuit le ministre islamiste, en raison des intérêts nationaux d’amitié entre l’Espagne et le Maroc. « Cet individu est interdit de territoire marocain », fait savoir l’avocat devenu ministre. La précision est ressentie comme une provocation de plus et ne fait qu’enflammer réseaux sociaux, jeunes activistes, défenseurs de droits humains et simples citoyens qui demandent l’annulation de cette libération. «Que valent nos enfants », «Honte à notre pays!», «Où est la justice?», «Vive le peuple». Sur l’avenue Mohammed V, en face du Parlement, les slogans scandés sont à la mesure de la colère des citoyens, l’indignation chevillée au corps, stoïques devant les coups de matraques, sourds aux insultes policières.
Le communiqué du cabinet Royal fera-t-il tomber la pression? Suffira-t-il à panser les plaies? Contribuera-t-il à réparer l’injustice commise? Les résultats de l’enquête diligentée seront-ils connus? la reddition des comptes aura-t-elle lieu?
Le «Danielgate» a révélé les défaillances d’un système –conditions d’octroi d’une grâce, prérogatives d’une commission, chef de l’Etat pas informé…- mais aussi le silence d’une classe politique et d’une élite qui ont préféré se mettre aux abris. Deux ou trois partis dont le PAM et le PPS se sont contentés d’en appeler à l’ouverture d’une enquête sur les conditions d’octroi de la grâce à Daniel Galvan.
En Espagne, le PSOE, lui, est monté au créneau en interpellant ce lundi au Parlement le ministre des Affaires étrangères pour lui demander «quel département de l'Exécutif espagnol "a suggéré" d'inscrire le nom de Daniel Galvan sur la liste des demandes de grâce au Maroc». En somme, une démocratie qui fonctionne.