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Si sa stridente et puissante sonorité vibre mieux en harmonie avec le chant de Tamawayt, Cherifa apporte constamment la preuve qu’elle n’a rien à envier dans les autres genres de la chanson amazighe. En attestent les guichets complets qu’elle ne cesse d’enregistrer dans tous les concerts. Particulièrement en Europe où il n’est pas possible de faire jouer Cherifa la première, autrement le public désertera les lieux dès sa sortie de la scène! De grands maîtres de la chanson marocaine sont obligés de lui céder la place et de suivre par la suite ce public, calme et serein, ou en transe. Que s’est-il passé? Eh bien, c’est l’effet Tamawayt, mais c’est surtout la voix sensuelle et rugueuse de Cherifa. «J’ai découvert vite ma voix en chantant dans les collines de Tazrout M’oukhbou (douar natal situé à 6 km de Khénifra), je me sentais assez libre ; à chaque fois ces monts avoisinants faisaient l’écho de ma voix», se rappelait Cherifa lors d’un entretien avec Libé.
Tout était si normal, si ce n’était un mariage forcé, à l’âge de …14 ans. Elle déserte le foyer familial en direction de Khénifra, et trouve refuge chez sa sœur ainée. Et c’est là que les maîtres de la chanson amazighe feront une réelle découverte d’une voix mariant à la fois affection et douceur à la puissance sonore. Ses premiers pas artistiques se feront lors des fêtes de mariage et familiales. Pendant près de vingt ans, elle a chanté en tant que choriste de Mohamed Rouicha, Mohamed Maghni et d’autres chanteurs dont regorgent les hauteurs de l’Atlas, jusqu’à ce qu’elle décide de passer au-devant de la scène et d’assumer sa responsabilité d’artiste. « La décision n’a pas été du goût de beaucoup de gens, qui ne voyaient peut-être pas une femme, chef de groupe amazigh, mais tous les connaisseurs ont apprécié l’initiative, je ne regrette rien; voler de ses propres ailes est semblable à un oiseau qui gagne en maturité et qui jouit de sa liberté », dit-elle.
Sans cette décision, Cherifa qui a gardé une modestie rare dans le domaine artistique, n’aura jamais connu son succès auprès d’un grand public et partout dans le monde. D’abord des prix comme celui décerné en 2008 par l’Institut Royal pour la culture amazighe (IRCAM), ensuite une reconnaissance à l’échelle internationale. En effet, elle qui a débuté sa carrière en 1980, n’a pu enregistrer ses propres chansons compilées dans «Berbère blues» qu’en 2002, après une tournée en France. « Ma véritable consolation est que là où je chante je suis ovationnée par un public de différentes nationalités, en France, en Espagne, en Italie, en Suisse, en Turquie, en Grande-Bretagne comme en Suède, au Canada ou au Danemark», renchérit-elle sur un ton fier, mais toujours modeste. Elle se rappelle également une scène significative qui a eu lieu en Espagne, lorsque la chanteuse et actrice américaine Cherilyn Sarkisian, connue mondialement sous le nom de Cher, n’a pas voulu la quitter, tellement elle l’a enchantée grâce à sa Tamawayt. Et l’apogée de cette reconnaissance à l’échelle nationale, même tardive, est l’invitation de Cherifa en 2009 à se reproduire dans le Festival des musiques sacrées de Fès. Le public a enfin été ravi de voir une Marocaine chanter ses origines et une composante essentielle de son identité plurielle. A chaque fois qu’on l’écoute, on se sent plus proche du Maroc profond», tient à souligner Nacer Nasseri qui travaille dans le monde de l’événementiel en Espagne et qui se rappelle encore le jour où Cherifa a honoré tous les Marocains devant des milliers de gens en chantant en duo avec le chanteur gitan Lino José. Une prouesse.